Elections départementales dans le Doubs : les préparatifs d’une campagne poussive

Les augures nationales prédisent le retour de la droite en mars, 11 ans après la victoire des socialistes. Localement, ces derniers ne cachent pas que ce sera « difficile » et partent relativement unis. L'UMP est partagée entre la prudence des anciens et l'optimisme des nouveaux.

michelvienet

Soixante seize ! C'est le nombre de candidats que les grands partis ou alliances politiques visant la victoire annoncent devoir présenter pour les élections départementales des 22 et 29 mars prochains dans le Doubs. Soixante seize, soit trente huit femmes et autant d'hommes, répartis dans dix neuf cantons par listes de quatre : un homme et une femme titulaires, une femme et un homme suppléants.

A entendre les responsables politiques insister sur ces chiffres, on réalise qu'ils veulent souligner la difficulté de la tâche. « On n'est pas tout à fait prêts », reconnaît Michel Vienet, le secrétaire départemental de l'UMP qui a déjà dû repousser le moment de la présentation publique de ses candidats. « On les présentera courant janvier, la date sera fixée dans les prochains jours ». Ce pourrait être le 24 janvier.

« Majorité départementale » plutôt que PS

14 des 22 sortants se représentent à gauche
Dans l'actuelle majorité départementale PS-DVG, se représentent : Gérard Galliot (Audeux) à Besançon 1, Vincent Fuster (Besançon-nord-ouest), Claude Jeannerot (Besançon-ouest), Lofti Saïd (Planoise), Yves-Michel Dahoui (Besançon-sud) à Besançon 5, Gilles Robert (Le Russey) à Morteau, Rémy Nappey (L'Isle-sur-le-Doubs), Frédéric Barbier (Pont de Roide) et Martine Voidet (Valentigney) ensemble à Audincourt, Christian Bouday (Pontarlier), Claude Dalavalle (Roulans) et Danièle Nevers (Rougemont) ensemble à Baume-les-Dames, Léon Bessot (Valdahon), Noël Gauthier (Sochaux-Grand Charmont)...

Les socialistes ne « sont pas encore en campagne », indique-t-on dans l'entourage du président du Conseil général Claude Jeannerot qui doit réunir les candidats le 16 janvier. On admet aussi que la constitution de « quadrinômes » n'est pas aisée, même si l'ossature de l'équipe sera construite autour des quatorze conseillers généraux sortants - sur vingt deux - qui se représentent. Ils le feront sous l'étiquette « majorité départementale », jugée plus présentable que celle du PS : « on sent que les partis sont à bout de souffle, même la droite a oublié l'UMP aux sénatoriales », lâche un militant.

Les difficultés à constituer 19 quadrinômes sont de différentes natures. Le pas supplémentaire vers la parité ne va pas de soi. « On a du mal à trouver des femmes. Dans un conseil municipal, elles sont dans une équipe. Là, la démarche est individuelle », nous expliquait en décembre Annick Jacquemet (UMP) qui brigue la présidence de la future assemblée.

Un nouveau découpage cantonal qui modifie la relation élus-citoyens...

L'implantation n'est plus ce qu'elle était
Absente des cantons urbains, la droite a besoin d'en gagner quelques uns pour revenir aux affaires départementales. Tout comme il avait fallu à la gauche gagner quelques cantons ruraux pour l'emporter en 2004, puis confirmer en 2008 et 2011. Reste qu'on passe cette année de 35 cantons à 19 cantons et que la diminution s'est surtout faite sur le dos, en nombre, des cantons ruraux qui, il faut quand même le dire, étaient sur-représentés au vu de leur démographie.
Paradoxalement, l'équation personnelle des élus, notamment des sortants socialistes en milieu rural où Danielle Nevers (Rougemont), Léon Bessot (Vercel) ou Gilles Robert (Le Russey) paraissent bien implantés et appréciés, aurait donné davantage de chance à la gauche de l'emporter avec l'ancienne configuration qu'avec la nouvelle. C'est du moins ce que pensent certains militants du PS avec cette argumentation : le redécoupage fait tant rebattre les cartes que plus personne n'ose de pronostic basé sur ces caractéristiques.

