Jean-Luc Mélenchon à Dijon : « Vous m’avez l’air fâché… mais pas facho. Pour eux, c’est pareil ! »

Le candidat a fait applaudir la devise républicaine et a conclu par un poème de Paul Eluard... 9000 personnes ont directement assisté à son dernier grand meeting, retransmis en hologramme dans six autres villes, ce qui fait selon son entourage 35.000 spectateurs, et près de dix fois plus sur Youtube...

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Charlotte Girard, la constitutionnaliste qui co-anime l'avant meeting de Jean-Luc Mélenchon, fait ovationner les salariées en lutte de l'Ehpad les Opalines de Foucherans (Jura). Elles se lèvent sur leurs chaises et les quatre écrans géants relaient leur geste dans le vaste parc des expositions où 6500 chaises et 2000 places de gradins sont occupées. Il y a des gens debout de part et d'autre. Cela fait trois fois plus que pour Emmanuel Macron, souligne le site d'informations Info-Dijon. Avec les retransmissions par hologramme, il y aurait 35.000 spectacteurs. La vidéo sur Youtube approchait 300.000 vues mercredi vers midi...

Des cars sont venus de Belfort et de Villefranche. Quand Mélenchon citera Victor-Hugo, évoquant ses études à Lons-le-Saunier et Besançon : « ils n'ont pas trop mal travaillé mes professeurs ! » Les Franc-comtois se sentant interpellés feront un joyeux raffut. Le bisontin Jean-Louis est l'un d'eux : « J'étais là en 2012 », nous confiera-t-il à la fin de la réunion, « Hollande n'a pas fait une politique de gauche... Je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Mélenchon, mais ensemble on est là et sa philosophie me plait. Ce ne sont pas les idées de mon maire... Jean-Luc Mélenchon stimule... »

« Toujours quelqu'un pour sauter en rond et dire combien ça coûte ? »

A peine arrivé sur scène après avoir fendu la foule comme une star, le candidat parle gravement de la « mauvaise nouvelle » du week-end, le risque d'attentat pesant sur la campagne. Il dit sa « solidarité » avec ses trois concurrents visés qu'il nomme : Fillon, Le Pen et Macron. « Les criminels ne nous font pas peur », affirme-t-il en évoquant « l'amour de la liberté ».

Il défend dans la foulée l'égalité qui en défrise plusieurs : « il y a toujours quelqu'un pour sauter en rond et dire combien ça coûte ? » Il estime que le temps de cette égalité est revenu et s'appuie pour le démontrer sur « l'organisation collectiviste bien connue » qu'est le FMI qui affirme que « plus la fortune des riches augmente, moins la croissance est forte ». Il en appelle aussi au Monde, ce « bon journal de centre-droit » qui écrit lui aussi que « la fortune ne ruisselle pas vers le bas comme les disent les néo-libéraux, mais ça fait des années qu'on l'explique ».

Mélenchon se taille un beau succès en défendant la coopération contre la compétition, en défendant les « biens communs » de l'emprise du privé, critique ses « trois principaux adversaires qui ne parlent jamais d'écologie, seulement d'argent ». Il cogne sur Macron « le beau parleur » qui veut sanctionner les chômeurs refusant deux emplois, supprimant au passage l'adjectif « raisonnable » qui qualifie les offres d'emplois acceptables aujourd'hui...

Le MEDEF, cette « secte larmoyante »

Il moque le MEDEF, cette « secte larmoyante qui va le béret à la main » quémander de l'argent public. Il compare le poids des dividendes qui pesait 10 jours de « travail gratuit » par an aux salariés en 1982, et 45 jours aujourd'hui... La foule réagit, siffle l'organisation patronale et applaudit le tribun qui en joue : « Vous m'avez l'air fâché... mais pas facho. Pour eux, c'est pareil ! » La salle éclate de rire.

Jean-Luc Mélenchon poursuit : « ils ne veulent supprimer que les impôts qu'ils paient ! » Il s'en prend à « l'absurdité » de la proposition d'Emmanuel Macron qui veut « exonérer la partie financière de l'ISF alors qu'il faut au contraire définanciariser l'économie ». Quand le candidat de la France insoumise dénonce l'écart salarial de 26% en défaveur des femmes, nombreuses sont celles qui hochent la tête en signe d'approbation...

Au fond de la salle, on remarque quelques dizaines d'auditeurs s'en allant. Voici trois filles et un garçon d'une vingtaine d'années, sont-ils en désaccord ? L'une approuve Mélenchon, l'autre hésite, seul le garçon est défavorable. Une fille trouve que « 100% de bio dans les cantines n'est pas crédible », sa copine rétorque qu'il faut « fixer un objectif ». Et ce couple d'une cinquantaine d'années ? Ils sont Suisses allemands et ont un peu de mal à suivre les subtilités du français : « on l'a lu sur l'écran, mais ce n'est pas facile », dit la dame en précisant qu'elle est élue locale écologiste... 

Sur scène, Jean-Luc Mélenchon assure que « la France n'est ni une start-up, ni une entreprise, c'est un peuple... Il sera appelé à voter à chaque fois qu'il y aura un problème complexe... » Il s'appuie sur la récente tribune de 130 économistes le soutenant, critique la BCE qui est plus prompte à donner 80 milliards aux banques pour conforter leurs fonds propres que pour financer l'économie réelle. Il renvoie dos à dos les extrêmes : « l'extrême-droite et l'extrême-marché dans ses variétés », a un mot pour fustiger un prétendu vote utile : « le moindre mal, c'est toujours le mal... »

Il conclut en appelant à la mobilisation, demande « d'accueillir tous ceux qui veulent se joindre à nous », sans leur demander leurs votes habituels ou précédents... Il conclut comme ses autres meetings par un poème : Et un sourire, de Paul Eluard... Sur de nombreux visages, l'émotion se lit.

 

 

 

 

 

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