L’écologie des solutions a-t-elle la cote ?

Les écolos jurassiens d'EELV iront-ils seuls aux élections départementales ? S'allieront-ils ? Avec les socialistes ? Avec les « citoyens » du nouveau tandem Gabriel Amard - Claude Buchot ? En attendant, ils ont tenté de mettre en valeur « l'écologie des solutions ».

Lionel Masson : « Je suis heureux d'avoir donné un sens à nos vies. Ce qui était une utopie il y a quelques années est aujourd'hui créatrice d'emplois ».

Il y a le journalisme des mauvaises nouvelles, et par contrecoup le journalisme de solution pour lesquels une association a même été créée, Reporters d'espoir... Mais il paraît que ce journalisme n'a pas la cote si l'on en croit l'AFP. De la même manière, il y a ce que Ségolène Royal a appelé « l'écologie punitive », et ce que les écologistes jurassiens appellent « l'écologie des solutions ».

Il est encore trop tôt pour dire si cette écologie là aura la cote, mais il est probable que cela lui permettra - lui permettrait - de rompre avec l'image d'annonciatrice de catastrophes. D'ailleurs, après avoir fait présenter par Michel Dubromel, de France Nature Environnement, un tour d'horizon des risques du réchauffement climatique, résumés par « la faim et la pauvreté » par la conseillère régionale Brigitte Monnet, le sens de la réunion publique de vendredi 28 novembre à Lons-le-Saunier, consistait plutôt à démontrer que tenter de les éviter n'est pas si triste... En filigrane, se préparent les élections au conseil départemental de mars prochain... Les écolos iront-ils seuls ? S'allieront-ils ? Avec les socialistes ? Avec les « citoyens » du nouveau tandem Gabriel Amard-Claude Buchot ?

L'avancée des vendanges en 30 ans...
« Il y a du plaisir à être lanceur d'alerte », se réjouit Michel Dubromel en rappelant le contexte global que nulle politique ne peut éviter de prendre en compte : « plus les rapports du GIEC sont inquiétants, moins on en parle », regrette-t-il. A ceux qui doutent, il souligne les effets directs observables localement en quelques décennies : « un mois d'enneigement en moins, soit 10 cm de moins, de 1960 à 2000... L'avancée des foins et des vendanges de 10 à 15 jours en 30 ans ».
Selon lui, l'objectif de rester sous une augmentation globale de la température de la planète de 2° d'ici 2100 est possible « si l'on diminue les émissions de gaz à effet de serre de 10% par décennie ». La loi POPE (programme fixant les orientations de la politique énergétique) prévoit de diviser par quatre les gaz à effet de serre entre 1990 et 2050. Et l'on peut agir puisque « 60% des actions relèvent du niveau local... On a déjà commencé, par exemple en adaptant les espèces forestières... ».

Pas de débat avec la salle

Donc, en attendant, sous la houlette d'Etienne Canale, puis avec la conseillère générale Marie-Odile Mainguet un peu à contre-emploi en Madame Loyal, on a fait parler ceux qui ont expérimenté leurs solutions. Ce faisant, EELV a tenté de proposer un aperçu d'une écologie qu'on pourrait dire « positive » en invitant quelques praticiens du bonheur vert à témoigner. Sans débat avec le public, pas loin de 200 personnes, immédiatement après, ec que certains ont regretté. Ce sera sans doute pour le coup suivant.

Les anciens ont beaucoup donné à la cause, tant répété, mais ils parlent encore. Ceux qui n'ont pas suivi toute la carrière de Claude Chevassus ont du mal à le suivre quand il narre ses multiples expériences, entre « la défense du lynx, l'action sociale et le spirituel ». Il est quand même à l'origine de l'ALCG qui oeuvre aux confins de l'insertion et du recyclage en circuit court.

« L'équivalent d'un tanker qui ne s'est pas échoué »

Jacques Lançon, conseiller municipal de Lons et expérimentateur d'une alliance à droite, a introduit le pain bio dans la ville et a initié un contrat avec les paysans du secteur faisant coup double et copié ailleurs : protéger les captages d'eau et fournir du bio aux cantines.

Jean-Pierre Bresson, propagateur de l'énergie solaire et entrepreneur, promoteur des chantiers participatifs et pourfendeur de la « catastrophe pour le photovoltaïque survenue sous Sarkozy », résume 34 ans de Jura Énergie Solaire d'une belle formule : « on a fait 2000 installations en Franche-Comté, c'est l'équivalent d'un tanker qui ne s'est pas échoué... »

François Drouhain cherchait une formation et n'est jamais reparti d'Abricop, une SCOP qui « construit et rénove des bâtiments en matériaux naturels : ouate de cellulose, fibre de bois, chanvre... » et défend le projet de « rénover sa maison en respectant son environnement et sa santé ». Abricop regarde l'avenir avec confiance, envisage de former ses propres collègues, et réfléchit à créer un centre de formation.

« On produit pour 250 familles entre Lons et Arbois »

Dans le sud Revermont, Brigitte Bertrand anime CABA, une association qui fait du consommateur un acteur de l'économie locale afin de « consommer bio local en payant correctement les producteurs », mais aussi en organisant des conférences et en posant une question stratégique : « j'admire les jeunes producteurs, mais ils ont de grandes difficultés d'accès à la terre ».

Ce qu'a souligné d'emblée Lionel Masson, maraîcher bio à Saint-Lamain. « On est sur trois hectares avec un associé. On produit pour l'équivalent de 250 familles entre Lons et Arbois... Il y a cinq ans, on était cinq ou six maraîchers dans le Jura. Aujourd'hui, on est près de trente... Je suis heureux d'avoir donné un sens à nos vies. Ce qui était une utopie il y a quelques années est aujourd'hui créatrice d'emplois. Il nous faut une rigueur de gestion, mais nous sommes dans la contradiction avec une logique fiscale. Pour vivre, il nous faut un résultat [économique] de 10%, mais 2% viennent des aides au maintien de l'agriculture biologique qui sont aujourd'hui menacées... Ce pourquoi on manifestera mercredi 3 décembre à Besançon... »

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