« Offensif et ambitieux » pour le président Claude Jeannerot (PS), le budget 2015 du département du Doubs se monte à 565,4 millions d'euros, en hausse minime de 0,2% par rapport à 2014. Une stabilité trompeuse puisque les investissements passent de 88 à 80 millions, alors que le fonctionnement augmente de 9,3 millions. Cela fait dire à Marc Pétrement, pour l'opposition départementale UMP-UDI-DVD, que le budget est « contraint et résigné, insipide et sans éclat ».
Les conseillers généraux ont commencé à l'examiner ce lundi 15 décembre et ont approuvé les six rapports relatifs aux solidarités et les huit concernant la mobilité, les infrastructures, l'économie, l'agriculture et le tourisme. L'opposition les a tous approuvés sauf celui sur les infrastructures sur lequel la plupart de ses membres se sont abstenus, Christine Bouquin le votant.
Vers une abstention globale de la droite
La session budgétaire se poursuit mardi et mercredi et l'on s'achemine vers une abstention globale de l'opposition. De quoi donner raison à Claude Jeannerot qui, lors de son discours d'ouverture, a indiqué non seulement être à la tête d'une « équipe unie, cohérente, rassemblée », mais aussi « présider une assemblée habitée par le sens des responsabilités et qui sait la plupart du temps dépasser les frontières strictement partisanes pour soutenir les projet d'intérêt général ».
Voilà qui annonce le ton de ce que pourrait être la campagne des socialistes : défendre un bilan et des actions, des qualités de bons gestionnaires que la droite a souvent approuvés. Cela sera sans doute un peu juste pour garder le département, car le contexte national semble prépondérant et la droite se fera un malin plaisir de mener une campagne nationale.
Cinq fonds de péréquation
Marc Pétrement n'a ainsi pas manqué de souligner, sans forcer le trait, l'échec du gouvernement sur le plan économique, pire son inconséquence : « à propos des recettes de fonctionnement, nous sommes perdus, nous n'y comprenons plus rien ! devant autant d'incertitude orchestrée par un gouvernement qui semble jouer les pompiers de service, en créant de nouveaux dispositifs d'affectation des ressources, qui modifient les règles d'attribution derrière un soit-disant pacte de confiance... Ce ne sont pas moins de cinq fonds de péréquation qui organisent la péréquation interdépartementale... Dans ce contexte je vous l'accorde, il est délicat pour une collectivité de dresser un budget censé préparer l'avenir... »
La réforme territoriale n'est pas dans le seul collimateur de l'opposition. Claude Jeannerot lui-même, parlant de « climat d'incertitude », a souligné à quel point elle aura conditionné la construction même du budget : « reste à vérifier quelles seront in fine les compétences des départements, sachant que la commission des lois au Sénat a maintenu le 11 décembre les routes départementales, les transports scolaires et les collèges. Le Sénat examinera le texte mi-janvier et l'Assemblée le 9 février ». Faut-il le rappeler, pour des élections qui auront lieu les 22 et 29 mars : c'est dire que les candidats ne savent pas aujourd'hui l'ensemble des thèmes sur lesquels faire campagne. On comprend dès lors qu'il est plus simple de taper sur le gouvernement !
Une impression de fin de cycle
Les socialistes ne s'en revendiqueront d'ailleurs pas ni ne mettront en avant les couleurs du PS : « on fera campagne comme majorité départementale », dit Claude Jeannerot qui refuse de s'avouer battu d'avance. A droite, on ne veut pas crier victoire non plus même si l'on sait être favori. Les uns et les autres s'attendent à l'entrée de « deux ou quatre » élus FN, à tout le moins des triangulaires qui pourraient rendre incertains nombre de seconds tours.
Ce qui perturbe aussi des sortants qui se représentent, c'est le nouveau découpage cantonal. Les uns étaient connus et reconnus sur un canton qui a disparu, a été collé à un autre, voire partagé entre deux ou trois nouveaux... Les repères sont donc chamboulés. On a cependant une impression de fin de cycle, les socialistes intériorisant une vraisemblable défaire, la droite refusant de triompher trop tôt.
Et comment faut-il interpréter Claude Jeannerot citant le président du Conseil économique social et environnemental national, Jean-Paul Delevoye : « les appareils politiques aujourd'hui et quelquefois les élus apparaissent plus soucieux de défendre des conquêtes de pouvoir ou des stratégies de conquêtes de pouvoir que des projets de société » ? Comme un témoignage de la mélancolie démocratique ?