Les jeunes chômeurs et le ministre

Thierry Repentin, le ministre de la formation professionnelle et de l'apprentissage a signé vendredi matin à Vesoul une vingtaine de contrats d'avenir sur les 360 alloués à la Haute-Saône. Il a ensuite visité le CFA tout neuf des métiers de bouche...

Cédric Tailhardat , Thierry Repentin.
En passant par les ateliers du traiteur et du boulanger...
Lire l'encadré

Cédric Tailhardat est content. A 22 ans et quelques années de galère professionnelle, il vient de signer un contrat d'avenir avec le ministre lui-même ! Trois ans au smic et à 35 heures, un boulot subventionné à 75% par l'Etat. En fait, il va être embauché au SDIS, le service départemental d'incendie et de secours de Haute-Saône. Sa formation en apprentissage de menuisier pour fenêtre aluminium, entre un lycée à Lons-le-Saunier et un patron à Vaivre-et-Montoille, n'avait pas débouché sur le diplôme espéré, mais il avait prolongé de deux mois : « Puis ça s'est arrêté, il n'y avait plus de travail... Je me suis inscrit au chômage, puis j'ai eu un contrat de professionnalisation chez Peugeot de onze mois. J'ai effectué six mois de plus, et il y a eu la baisse régime et je me suis retrouvé à nouveau au chômage, j'en ai profité pour passer le CAP de menuisier. Peu de temps après, il y a eu les emplois d'avenir, je me suis proposé. Pôle emploi m'a proposé des offres, j'ai pris celle du SDIS, au service bâtiment, je ferai l'entretien... » Pierre Girard, son tuteur est là : « il y a 29 bâtiments, 28.000 m2... On va l'accompagner, lui proposer une formation... » Ça vaut mieux « si d'aventure le contrat n'était pas pérennisé », dira plus tard Thierry Repentin, le ministre de la formation professionnelle et de l'apprentissage. 

La droite se plaint d'être mise à l'écart
Dans un communiqué ironiquement intitulé « Petite visite entre amis », Stéphane Kroemer, président du groupe UMP-DVD du conseil régional, se plaint que les élus de droite aient été « soigneusement mis à l'écart des visites, tout juste bons à regarder passer le train de la suffisance socialiste ».

Ce dernier entend montrer qu'il n'y a pas que la droite à aimer l'apprentissage. La gauche peut aussi s'y mettre. C'est le sens de sa visite et de ses propos, ce vendredi matin à Vesoul. En affichant l'objectif de passer de 435.000 à 500.000 apprentis en 2017, il annonce la couleur : « la moitié des artisans sont issus de l'apprentissage qui est un ascenseur social, une voie d'excellence ». A Alain Chrétien (UMP), le député-maire de la ville qui disait un instant auparavant « avoir en tête le modèle allemand, trois fois plus d'apprentis qu'en France, sans en faire pour autant l'éloge », Thierry Repentin répond en évoquant Marcel Rigout, « l'apprenti devenu ministre de la formation professionnelle, créateur du contrat de qualification », sans préciser que son prédécesseur était communiste... 

La taxe d'apprentissage qui va parfois
à des écoles de commerce prestigieuses sans apprentis 

Il assure une nouvelle fois que le contrat de génération pourra servir à recruter en CDI un apprenti après son contrat d'apprentissage. Être ministre, c'est souvent se répéter devant des interlocuteurs différents. Ainsi, à Bernard Dohm, le président de la Chambre de métiers, qui estime « urgente » une répartition de la taxe d'apprentissage « plus équitable et plus juste », Thierry Repentin, il redit ce qu'il a déjà indiqué : « sur les 2,8 milliards de cette taxe, 60% vont à l'apprentissage, 40% à d'autres établissements prestigieux, notamment des écoles de commerce où il n'y a pas d'apprentis... » Cette taxe de 0,5% sur la masse salariale a une partie que les entreprises peuvent affecter à l'établissement d'enseignement de leur choix, le ministre penche pour une modification du curseur...
Il veut aussi positiver, faire comme ce ministre genevois qu'il a entendu expliquer que « l'apprentissage rapporte 475 millions de francs suisses ». Ça lui donne des idées : « Cette évaluation n'a jamais été faite en France. On a trop tendance à parler de l'apprentissage en termes de coûts avec les exonérations, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement... » Il parle aussi des dispositifs phares du gouvernement en matière d'emplois aidés. Il a signé une vingtaine de contrats d'avenir, dont celui de Cédric, avec autant de jeunes embauchés par le Conseil général que préside Yves Krattinger qu'il a côtoyé au Sénat où il a été élu de la Savoie en 2004.

« J'aurais eu honte »

Il se tourne vers le préfet : « faites que les 360 contrats dont vous avez la signature soient faits en Haute-Saône ! » Une bien belle opération de communication politique ! Commencée au garage de l'unité technique spécialisée du département (ex DDE), elle se poursuit par une visite gourmande au CFA des métiers de bouche où il dévoile une plaque inaugurale alors que l'établissement est ouvert depuis la rentrée. C'est peu dire qu'on l'aura attendu longtemps ! « Vous seriez venu en 2010, j'aurais eu honte de vous le faire visiter », dit Sylvie Laroche, vice-présidente du conseil régional en charge de la formation.
En matière de formation, justement, Thierry Repentin dessine les grands axes de la réforme territoriale à venir. Il entend « associer les milieux professionnels au service public de l'orientation qui sera piloté par les conseils régionaux qui auront la charge de faire travailler ensemble tous les intervenants. Les régions auront la responsabilité de la carte des formations initiales, diront celles qui doivent fermer car sans débouchés, proposeront l'ouverture de filières dans les lycées professionnels et techniques et l'Éducation nationale devra mettre les moyens : c'est une inversion de logique... J'ai espoir que ça se mette en place d'ici la fin de l'année. Cela se discute aussi au comité consultatif régional de la formation professionnelle, avec les chambres de métiers... »  
Sylvie Laroche avait rappelé l'aide à l'hébergement, à la restauration et aux déplacements des apprentis, Thierry Repetin répond  « 500 millions du Grand emprunt pour les CFA : 56 projets actés depuis douze mois, soit 12.000 places pédagogiques et 4000 d'hébergement ». Une politique commencée il y a douze mois, c'est une politique qui se poursuit avec l'alternance, non ? 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !