Les communistes entre craintes de division et espoir de renouveau

Elu depuis 20 ans, Michel Giniès se représente sans le soutien du PCF qu'il a quitté. Un PCF qui doit encore valider son engagement dans l'Appel pour une majorité citoyenne où sa secrétaire fédérale Nelly Faton est personnellement impliquée...

« La participation citoyenne pour créer une dynamique pour une alternative dans le Jura nous intéresse. On l'avait initiée avec le Front de gauche, on veut l'élargir. Comme citoyens, nous y sommes, mais les partis n'y sont pas encore », explique Nelly Faton, la secrétaire départementale du PCF, quand même un peu « étonnée » de voir que le site de l'Appel pour une majorité citoyenne est allé un peu vite en annonçant que les partis soutenaient. Le PCF, pour sa part, n'a pas encore délibéré sur le sujet, même si Nelly Faton « souhaite » que son parti soutienne... Autre différence, menue mais à signaler, « le PG voudrait que les partis soutiennent, nous, on est pour qu'ils soient dans la démarche... »

Le PCF n'est-il pas traversé par des positions différentes ? Par exemple quand on voit que Michel Giniès, conseiller général sortant de Tavaux, élu depuis 1994, au premier tour avec 57% en 2008, se représente sous l'étiquette majorité départementale : « j'ai quelques différences avec mon parti... Je ne vois pas comment je pourrais me désolidariser de la majorité départementale ». 

Michel Giniès n'est plus au PCF qui ne lui « fera pas d'ombre »

Son parti ? Cela fait tiquer Nelly Faton : « Michel Giniès n'est plus au PCF depuis un an, je déplore qu'il s'en revendique. Qu'il aille avec un binôme PS, c'est son choix, on ne soutiendra pas cette candidature... Mais nous ne lui ferons pas d'ombre, on ne présente personne contre lui, on sait ce qu'il a fait... »

Pour sa part, Michel Giniès voir l'Appel pour une majorité citoyenne comme « une initiative de division.. Je n'approuve pas la politique de Hollande, mais le président Perny non plus. Du travail a été fait et le Jura a besoin de conserver le département à gauche : le seul moyen, c'est de de ne pas partir divisés ».

L'aéroport ou le projet de Center Parcs ne sont-ils pas des motifs de division entre majorité sortante et l'autre gauche qui se reconnaît dans l'Appel ? Michel Giniès soutient le premier depuis 20 ans, il est son canton : « ce serait ringard et réac de le mettre en cause, on a un outil, on s'en sert ! » La politique peu sociale de Ryanair, sa soif de subventions ? « Si on s'en tient à ça, il faut arrêter de se lever, sur l'argent public, on peut toujours redire... » Il estime pour sa part que le conseil général sortant n'a pas à rougir de sa politique sociale ou économique, la culture ou l'éducation.

« Tous ces gens qui disent : il faut qu'on s'en mêle ! »

C'est en tout cas la stratégie du Front de gauche qui éloigne Michel Giniès du PCF jurassien. Nelly Faton ne dit pas le contraire, et ajoute même « comprendre la défiance des citoyens vis à vis de la politique : les gens ont été trompés. Il y a eu un réel espoir en 2012 dans les partis, pour le Front de gauche, le PS... Le gens ont voté Hollande et tout s'est écroulé, la jeunesse est désorientée, on est dans un monde cruel... » Se lancerait-elle dans un ticket avec Claude Buchot ? « Bien sûr ! », s'enthousiame-t-elle.

Voit-elle plus loin que les élections départementales ? « Bien sûr ! On détruit vite, c'est long à reconstruire. Mais j'ai espoir quand je vois le peuple soulevé face au terrorisme... » Dans le nord du département, Laurence Bernier fait aussi le constat de la défiance : « Vote-t-on pour le moins pire ? Celui qui a le plus de chances de gagner ? On ne peut pas continuer comme ça, ce débat traverse toute la société... Une communauté de communes ferme une crèche, on créé un syndicat intercommunal pour la rouvrir ! On ne fait un choix entre être radicaux seulement d'accord ensemble ou faire un bout de chemin avec le PS, c'est dépassé ! On est au bout de quelque chose dans ce pays ». Elle aussi espère dans les « immenses manifs, ces gens qui disent : oui, il faut qu'on s'en mêle ».

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