Génération.s arrive sur le marché politique bisontin…

Le mouvement créé par Benoît Hamon le 2 décembre se structure localement autour de Barbara Romagnan, Marcel Ferreol et Elise Aebischer. Une première réunion a rassemblé une cinquantaine de participants dont certains sont venus de Haute-Saône et du Jura.

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L'ancien adjoint à la culture de Besançon Marcel Ferreol est connu pour son enthousiasme et ses envolées lyriques, ses références livresques qu'il aime à partager. Autogestionnaire, il a le socialisme souriant et généreux, prometteur. Il a connu l'époque triomphante, du moins sur les plans intellectuel et éthique, du PSU et de l'UNEF dont il a été membre dès les années 1960, rappelant qu'il y était, déjà, minoritaire. Il a vécu la conquête du pouvoir des socialistes avant leur suicide politique sous l'égide du duo Hollande-Valls.

Ce lundi 8 janvier, il est au coté de Barbara  Romagnan, l'ancienne députée frondeuse dont il a accompagné l'implantation à Besançon. Depuis le 2 décembre, elle est membre de la coordination politique transitoire de Génération.s, le mouvement fondé au Mans par Benoît Hamon et ses proches. Marcel Ferreol y était. « Il y a 650 comités, certains thématiques, d'autres territoriaux... Le débat européen doit permettre aux différentes orientations de gauche de se parler », dit-il à la fin de la réunion qui a réuni une cinquantaine de personnes, surprises d'être autant, presque joyeuses de devoir pousser les chaises pour que chacun puisse s'asseoir... Il était aussi à Reuilly, le 1er juillet dernier où s'étaient rassemblées 3.000 personnes - il en avait vu 10.000, ce qui l'avait « bluffé » - pour la naissance de l'éphémère Mouvement du 1er juillet qui marquait le début du processus de sortie du PS de ce qui restait de son courant de gauche.

« Je regrette qu'il n'y ait pas eu d'entente entre Hamon et Mélenchon.
La faute à qui ? je ne veux pas le savoir.
Aujourd'hui, on est face à la droite dure vis à vis des étrangers »

A Besançon ce 8 janvier, il est donc question de passer à l'étape de fondation locale. Un tour de table s'impose, chacun étant invité à se présenter. Les retraités sont majoritaires, certains ayant été jadis élus locaux, comme Jacques Vuillemin, « toujours au PS », premier adjoint de Robert Schwint, ou un « écolo ayant perdu la foi », ancien maire de Pouilley-les-Vignes. Il y a quelques jeunes dont la conseillère régionale Elise Aebischer, seule élue de la soirée, quelques militants du MJS, une étudiante jamais encartée... De quoi faire vivre le comité étudiant annoncé ?

Le portrait de groupe est sociologiquement plutôt homogène : pas mal d'enseignants, retraités ou « futurs retraités », quelques syndicalistes, une majorité de militants associatifs. Beaucoup ont adhéré au PS ou aux Verts, quelques uns y sont encore. Tous ont soif de débats, de « groupes de réflexion ». Des bribes d'analyse de la situation politique sont lancées. L'un ne se satisfait pas du « sentiment qu'il n'existe plus que la solution Macron ». Jean-Marie estime « qu'En Marche n'a rien de gauche, bien au contraire ». Jean-Michel, fonctionnaire territorial, se dit « en rupture par rapport au gouvernement ». Jean-Claude, ancien du PS, a « envie de refonder un vrai projet socialiste ». Absent, l'écologiste Claude Mercier a envoyé un message : « je me réjouis de la fondation d'une maison commune, le terreau est favorable à Besançon... » 

Bernard ne « comprend pas que les partis de gauche ne se mettent pas d'accord pour gagner les élections ». Militant des droits des migrants, Pierre « regrette qu'il n'y ait pas eu d'entente entre Hamon et Mélenchon. La faute à qui ? je ne veux pas le savoir. Aujourd'hui, on est face à la droite dure vis à vis des étrangers ». Jean-François a le même regret vis à vis des deux anciens candidats à la présidentielle. Le Haut-Saônois Eric confie une « sensibilité libérale, libertarienne » tout en indiquant avoir « voté Mélenchon car il était la seule chance de la gauche d'être au second tour... » Il conclut : « La droite a gagné et le Medef est au pouvoir... » Personne ne lui fait remarquer que les libertariens sont des ultra du libéralisme et de l'individualisme, bien plus à droite qu'à gauche, mais on sent quelques souries...

« La gauche est dans une situation passionnante,
il est urgent de la reconstruire... »

Le sort fait aux migrants revient souvent. Il choque manifestement, même Michel qui a voté Hamon aux deux tours de la primaire, Macron aux deux tours de la présidentielle, et avoue benoîtement : « la gauche est dans une situation passionnante, il est urgent de la reconstruire ». Cette condition choque Patrick qui vit en partie dans les Hautes-Alpes et dit sa colère face au « déploiement de forces françaises : on se croirait en guerre avec les caméras infrarouges et les gilets pare balle » face à des gens en tee-shirt ou sans chaussures passant des cols enneigés... 

Il y a aussi des Jurassiens dont Arnaud qui aimerait « entendre un candidat dire aux gens qu'ils sont la solution ». Comme l'ancien conseiller général de Dole Patrick Viverge (PRG puis PS) qui accompagna Mélenchon, Hamon et Nouvelle Donne, venu à Besançon pour « profiter de votre expérience et l'exporter dans le Jura »...

Barbara Romagnan a soigneusement écouté, pris des notes. Elle est toute en prudence : « Il n'y a aucune condition de prendre une carte ou pas, vous faites comme vous voulez... » A ceux qui ont évoqué les échéances électorales à venir, elle précise : « on n'est pas là pour créer le parti faisant la campagne de Benoît Hamon en 2022 ! » Elle propose une discussion sur le mode de fonctionnement. Sylvie parle de Facebook, l'ancien écolo Michel explique sa réticence envers les « outils menaçant la vie privée ». Il suggère surtout des « expressions sur l'actualité politique, une présence sur les terrains de mobilisation : sans travail militant, on ne se développera pas ».

« Il peut y avoir plusieurs initiatives, plusieurs groupes,
vous pouvez aussi en créer un...
La coordination ne doit pas être vécue comme une volonté de mainmise... »

L'ancien candidat du PS aux cantonales à Saint-Vit, Alexandre Cheval, approuve : « au PS, j'ai eu l'impression d'être au service d'une caste, les échéances électorales doivent être l'occasion de se battre pour un projet plutôt que pour des gens ». Maud aimerait pouvoir « interpeller le gouvernement ou les députés ». Plusieurs voix réclament des groupes thématiques, pour « comprendre », analyser, se former, remobiliser... « Si c'est pour refaire ce que j'ai fait au PS depuis 1978, j'arrête », prévient Bernard.

« L'échec n'est pas seulement dû au fonctionnement, mais aussi aux engagements non respectés, à l'impuissance politique », souligne Barbara Romagnan en insistant sur « besoin de formation » des militants du mouvement. Elle propose une action immédiate : participer dès mardi matin devant le palais de justice de Besançon au rassemblement en soutien au collectif Solidarité Migrants Réfugiés... Sur la durée, elle imagine une réunion hebdomadaire ouverte dans un café, avec au moins deux militants, pour discuter avec qui veut d'un thème. C'est adopté par consensus, la première rencontre traitera notamment de la charte du mouvement (lire ici) samedi 20 janvier à 10 heures à la brasserie Granvelle.

On y discutera aussi de l'organisation. Le principe d'un rendez-vous plus militant, tous les quinze jours, est sur la table. Il s'agirait, dans l'esprit de l'ancienne députée, d'une « sorte de coordination politique car un mouvement doit s'exprimer sur une décision parlementaire ou un vote de conseil municipal ». Il est également question d'une lettre électronique mensuelle, voire plus fréquente. Le tout sans grands moyens car « le national n'a pas tellement de ronds... » Le local non plus d'ailleurs : on a fait la quête pour régler les 32 euros de location de la salle de réunion du centre associatif Pierre-Mendes-France, et il y a eu un petit surplus...

« On part de loin », constate avec lucidité un participant. Eric, le Haut-Saônois, avait évoqué le retard pris en matière d'organisation et de méthode, mais aussi de discours, par rapport à En Marche et à la France insoumise. Barbara Romagnan l'a entendu : « il peut y avoir plusieurs initiatives, plusieurs groupes, vous pouvez aussi en créer un... La coordination ne doit pas être vécue comme une volonté de mainmise... » 

On peut ainsi voir sur le site du mouvement (voir ici) qu'à l'instar de la France Insoumise, Génération.s s'est également mis au tirage au sort...

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