Européennes : LREM en tête à Besançon avec 11,36% des électeurs inscrits

La liste LREM obtient 24% des suffrages exprimés, devançant Europe Ecologie (18,6%) qui domine la gauche et le RN (ex-FN 14,4%) qui supplante la liste LR (8,2%). Juste derrière à 35 voix LFI (8,1%) est devant le PS (7,7%), Génération.s (4%) et le PCF (2,9%). La gauche fait 41% avec les Insoumis, 33% sans eux… Des chiffres qui n'ont échappé à personne dans la perspective des municipales…

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Les élections européennes se suivent et se ressemblent. Si la participation a légèrement augmenté dans le pays par rapport aux précédentes, elle a été minoritaire à Besançon, plafonnant à 48,65% des électeurs inscrits, soit 32.508 votants sur 66.814 inscrits. C'est quand même 6 points de plus qu'il y a cinq ans. Si l'on tient compte des 457 bulletins nuls et des 431 bulletins blancs, on arrive à 47,32% d'électeurs ayant voté pour une des 34 listes en présence. Cinq d'entre elles n'ont obtenu aucune voix, deux une voix, une deux voix, deux quatre voix… et sept autres listes moins de 100 voix…

Pas d'ambiance de grands soirs au Kursaal !

Bien sûr, c'était un scrutin européen, mais on ne peut s'empêcher de songer aux élections municipales de mars 2020. Les différents mouvements attendaient tous plus ou moins cette échéance du 26 mai pour savoir dans quel état d'esprit aborder, ou pas, les discussions avec d'éventuels partenaires. A gauche, EELV peut sembler le parti autour duquel devrait s'organiser un éventuel rassemblement. Il n'y a qu'à voir les sourires s'afficher sur les mines des militants écolos au Kursaal où ce n'est pas la foule des grands soirs.

La mine de Nicolas Bodin, le chef de file des socialiste, n'est pas celle des bons jours, mais il dit son soulagement d'avoir dépassé 5%. Comme beaucoup, il est « surpris » du résultats de LR et trouve « intéressant » le total de l'ensemble constitué par « le PS, Génération.s, le PC et les Verts ». En les additionnant, on arrive à 33,26%. A comparer au 24% du parti macroniste…

La tête d'une liste d'union de la gauche devrait-elle donc être verte ? « Non », dit Bodin en nuançant : « ils ont la légitimité à la revendiquer, mais le PS aussi… » Côté EELV, Cécile Prudhomme voit son parti en pivot : « on voudrait rassembler toute la gauche, mais il y en a qui nous ont bien agressés… » On suit son regard vers les militants LFI qui scandent « Résistance ! » à quelques pas après avoir bruyamment applaudi les quelques mots de leur nouvelle députée européenne, la jurassienne Anne-Sophie Pelletier. Adjoint lors du mandat précédent, Benoît Cypriani commente : « si on ne fait pas alliance avec eux, Alauzet sera le prochain maire… » Que faut-il faire pour construire cette alliance ? « On va prendre notre temps », dit François Presse, adjointe actuelle.

« Mélenchon voulait mettre une raclée au PS, c'est lui qui la reçoit… »

A quelques pas, Joseph Pinard, député PS de 1981 à 1986, parait ravi : « Mélenchon voulait mettre une raclée au PS, c'est lui qui la reçoit… » On a à peine le temps d'apercevoir des militants communistes : ils s'en vont assez vite. Joseph Gosset, militant d'A Gauche toute, association proche du PCF, lance un brin contrarié aux écolos : « Alors, vous êtes contents ? »

Michel Boutonnet, militant insoumis, pourrait lui aussi être déçu mais reste philosophe : « ça fait 60 ans que je ramasse des gamèles, mais on y croit ! » Anne-Sophie Pelletier est sur la même ligne : « le combat continue, nous avons à aller sur le terrain, continuer à soutenir les luttes, faire des atelier d'éducation populaire… Dans le contexte des Gilets jaunes, certains ont cru que le vote anti Macron pour le RN était une solution alors qu'il est contre les droits des salariés… » 

