A gauche du PS, on exècre le FN et on souhaite évidemment la défaite de Sophie Montel (lire ici sur France 3). C'est aussi le cas des partis centristes, le MoDem et l'UDI. A droite, notamment l'UMP, c'est moins évident. Il y a les clairs et nets comme Alain Juppé, NKM ou... Sylvie Vermeillet. Et les autres, manifestement embarrassés, coincés entre leurs convictions et leurs électeurs, voire leurs calculs. Et pour quelques uns leurs désirs, inavouables et mortels, d'alliance avec l'extrême droite.
« Je suis très contente de ne pas habiter dans la quatrième circonscription du Doubs ! », explique la secrétaire départementale de l'UMP du Jura, la conseillère régionale Hélène Pélissard. Ccomme de nombreux élus de son parti, elle est mal à l'aise avec le second tour de la législative partielle d'Audincourt. Ferait-elle comme Charles Demouge qui avait expliqué au Journal du Dimanche qu'en cas de duel PS-FN qu'il voterait PS ? « Je n'ai pas envie de réfléchir à ça. Je pense que ma famille politique a perdu dimanche et mon objectif est qu'elle gagne. Il faut réfléchir pour qu'on arrive au deuxième tour... Je suis dans un combat de territoire », répond-elle en évoquant sa candidature aux élections départementales des 22 et 29 mars dans le nouveau canton de Saint-Amour qui réunit ceux de Beaufort et Saint-Julien dont elle est la conseillère générale sortante.
Que pense-t-elle de Sophie Montel, la candidate FN d'Audincourt, comme elle élue au Conseil régional ? « Elle est dans son discours, son rôle de perpétuelle opposante », dit Hélène Pélissard. L'embarras est également perceptible chez Patrick Genre, maire divers droite de Pontarlier et aussi conseiller régional : « Je ne partage pas les idées [de Sophie Montel] qui a été élue démocratiquement et je n'ai pas envie de m'immiscer dans le débat de la législative partielle ». Que voterait-il ? « Je vous le dirai après... »
Pour Denis Leroux, les élus FN sont « absents des débats sur la plupart des projets économiques »
Siégeant lui aussi dans l'opposition UMP-DVD du Conseil régional où il est arrivé en septembre 2013, Denis Leroux, maire de Grand Combe des Bois, a vite remarqué que les quatre élus FN sont « relativement peu présents, non seulement lors des assemblées, mais surtout aux commissions. Personne n'est capable chez eux de prendre position sur quelque dossier que ce soit. A chaque fois qu'ils interviennent, c'est pour attaquer l'Europe car la Région gère les fonds européens... Ils sont très souvent absents des débats sur la plupart des projets économiques de la région que nous soutenons la plupart du temps, parce que lorsqu'il faut soutenir l'économie franc-comtoise, il n'y a plus de parti... Ils ne sont pas en commission, et en assemblée plénière ils s'abstiennent ou votent contre en parlant toujours de l'UMPS. Or, nous avons des différences avec le PS. On sait dire quand la majorité travaille bien, comme Alain Fousseret sur les transports. Pour elle, c'est l'UMPS qui travaille dans son coin... Bref, mon avis est plus que réservé ».
C'est impossible de voter FN. En mars dernier, nous avons été battus aux municipales grâce au FN. J'ai un ressenti assez dur.
Vous avez envie de les sanctionner ?
Je n'oublie pas. Je vois au conseil municipal que le FN réserve ses tirs sur nous. Il ne faut pas leur faire de cadeau.
Voteriez-vous Frédéric Barbier ?
Je ne vais pas vous le dire. Ce n'est pas facile. Je comprends que les gens soient emmerdés, je ne donne aucune consigne. Notre président a donné la position officielle. Au centre, on est anti FN depuis 30 ans, et on est opposé à la politique du PS. En toute conscience, est-on dans le camp démocrate et républicain ou non? Je connais des gens qui sont dans l'abstention...
N'y a-t-il plus d'enjeu national ?
On est seulement dans le symbole. Un député FN de plus, ça ne se verra pas... J'ai noté le déplacement de voix socialistes vers le FN...
Pour qui voterait il ? « j'irai voter, pas pour le FN... Je suis assez pour le ni ni... Le FN est dans le jeu républicain quoi qu'on dise et malgré des valeurs qu'on ne partage absolument pas, qui n'apportent aucune réponse économique, sociale, humaine... »
Sylvie Vermeillet, qui présida un temps le groupe UMP-DVD, est plus tranchée tout en s'avouant « troublée » : « c'est surprenant, elle peut être drôle, sympa quand on discute, mais quand elle prend la parole, elle n'a aucun état d'âme. Je trouve ses propos... terrifiants. Je suis souvent déconcertée par sa capacité à tenir des propos xénophobes, à faire fi de tout ce que la république a pu construire. Je suis souvent stupéfaite de ses propos excessifs, infondés... »
Sylvie Vermeillet : « J'appelle à voter PS, je ne me pose pas la question une seconde ! »
Partage-t-elle ses constats ? « Elle n'a pas toujours tort quand elle décrit des dysfonctionnements, mais n'importe qui dans l'assemblée pourrait le dire... Les gens ne savent pas ce que sont les élus FN. Quand on est absent, on se fait retirer des indemnités car c'est la règle. Quand ça lui est arrivé, elle a hurlé, disant qu'on les stigmatisait. Mais quand on a raté des trucs, on se tait. Moi j'aurais honte... Et puis, il n'y a qu'elle qui parle, les trois autres sont muets... Ils ne travaillent pas leurs dossiers, ne sont là que pour signer la feuille de présence, ne prennent plus part aux votes des commissions... Et quand ils votent, sont quasiment contre tout. A quoi ressemblerait une région avec un vote FN ? Un budget de 50 millions suffirait : je voudrais bien voir comment ça marcherait avec Sophie Montel... »
Laurent Croizier (Président du MoDem du Doubs) : « le choix de Barbier est une évidence »
« Entre Le FN et le PS, le choix de M.Barbier est une évidence. En plus des idées extrémistes irresponsables de son parti, la candidate du FN cumule, depuis de nombreuses années, les candidatures aux élections. En abandonnant dernièrement son mandat de conseillère municipale de Montbéliard au profit d'un mandat européen qu'elle abandonnerait finalement pour un siège de députée..., la candidate FN prouve le peu de considération qu'elle a pour les citoyens du Doubs. La démonstration que le FN court après ses propres intérêts et ne respecte ni ses engagements, ni sa parole ! »
Font-ils des contre-propositions ? « Ça arrive, mais c'est de ces trucs ! La dernière fois, elle disait à propos des chômeurs que les forums emplois ne servaient à rien, que les gens travaillant dans les Greta ou à l'Afpa ne formaient que des chômeurs... Une fois, des ouvriers portugais refaisaient la cour de la Région, elle a parlé d'argent public pour les étrangers... »
Vous la sentez raciste ? « Oui, ouvertement... J'appelle à voter PS, je ne me pose pas la question une seconde ! Je pense que la droite votera PS, mais je me demande qui est responsable : les politiques, nous, les médias qui ont valorisé ce courant ? Quand j'ai quitté l'UMP il y a quatre ans, j'ai dit que je ne comprenais pas ce qui se passait. Les reportages sur Marine Le Pen l'ont rendue sympa. Avant, on n'osait pas dire qu'on votait FN... »
