« Je salue le retour d'une gestion apaisée ». En conclusion de la première session du Conseil départemental du Jura après l'élection à sa tête de Clément Pernot (UMP), Hélène Pélissard (UMP), la première vice-présidente, a traduit un sentiment partagé par beaucoup. Quelques instants auparavant, Danièle Brûlebois (PS), première vice-présidente sous le mandat précédent et désormais leader d'une opposition réduite à la portion congrue, avait remercié le nouveau patron de lui avoir confié une présidence de commission : « c'est une main tendue, un signe d'ouverture, vous renouez avec le temps d'Alain Brune », figure du socialisme jurassien des années Mitterrand.
Nouvel élu de Lons où il a sévèrement battu le président sortant, Cyril Bréro se tourne vers la table de presse : « il y avait une tension permanente ». Une tension induite par le comportement à la hussarde de Christophe Perny qui aura aussi hérissé son propre camp.
« Oublier les initiatives sans moyens »
En ouvrant la séance, Clément Pernot prononce un discours de politique générale relativement consensuel. Il défend « le département, échelon de proximité et de solidarité sociale et territoriale », critique le « calendrier électoral absurde » décidé par le gouvernement et la future loi « sans doute jacobine », ne ménage pas son prédécesseur : « je m'interroge sur les dossiers sans concertation avec les élus locaux, lancés dans une logique de faire sans en avoir les moyens comme l'éco-parc : il faut oublier ce genre d'initiatives ».
Il martèle que le département sera surtout dans une logique d'accompagnement des projets, des communes, des intercommunalités. Ce qu'il illustre avec le projet de Center parcs de la forêt de Poligny : « Center parcs attend beaucoup du département et de la région, mais ce n'est pas notre rôle de faire, la décision est locale ». A la ville de Poligny et à la communauté de communes du Grimmont de se débrouiller avec ça. La veille, lors du débat public à Poligny, il a rappelé avoir voté le pré-protocole d'accord avec Pierre et Vacances présenté par Christophe Perny l'an dernier, avoir toujours un « avis favorable » sur le projet, mais averti : « la nouvelle assemblée départementale n'a pris aucune position... Le débat que nous aurons sera plus éclairé que jusqu'alors ».
Culture : « pas de constructions mégalomaniaques »
Elle défend le bilan du précédent mandat à propos des tablettes numériques : « nous avons fait entrer les collégiens dans le 21e siècle. Votre collègue UMP du Loiret regrette que ses collèges ne soient pas câblés, ici, ils le sont ! »
En préambule, elle avait présenté des « salutations républicaines » et souhaité « bonne chance » à la nouvelle majorité avant de poursuivre : « nous avons bien travaillé, le sentiment du devoir accompli rend la défaite plus difficile, mais nous ne sommes pas dans la rancoeur et ne serons pas dans la nostalgie. Nous veillerons à ce que les intérêts partisans ne l'emportent pas sur l'intérêt général... Nous ferons des critiques si c'est nécessaire, mais serons force de proposition ».
L'ancienne première vice-présidente souligne enfin « l'entrée remarquée des femmes qui passent de 5 à 17... Elles sont tolérantes, compréhensives, patientes... Elles apportent beaucoup aux relations humaines... »
Réponse souriante de Clément Pernot : « chère Danièle, c'est bien que la politique soit une leçon d'humilité permanente... S'il n'y a pas de respect, vous ne faites rien passer... »
Clément Pernot annonce une « gestion réaliste du stock de la dette ». le sujet aura été brandi par la droite pendant la campagne électorale. Dans sa réponse, Danièle Brûlebois dira que le département « n'est pas en faillite » mais dans une « situation normale ».
Le nouveau président décline aussi les chantiers à venir sur le RSA, l'APA (« faut-il la revaloriser ? »), l'observatoire de l'enfance en danger pour « repenser la protection de l'enfance »... Il entend « renforcer la contractualisation » avec les communes et intercommunalités grâce à un « nouveau soutien en ingénierie, par exemple sur l'eau potable ». Il veut « éviter la dispersion » sur l'environnement. En matière éducative, il veut revoir « avec les chefs d'établissements la politique trop forte sur les tablettes ». Il évoque de « nouvelles modalités de fonctionnement » pour l'aéroport de Tavaux qui a « atteint une certaine efficacité mais à quel prix ! Et a besoin de 3 millions d'euros pour aller au bout de l'année ». Il annonce un « repositionnement » pour la culture qui est « hors [des] compétences » du département : « il faut éviter de nous engager dans des constructions mégalomaniaques ». Il fait voter en urgence un découpage des lots de transports scolaires que la gauche acceptera pour « ne pas bloquer le système »...
Marie-Christien Daloz, qui n'a pas voulu fusionner sa liste avec celle de M Millet aux municipales, renvoie la question : « ce n'est pas à moi de répondre ».
Pour Clément Pernot, l'intéressé a apporté les réponses aux questions qui lui ont été posées. Jean-Louis Millet lui-même assure qu'il est de droite, toujours dans la lignée de Philippe de Villiers, mais n'a rien demandé au FN dont le soutien lui a « pourri » la campagne.
On verra à l'usage...
La longue désignation des conseillers départementaux dans les onze commissions de l'assemblée et plusieurs dizaines de structures extérieures, n'a donné lieu qu'à quelques ajustements permettant, parfois, à l'opposition de disposer de sièges là où on ne l'avait pas prévu. La règle de 6/34 est respectée. La gauche déplore être absente du conseil d'administration de l'office départemental de l'habitat, mais vote quand même la répartition : Clément Pernot assure que la possibilité pourra lui être offerte d'y entrer si les offices de Saint-Claude ou Dole intègre l'office départemental...