Le nouveau découpage va également compliquer la relation aux citoyens en raison de l'aggrandissement des cantons, soulignent plusieurs élus. Maire de Dannemarie-sur-Crête, Gégard Galliot (DVG) est connu comme le loup blanc dans l'actuel canton d'Audeux et ses 40 communes sub-urbaines et rurales dont il est conseiller général. Il se présente sur le nouveau canton de Besançon 1 qui comprend Planoise et sept communes, la plupart différentes, avec un avantage de notoriété : il est suppléant de la députée Barbara Romagnan. Il fait liste commune avec Myriam Lemercier, la directrice de l'association Croqu'Livre, première non élue au conseil municipal de Besançon sur la liste de Jean-Louis Fousseret.

L'élu sortant du canton, Lofti Saïd (PS), se représente dans le canton voisin... où il a élu domicile, place Leclerc. Tenant permanence dans les bars, ce prof de math se veut un homme de solutions pour maintenir les personnes âgées dans leurs logements malgré les augmentations de loyer, ou impliquer les habitants des quartiers en créant des « sapeurs citoyens ». La greffe prendra-t-elle ? « Je ferai campagne dans l'enthousiasme, l'action, avec des projets : je défends l'article 1er de la Constitution : la république sociale ! »

Michel Omouri prédit une « surprise » à Planoise

Michel Omouri, le conseiller municipal UMP qui vise Planoise, moque ce changement. « Je n'ai jamais vu qu'on enlève un sortant pour le mettre sur le quartier de Saint-Claude, Galliot et Lemercier ne connaissent pas Planoise », avance-t-il en prévoyant « une surprise » tout en concédant : « je pars dans le canton le plus difficile pour la droite, mais je suis administrateur de Grand Besançon Habitat, ma stature de conseiller municipal m'apporte sur le logement, la sécurité, l'économie... Et je serai conseiller général à plein-temps, comme un maire d'arrondissement... Je suis formé à la méthode de Claude Girard : quand on prend un territoire, on l'analyse... Je suis parent d'élève à Planoise, j'y fais mes courses... Je suis le dernier recours contre le FN ».

L'autre gauche également en pourparlers
Il n'y a évidemment pas que le PS, l'UMP, l'UDI et le MoDem à concourir à ces élections. EELV a renoncé à un accord avec le Front de gauche dont les différentes composantes sont loin d'être sur la même longueur d'ondes. Pourtant, un accord semblait proche dans au moins deux cantons bisontins. Nous y reviendrons dans un prochain article.

Elu du canton d'Amancey qui disparaît dans le vaste nouveau canton d'Ornans, Patrick Ronot (UMP) va tenter sa chance ailleurs pour deux raisons. La première, c'est que les actuels élus de son camp tiennent Ornans (Béatrix Loizon) et Montbenoît (Alain Marguet) : le duo paritaire est tout trouvé. La seconde, c'est qu'il vit désormais à Besançon où il sera candidat dissident dans le canton Besançon 4 (ex Besançon-est, Marchaux...) après que les militants lui ont préféré Odile Faivre-Petitjean (MoDem) et Alain Loriguet, le maire de Thise... Voilà qui constitue un premier ferment de division quand Michel Vienet martèle : « on veut faire l'union de la droite républicaine et du centre, comme aux municipales de Besançon... Avec l'union, on peut gagner ».

Dahoui, un sortant qui fera campagne « comme un challenger »

Alors que les observateurs parisiens prédisent une déculottée pour les socialistes, localement, ils y croient. « L'équation est simple », dit Yves-Michel Dahoui, « soit la politique nationale prime, soit c'est la connaissance que les gens ont de leur conseiller général. Le risque politique est surtout dans les zones urbaines, la boucle de Besançon qui vote beaucoup à gauche ou écolo... » Lui aussi devra changer de territoire, aller plus à l'est et dans la vallée du Doubs dont est justement originaire sa colistière, Michèle De Wilde, suppléante du député Eric Alauzet (EELV)...

Face à Ludovic Fagaut (conseiller municipal UMP de Besançon) et Catherine Cuinet (maire de La Vèze), Dahoui, élu avec 68% en 2008, s'attend à « une campagne dure » et veut faire campagne pour « convaincre, comme si j'étais le challenger ». « On a déjà rencontré tous les élus du canton, on explique le contexte », dit Fagaut qui semble sur la dynamique des municipales, perdues certes par la droite bisontine, mais avec un résultat plus qu'honorable. 

 

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