Forestier à la retraite, militant syndical et infatigable lecteur, Sylvestre Soulié n'est pas surpris du résultat qui met les écologistes nettement en tête de la gauche bisontine : « c'est la tradition sociale-chrétienne de la ville… Etre sur le territoire, là où sont nos forêts et nos vaches… » Il a sa petite idée quant au vote nettement plus favorable à EELV qu'à LFI : « les médias ont admirablement instrumentalisé les sautes d'humeurs du représentant de la FI. Il suffit d'un mot, relisez Bourdieu sur la télévision : quand un journaliste fait une grimace quand Mélechon avance un argument robuste, 200.000 personnes passent à droite ou chez les modérés. C'est une affaire de sensibilité, on fait les chochottes… Mais regardons le Bade-Wurtenberg où les Gunnen font alliance avec la CDU : on risque les verts de gris la prochaine fois… Les problèmes environnementaux sont trop lourds si on ne prend pas en compte le point de vue social : le problème écologique est d'abord un problème social… » C'est une des raisons pour lesquelles il souhaite « bien entendu » une alliance à la grenobloise entre EELV et LFI… Mais il est perplexe : « on est somnambules, comme dans le livre d'Hermann Broch paru dans les années 30… »

Fousseret « réjoui », Alauzet « aux anges »

Adjointe LREM, initialement élue EELV, Catherine Thiébaut est contente de voir que son ancien et son nouveau parti, « des partis pro-européens » sont en « deuxième et troisième places ». Elle aussi accepte de se projeter vers les municipales : « c'est fort probable qu'on aura des listes différentes, au deuxième tour, on verra, ils ne veulent peut-être pas faire alliance… »

Jean-Louis Fousseret est pour sa part « réjoui ». Il voit le positif du scrutin, la participation « en hausse de 6 points » à Besançon par rapport au dernier scrutin européen… Eric Alauzet assure que « cette ville vote pour l'Europe et l'écologie, je suis aux anges… »

Anne-Sophie Andrantavy, adjointe PS et toujours au parti bien que membre de l'intergroupe avec les élus PCF et EELV, s'inquiète du « vote brun  », avoue avoir voté EELV, semble regretter le mauvais résultat de LFI : « c'est dommage qu'elle fasse un score si faible, elle paie son arrogance, il faut que la gauche arrive à se retrouver ».

Vignot découvre « la diversité » de LFI

Du coup, EELV est, sur cette élection européenne, le premier parti de gauche, ce qui ne fait pas sauter de joie Anne Vignot, la tête de file du parti pour les municipales : « les gens veulent une alternative sociétale… Quand ils ne croient plus à la politique, ils votent RN. Et LREM a tenté de préempter l'écologie… » Une perspective grenobloise est-elle envisageable à Besançon ? Pour mémoire, une alliance EELV-PG avait emporté la cité alpine face aux sortants PS-PCF… Elle préfère répondre en biais, échafaude une condition : « si les gens commencent à se dire que l'écologie est au coeur du politique… »

Mais encore ? « Demain, les choses vont se jouer en cohérence avec le modèle économique… On se frottera avec Eric Alauzet sur la dette environnementale : elle sera si forte qu'on ne sera plus à compter trois sous. La forêt s'effondre à Besançon… » Certes, mais les arbres ne votent pas ! « Les gens vivent la question environnementale, la voient quand les rivières sont à secs, quand les arbres sont secs… » 

Une alliance est-elle possible avec LFI et le PS ? « Oui ! En mettant l'écologie au coeur ! Je reviendrai auprès des citoyens expliquer ce qui se joue aux Vaîtes. Je dirai au PS qu'il ne faut pas rester sur le règlementaire… » Cela se ferait autour d'EELV ? « Bien sûr ! C'est l'écologie qui doit dominer la pensée politique de Besançon… »

Elle annonce des rencontres à gauche dans les deux semaines sur les municipales. Avec LFI ? « On leur a dit : c'est vous qui dites si vous voulez nous voir? on ne va pas courir derrière eux. J'ai découvert le côté protéiforme des Insoumis. Je pensais que c'était un bloc avec un comportement de bloc, mais lors de notre dernière rencontre, on y a rencontré de la diversité… »

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