Europe : une consultation citoyenne à Besançon

Le Mouvement européen de Franche-Comté anime samedi 5 mai un atelier autour de la démocratie, l'emploi et les migrations. Les citoyens sont invités à donner leur avis sur l'Union européenne, y compris critique. Restitutions nationale puis européenne à l'automne pour alimenter le débat. Des eurosceptiques craignent une « campagne officielle »...

mefc

Les élections européennes auront lieu dans un an, et déjà la précampagne est lancée. Les « consultations citoyennes » imaginées par Emmanuel Macron et présentées au Conseil des ministres du 14 mars se traduisent par des rencontres organisées jusqu'en octobre dans 26 pays par des acteurs aussi divers que des établissements scolaires, des chambres consulaires, des centres culturels, des collectivités locales.

A Besançon, unique lieu de Bourgogne-Franche-Comté figurant sur le site interactif des consultations (à l'heure où cet article est écrit), c'est le Mouvement européen de Franche-Comté qui s'est attelé à la tâche. Trois mois après une conférence du secrétaire général de la mission pour l'organisation du processus, Arnaud Magnier, le ME-FC organise samedi après-midi place Granvelle, sur trois heures, une présentation de trois thèmes sur lesquels les citoyens sont invités à donner leur avis : pourquoi l'Union européenne semble si peu démocratique ? La concurrence détruit-elle nos emplois ? L'Union et les mouvements migratoires. Pierre Gainet, par ailleurs secrétaire de la section bisontine du PS, doit animer les échanges.

Présidente du Mouvement européen de Franche-Comté, Jeannie Lagier souhaite « provoquer le débat ». On notera aussi les questions et propositions qui alimenteront « une synthèse qui sera envoyée à la cellule de coordination du ministère des Affaires étrangères ».

Un air de campagne présidentielle

Le processus prévoit, à l'étape suivante, une « synthèse globale européenne qui sera remise aux chefs de de gouvernements en décembre 2018 ». Mme Lagier voit dans ces « débats européens auxquels on va essayer de donner une grande ampleur », un exercice de « démocratie participative transnationale ». 

Le mécanisme frappe par sa ressemblance avec la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. A ceci près qu'il n'y a plus pour le faire vivre les dizaines de comités locaux ou thématiques d'En Marche qui étaient, fin 2016 et début 2017, chargés d'examiner et d'amender à la marge un projet dont les grandes lignes étaient déjà tracées. Adhérente du PS, Jeannie Lagier admet que les consultations européennes s'inspirent de cette démarche.

Du coup, la question se pose dans ces conditions d'alimenter la machine électorale macroniste. « Ce n'est pas faux, mais ça se passe aussi dans d'autres pays de l'Union », répond-elle. André Lartigau évacue ce risque en louant le « pluralisme » du Mouvement européen dont il fut le secrétaire général en Franche-Comté pendant vingt ans : « Michel JacqueminIl présida la CCI du Doubs et fut député UDF en fut le président et Paulette Guinchard la vice-présidente. » L'éphémère ministre des armées de Macron, Sylvie Goulard (MoDem puis LREM), fut présidente nationale du Mouvement européen France après Pierre Moscovici (PS) qui lui-même succéda à la centriste Anne-Marie Idrac qui fut ministre de Chirac et Sarkozy...

Un creuset de « grande coalition »

De fait, le Mouvement européen a tout du creuset politique de la « grande coalition » réunissant socio-démocrates et démocrates-chrétiens en Allemagne et socle des compromis au Parlement européen. Une alliance qui ne gène pas Jeannie Lagier : « on peut être socialiste et européen convaincu. L'Europe a globalement fait ses preuves. Le rodage ne peut se faire que dans le temps... On est dans la complémentarité, que ce soit pour l'emploi ou les entreprises. La France a-t-elle la taille pour s'impliquer dans le marché mondial ? »

Elle n'est « pas d'accord » avec l'accusation de régression sociale pesant sur l'Union : « Il n'y a quasiment plus d'écart avec la Pologne », donne-t-elle en exemple. A ceux qui ne sont pas convaincus par l'argument et invoquent la désindustrialisation de la France, elle répond : « On trouve normal de s'implanter chez eux, de prendre leurs marchés... »

Quant au reproche du caractère anti-démocratique de l'Union généré par la non prise en compte du résultat du référendum de 2005, du refus de la concurrence libre et non faussée, elle l'assume : « le libéralisme à la mode européenne n'est pas celui des USA, il a un volet social... Et peut-on faire quelque chose tout seuls sur les problèmes migratoires, le terrorisme ? Nous sommes dans la mondialisation, qu'on le veuille ou non ! » André Lartigau insiste pour sa part sur une incontestable réussite, le programme Ersamus...

 

 

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