Gauche radicale-EELV : l’union ou la figuration

Cinq partis de gauche signent un appel à EELV pour une liste commune aux élections régionales... Les écologistes sont déchirés par des stratégies internes divergentes... Les cultures parfois spéciales des uns et des autres, ici ou là, ne facilitent pas les rapprochements...

Nathalie Vermorel (PCF, à gauche) et Cécile Prudhomme (EELV, à droite) ont été désignées têtes de liste de leur parti... Gabriel Amard (PG, au centre) assure qu'il a déjà donné et n'est candidat à rien.

Les discussions traînent en longueur dans les différentes organisations de la gauche radicale en vue des élections régionales. Quoiqu'il serait plus juste de parler de la gauche non socialiste. Et encore, puisque les débats, discussions, mouvements de recomposition et autre pas de deux, vont jusqu'à l'intérieur du PS. C'est ainsi que Fanny Grandvoinet, conseillère régionale socialiste de Haute-Saône, a rejoint le Rassemblement citoyen qu'animent des militants du PG, mais pas que. C'est ainsi que les anciens duetistes bisontins, Franck Monneur et Didier Gendreau, qui avaient quitté le PS pour faire une liste municipale dissidente à Besançon, se retrouvent au MRC... Les écologistes, les communistes et le Rassemblement citoyen (émanation élargie du PG) sont prêts ou se disent prêts à se lancer seuls.

Donc, les discussions traînent et le temps passe. Y aura-t-il une, deux ou trois listes de cette mouvance qui, si elle était unie, devrait logiquement avoir un boulevard politique entre l'extrême gauche et un PS très centriste ? Dans l'équation, il y a la question des égo, le nombre des mouvements qui aspirent tous à avoir une place, les stratégies divergentes des uns et des autres, à commencer par EELV. Au sein du parti écologiste, les tenants de la poursuite de l'alliance avec le PS ne veulent pas entendre parler de ceux qui ne veulent pas entendre parler d'accord de second tour avec le PS... Mais cette question paraît moins cruciale, y compris au PG, depuis que l'hypothèse d'une victoire du FN est envisageable...

« La question du premier tour est si urgente que celle du second n'est pas réglée »

Reste que pour envisager une fusion d'entre deux tours, il faut s'y préparer avant le premier puisque les listes doivent être déposées le surlendemain... Et la meilleure manière de préparer une fusion dans de bonnes conditions, c'est de faire le meilleur résultat possible. Certains pensent même possible d'être devant le PS... Mais il faudrait alors ne pas trop traîner avant d'entrer en campagne... Celle d'EELV, qui compte sur le sommet climatique, est quand même plombée par la crise au sommet du parti, alors que ses têtes de liste sont désignées. Tellement bien désignées, selon des équilibres internes minutieux, qu'il n'est plus question d'y toucher, même en cas de listes d'union... « La question du premier tour est si urgente que celle du second n'est pas réglée », dit une responsable de parti.

C'est sans doute ce qui explique que soit tombé, dimanche 27 septembre, un communiqué intitulé « Un autre choix possible à gauche » signé par cinq organisations (Ensemble, MRC, Nouvelle Donne, PCF, PG) qui expliquent s'être rencontrées le 17 septembre et avoir « ouvert des discussions pour construire une véritable alternative politique et citoyenne en vue des élections régionales ». Il s'agit pour elles de montrer qu'elles sont « conscientes de leurs responsabilités face aux écueils des politiques d’austérité actuelles menées par le gouvernement Hollande-Valls ». Le texte propose que « cette dynamique passe par la convergence (...) avec le rassemblement régional Avenir Citoyen et les différents Appels départementaux pour une liste unitaire, sur des fondamentaux : égalité des personnes, égalité des territoires, services publics de qualité, nouvelles façons de produire, d’échanger et de consommer, meilleure utilisation de l’argent public sur des projets utiles et démocratiquement consentis, transition énergétique, éthique des élus et non-cumul ».

Dates butoirs

Ce nouveau club des cinq aspire à grandir et appelle les « autres forces [qui] veulent œuvrer pour une alternative écologique et de gauche, notamment Europe Ecologie-Les Verts, à participer avec nous à cette démarche collective pour constituer un large front commun porteur d’une autre politique ». Il s'agit de bâtir un rassemblement « large et progressiste » proposant un « projet régional citoyen, solidaire et écologique ». Leur ambition est de « construire un projet commun, avec les citoyen-ne-s, qui soit capable d'intégrer les identités et pratiques militantes de chacun, sans que quiconque soit contraint à se renier ».

Conséquence de ce qui précède : « par le débat et la concertation, nous allons, dans les jours qui viennent, construire les axes de la campagne », indique le communiqué. Le chemin de l'union reste cependant semé d'embûches, dans la plus pure tradition de la gauche française. Les dates butoir des uns et des autres ne sont pas toutes les mêmes, et la plus proche est sans doute celle de la dernière chance. C'est le 3 octobre pour EELV, le 17 octobre pour le Rassemblement citoyen... Pour l'heure EELV a quand même une tête de liste, Cécile Prudhomme, et les communistes la leur avec Nathalie Vermorel.

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