Jean-Louis Fousseret : « Ce n’est pas le bazar dans mon camp… »

Le maire LREM de Besançon entendait détailler les chantiers et projets de 2019. Mais présentant sa conférence de presse comme une « rentrée politique », il a laissé entendre qu'en cas de « danger pour l'ADN de la ville », il pourrait revoir sa résolution de ne pas briguer un quatrième mandat, tout en se défendant d'une défiance envers son parti...

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« Ce n'est pas le bazar dans mon camp... » La conférence de presse de rentrée se termine et Jean-Louis Fousseret lâche cette formule défensive alors qu'il résume pour les micros une heure d'exposé sur 2019 et d'échanges. Assis à la petite table de réunion de son bureau, sous un tableau de Charles Belle, il a parlé de pas mal de choses, des inaugurations et lancements de chantiers, de l'année du sport remplaçant l'année de la culture, mais les journalistes l'attendent sur les municipales de 2020. Tout a l'air calé dans son discours : « il y a des projets que je n'inaugurerai pas... Ce qui est bien dans un métier, euh... un mandat de maire, c'est de construire de choses qui demain serviront à tous... »

Il se veut « solennel » et répète ce qu'on l'a entendu dire maintes fois : « J'entends mener mon mandat à terme, jusqu'en 2020. Il dit quand même que les annonces de candidatures qu'il « regarde avec intérêt » sont « le premier épisode d'une série ». Logique qu'il y ait plusieurs postulants quand plusieurs listes seront en lice... Il faut attendre le jeu des questions-réponses pour qu'il précise ses intentions : « J'ai dit en juin que je ne serai pas candidat à ma succession, que je soutiendrai le ou la candidat-e investi-e par la commission nationale d'investiture de LREM, en juin ou juillet. Il faudra que son programme soit dans la philosophie de LREM. S'il advenait que tout ce qui est mis en place depuis des années soit en danger, à ce moment je réfléchirais. Je souhaite transmettre la ville à quelqu'un qui sera dans la continuité de Jean Minjoz, Robert Schwint et moi-même. Il ne faut jamais injurier l'avenir ».

Entre Alauzet, Croizier, Cordier... son cœur balance

Que pourrait-il bien se passer qui rebatte à ce point les cartes ? L'investiture d'un « parachuté de droite » ?, suggère un confrère de l'audiovisuel public. Réponse : « Si l'ADN de la ville était remis en cause, ça me poserait problème, mais je pense que ce ne sera pas le cas... Je prends seulement des précautions oratoires... » Comme Jean-Louis Fousseret est un homme averti, on se dit qu'il n'est sûr de rien quant au résultat de la fameuse commission d'investiture. Et s'il s'en méfiait ? Car point n'est besoin d'être parachuté pour se revendiquer de Macron. Qu'on songe à l'élu MoDem Laurent Croizier dont le nom n'aura pas été prononcé, mais qui entend participer à la fête.

Il faut citer plusieurs fois Eric Alauzet, candidat déclaré depuis un mois sans avoir manifestement le soutien du maire, pour que celui-ci finisse par lâcher qu'il le soutiendra s'il est investi. Comme on a l'impression que ce serait du bout des lèvres, on demande à Jean-Louis Fousseret s'il ne préfèrerait pas en fait son attachée de presse et chargée des grands travaux au sein de son cabinet, Alexandra Cordier ? Au prononcé du nom de la jeune femme, déléguée départementale de LREM, assise sur le bureau du maire, ne moufte pas. « La question ne se pose pas comme ça », répond le patron de la ville en insistant : « Aujourd'hui, le sujet n'est pas là. Il faut d'abord élaborer le programme... »

Et demain ? Des bruits évoquent aussi la candidature possible de l'avocat Randall Schwerdorffer qui ne fait mystère ni de sa sympathie pour l'hôte de l'Elysée, ni de son engagement à LREM. Quant au programme, Jean-louis Fousseret s'impliquera-t-il dans sa construction ? Le vieux routier élude... Il dit aussi que la question des places n'est pas l'unique préoccupation des Bisontins, et glisse sur un autre sujet : le « grand débat » lancé par l'exécutif en réponse au mouvement des Gilets jaunes : « je vais réfléchir à voir comment y être... Il y a déjà soixante remarques sur le cahier de doléances que j'ai mis en place à la mairie et que j'ai commencé à analyser...»

« 30 ou 40 ans pendant lesquels on n'a rien voulu voir venir...»

Interrogé sur le mouvement, il colle à la position du parti : « respect » mais aussi « distinction entre ceux qui manifestent leur désespoir et ceux qui viennent pour casser ». Il ne lui vient manifestement pas l'esprit que certains peuvent être les mêmes... Interrogé sur le caractère exceptionnel des dispositifs policiers dans le pays, les nombreux gazages, l'ancien socialiste tente de ménager chèvre et chou : « Des gens souhaitent que ça s'arrête sans dire que les Gilets jaunes ont tort... Mais quand je vois les saccages de mobilier urbain ou d'arrêt de tram, je demande qui va payer ? Les Bisontins ! Et quand 150 personnes veulent entrer dans la préfecture, c'est la défense de la république ! Le dialogue n'est pas possible avec ceux qui disent seulement "partez" ! Alors qu'il y a quand même eu 10 milliards... »

Ne regrette-t-il pas d'avoir quitté le PS alors qu'en 18 mois le macronisme semble encore plus épuisé que le hollandisme qu'il a soutenu en son temps ? Là aussi, Jean-Louis Fousseret est en pilotage automatique : « Emmanuel Macron n'a pas hérité d'une situation dégradée par François Hollande, mais de 30 ou 40 ans où on n'a rien voulu voir venir... Il faut que le président dise des choses. J'ai dit qu'il devait y avoir des expressions différentes. Mais c'est lui qui est face au déficit et à la datte... Je me calerai sur ce qu'il dira dans sa lettre... Non, ce n'est pas le bazar dans mon camp... »

 

 

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