Doubs : la droite dans les pas de la gauche jusqu’à la fin de l’année

Il y a bien eu quelques escarmouches entre majorité et opposition pour la première session budgétaire depuis les élections. Mais la principale information est que le programme politique de la droite sera transformé en « projet de mandat » et présenté en fin d'année.

Christine Bouquin a reproché à Claude Jeannerot (de dos) d'être un donneur de leçons. Celui-ci n'a pas apprécié... et le lui a dit lors de la pause... Photo DB

Le rapport d'activité des services de l'Etat par le préfet devant le Conseil départemental est un exercice fastidieux mais nécessaire. Parce que l'Etat a dépensé en 2014 plus de 3 milliards d'euros dont 625 millions de dotations aux collectivités, celles-là même qui sont en baisse. Parce qu'évoquant les politiques publiques, le préfet les expose au débat, tant dans leur application que dans leur orientation.

Certes, il ne répond pas aux questions d'orientation qui relèvent du gouvernement. Ainsi, quand Alain Marguet (Ornans, majorité) lui reproche les « talus non fauchés » et les « marquages horizontaux pas faits » sur les routes nationales et conclut « quand allez-vous passer à l'action ? », Stéphane Fratacci esquive : « ce n'est pas un exercice d'interpellation du gouvernement et le fauchage ne relève pas de l'Etat... »

Quelle doctrine pour les zones humides ?

Quand le vice-président à l'aménagement local et à l'environnement Philippe Alpy (Frasne) l'interpelle sur la longueur des études environnementales qui font traîner en longueur les travaux routiers, par exemple sur la côte de Fuans, ou la doctrine régionale en matière de zones humides qui est parfois en « incohérence avec avec les schémas d'urbanisme », le préfet propose une réunion de travail afin d'examiner « au cas par cas les difficultés ». Puis à la pause, les deux hommes prolongent leur échange...

Un budget modificatif de « simple ajustement »
Outre 500.000 euros pour accueillir davantage de mineurs isolés que prévu, la décision modificative du budget est présentée comme un « simple ajustement » du budget préparé par l'ancienne majorité socialiste. Les incertitudes pesant sur le marché immobilier, donc sur les recettes de droits de mutation (frais de notaire) entraînent une provision de 1 M€.
« La qualité de notre bilan laisse peu d'espace à d'autres orientations », a souligné la présidente du groupe d'opposition Martine Voidey (Valentigney) qui a appuyé là où ça fait mal à la droite : « quand nous sommes arrivés en 2004, le Doubs était sous-équipé en places pour les personnes âgées et nous avons renforcé le maintien à domicile ». 

De même, il ne répond pas au vice-président aux finances Philippe Gonon (Besançon) qui l'interpelle sur la baisse de la dotation générale de fonctionnement. C'est d'ailleurs l'ancien président Claude Jeannerot (PS) qui s'en charge : « vous êtes dans votre rôle, mais vous ignorez tout de l'historique : il a fallut attendre le 16 juillet 2013 pour enfin être entendu par un gouvernement, il ne s'est rien passé avant ». Et pan sur l'héritage chiraco-sarkozyste !

Et pan aussi sur l'ancienne opposition aujourd'hui majoritaire : elle critiquait l'augmentation des droits de mutation, elle semble partie pour l'entériner. L'ancien président donne quand même un satisfecit au vice-président Denis Leroux qui a dit le plus grand bien du plan très haut-débit adopté sous l'ancienne mandature, et a vertement critiqué Orange pour son attitude jugée « insupportable » de « dénigrement de notre projet », ce qui risque d'entraîner des retards sur le chantier.

Les incohérences du gouvernement

Le préfet ne répond pas non plus à la présidente Christine Bouquin qui tire à boulets rouges sur la réforme territoriale : « la loi NOTRe ne doit pas défaire ce qui est fait et qui fonctionne ». A juste titre, elle s'interroge encore et toujours sur la compétence transport-scolaire des départements : « sera-t-elle finalement maintenue ? Si le rôle fédérateur de la Région sur les transports peut paraître légitime, comment peut-on imaginer que l'on organise depuis Dijon le transports scxolaire de La Chenalotte, de Fontenotte ou de Monmahoux ? Pourquoi le gouvernement s'obstine-t-il à vouloir séparer le transport scolaire qui irait aux région, du transport des enfants handicapés qui irait aux départements ? »

Claude Jeannerot agace Philippe Gonon et Christine Bouquin
L'intervention de Claude Jeannerot sur la nécessaire mémoire du passé a agacé Philippe Gonon : « Vous avez eu la gentillesse de me donner une leçon de finances publiques, nous apprenons vite. D'ailleurs j'ai 20 ans d'expérience comme chef d'entreprise et 12 ans comme gestionnaire d'un établissement faisant 17 milliards de chiffre d'affaires ». L'ancien président a aussi énervé Christine Bouquin : « vous avez l'habitude de donner des leçons, dommage... »
Ça aurait pu en rester là, mais Claude Jeannerot a tenu à répliquer : « vous m'accusez de donner des leçons, mais quand ? Le jour de votre installation ? Je n'en ai pas souvenir. Ensuite, je ne suis pas intervenu. Est-ce infamant de rappeler que le partenariat noué à l'époque avec l'Etat a porté ses fruits ? J'ai toujours le souci des personne, je ne suis pas d'accord avec les arguments ad hominem. J'entends que l'ambiance que j'ai construite pendant onze ans soit respectée. En quoi rappeler votre désaccord sur l'augmentation du taux des droits de mutation serait une leçon ou irrespectueux ? Faute de quoi, ce sera difficile de débattre ! »

Elle souligne aussi que sa première décision budgétaire importante consiste à mettre 500.000 euros pour la prise en charge des mineurs étrangers isolés qui arrivent en nombre croissant dans le Doubs, du fait se situation frontalière, et sont aujourd'hui 140. « Le Département est responsable des mineurs en danger, mais l'Etat est responsable des politiques migratoires », explique-t-elle en indiquant plafonner l'accueil à 140 enfants étrangers sur 1000 accueillis chaque année au titre de la protection de l'enfance, en précisant ne pas être dans « l'approche radicale » des départements qui ont refusé d'accueillir ces mineurs sur leur territoire. Mais Danièle Nevers (PS, Baume-les-Dames) n'est pas d'accord pour cette limitation : « un département frontalier ne peut gérer seul ces arrivées nombreuses. Comment l'Etat entend-il mieux réguler le flux entre départements ? » Christine Bouquin lui a demandé de ne pas avoir de « défiance quant à l'accueil des plus fragiles ».

Marie-Laude Dalphin agace Christine Bouquin
Dans un long texte redondant, politicien, fleurant bon les passes d'armes du conseil municipal de Besançon, Marie-Laure Dalphin (majorité) a invité à « sortir de l'angélisme la politique migratoire » et critiqué Claude Jeannerot pour ne pas avoir « sécurisé les carrefours ». Puis elle a rappelé que « le groupe majoritaire s'est engagé à ne pas augmenter la pression fiscale sur les ménages ».
A son bureau, la pragmatique et peu idéologue Christine Bouquin a montré plusieurs signes d'agacement, se concertant avec la première vice-présidente Annick Jacquemet, et son directeur de cabinet... Assurément, les problèmes, pour la présidente, viendront davantage de son propre camp que de l'opposition !

La présidente annonce enfin pour la fin de l'année les « détails » de son « projet de mandat » qui sera la traduction du « projet politique » de l'union de la droite et du centre qui a gagné les élections de mars dernier. Cela suppose l'abandon du programme de l'équipe précédente Doubs 2017.

 

 

 

 

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