En votant la plupart des rapports présentés comme stratégiques par la majorité rose-vert du Conseil régional, la droite se met dans l'inconfort de la contradiction. Comment justifiera-t-elle son accord quasi global sur la politique régionale en matière de transports et de lycées, tout en reprochant à Marie-Guite Dufay d'être « à la remorque des décisions gouvernementales » pour 30 % des décisions ?
Cela signifie-t-il qu'il en reste 70 % pour lesquelles la région ferait preuve d'une autonomie à toute épreuve ? Évidemment non, tant en la matière, l'interdépendance est de mise. Quand Arnaud Montebourg annonce 5 milliards en 5 ans pour soutenir la filière ferroviaire française, les usines franc-comtoises ne peuvent y être indifférentes. Et que la région achète des trains, en râlant à mots couverts contre la SNCF qui fait l'intermédiaire peu transparent, n'est pas de si mauvaise politique industrielle et environnementale. On en est seulement à espérer davantage de prérogatives et de moyens pour les régions avec l'acte 3 de la décentralisation.
Après, que l'opposition républicaine regrette l'absence de « décisions innovantes, pragmatiques, efficaces et rapides », déplore qu'il n'y ait « aucune réponse aux problèmes de fond que rencontre le pays », parle des « écrans de fumée des réformes sociétales » du gouvernement, c'est surtout de la posture. Car au fond, ses représentants savent bien que les socialistes ne font pas une politique économique très différente de la leur. Cela fait d'ailleurs le miel du FN qui a troqué son rôle de repoussoir pour celui du paria donneur de leçons.
Reste que le résultat de l'Oise où le FN a obtenu 48,6% au second tour d'une législative partielle est à méditer autant qu'à relativiser, le FN n'ayant eu que 17,15% des inscrits en raison d'une abstention de 65% démontrant que les électeurs de gauche n'ont pas été très nombreux à choisir entre l'extrême droite et un UMP traînant des casseroles. C'est cependant en ce genre de circonstances qu'on réalise le danger. Si une portion minoritaire mais significative de l'électorat de gauche se met à voter FN, par exemple dans les bassins ouvriers du nord de la région, on pourrait ne pas être loin d'une sévère gueule de bois au lendemain de certaines municipales.
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