« Donnez-moi envie de faire la véloroute avec le tee-shirt Bruno Le Maire »

Les relais des candidats de la primaire de la droite et du centre commencent à mobiliser leurs soutiens. Les amis de l'ancien ministre de l'agriculture organisaient un apéro-débat mardi soir à Besançon. Au menu : discussion sur les valeurs et distribution du matériel, résumé du projet, tracts, tee-shirts...

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La tendance aux débats participatifs touche aussi la droite dont les électeurs sont, comme ceux de gauche, saisis par le besoin de parler politique. Mardi 24 mai, une vingtaine de militants et sympathisants prenaient ainsi l'apéro en soutien à Bruno Le Maire à la brasserie Granvelle de Besançon. Conseiller national du parti Les Républicains, François Cuche, chirurgien à la retraite, tente de différer le débat : « les gens ne savent pas encore comment voter, avant la campagne des candidats, il faut commencer la campagne pour la primaire ».

Référente de Bruno Le Maire pour le Doubs, Jacqueline Cuenot-Stalder, adjointe au maire de Morteau et conseillère départementale, ne l'entend pas de cette oreille. C'est elle qui invite et elle est bel et bien là pour soutenir l'ancien ministre de l'Agriculture pour qui elle avait voté lorsqu'il briguait la présidence du parti. « Il a la côte chez les élus ruraux. On a besoin d'aide, il faut qu'on soit percutant le moment venu, qu'on ait des référents dans chaque bureau de vote, il y a eu des problèmes par le passé... »

« Les retraités son notre électorat de base,
mais on peut gagner avec les jeunes »

Marie-Laure Dalphin, conseillère municipale de Besançon et conseillère départementale, commence à expliquer les modalités de la primaire, mais François Cuche la coupe : « avant la campagne des candidats, il faut faire la campagne de la primaire, les gens ne savent pas qu'elle n'est pas réservée aux adhérents LR... » Jacqueline Cuenot-Stalder rétorque d'un sourire : « c'est pour ça que j'ai choisi un binôme UDI ». C'est son voisin de table Patrick Jazel. Il se présente rapidement comme « ex UDF et ex MoDem... » A ses côtés, un autre UDI, Denis Poignant, président de la maison de quartier de Saint-Ferjeux. En face, l'ancien président de l'Union des commerçants de Besançon, Jérôme Cart. Au fond, Sébastien, jeune informaticien qui écoutera toute la soirée. Près de l'entrée, Agathe Henriet, avocate et vice-présidente de la CGPME du Doubs.

Jacqueline Cuenot-Stalder, adjointe d'Annie Genevard à Morteau, et conseillère départementale. A sa droite, Patrick Jazel, son binôme référent de Bruno Le Maire pour le Doubs.

Ancien maire des Gras, près de Morteau, Jean-Paul Bulliard se souvient de la venue de Bruno Le Maire aux Fins : « il a marqué les esprits, mais beaucoup ne pensaient pas qu'ils pouvaient le soutenir ». François Cuche l'interrompt : « on n'est  pas tous ici des soutiens de Bruno Le Maire ». On avait compris. Un imperceptible agacement masqué par un sourire, Jacqueline Cuenot-Stalder réplique : « on va parler de la primaire et de notre candidat ».

« Les jeunes ? On a du boulot, ils ne votent plus... »

Et elle se lance dans l'éloge de son champion : « il tient ses promesses, il est dynamique. Les retraités sont notre électorat de base, mais on peut gagner avec les jeunes. Il a une ouverture exceptionnelle auprès des agriculteurs. Il fait une campagne à la Chirac, chaque semaine il est partout depuis trois ans. On a besoin de ce souffle nouveau... » Un patron de PME soupire : « pour les jeunes, on a du boulot, ils ne votent plus... Et on sait en face de qui François Hollande veut être, je suis sûr qu'il y aura des consignes pour que des électeurs de gauche votent à notre primaire ». Sous-entendu, Sarkozy que pas grand monde n'a envie de voir revenir.

Les participants ne semblent pas croire à une participation des électeurs de gauche. Et qui sait, s'ils voulaient influer sur la désignation du candidat de droite, s'ils n'avaient pas acté une défaite de Hollande et voleraient au secours de Juppé. Spéculations... « Il faudra signer un engagement sur les valeurs de la droite et du centre. Et s'ils viennent voter, ça va accroître le nombre d'électeurs de la primaire, or ils ont peur qu'on fasse mieux qu'à la leur », dit François Cuche.

« Donner un petit électrochoc à la boutique France »

Philippe Gonon, élu municipal et départemental UDI, est aussi un supporter de Bruno Le Maire : « Je sors d'un débat départemental sur le fonctionnement de nos institutions, et c'est aussi pour ça que je le soutiens. J'ai envie de travailler avec lui, il est capable de donner un petit électrochoc à la boutique France. Cet électrochoc est urgent, ce n'est pas un problème droite-gauche, mais d'institutions, de fonctionnement quotidien. Quand va-t-on arrêter la spirale de l'endettement qui va atteindre 220 milliards à la fin de l'année ? Qui est capable de nous sortir de l'ornière ? »

François Cuche veut l'interrompre. Philippe Gonon ne se laisse pas faire : « laisse moi finir, pour une fois que je peux parler ! J'ai hésité avec Fillon, mais il a servi un homme qui a été d'une grande brutalité. Le matin en me rasant, je veux éviter un nouveau Sarkozy-Hollande ! » Une architecte, sympathisante non encartée, prend la parole avec passion : « Vous parlez des valeurs de la droite et du centre, mais elles ne sont pas visibles ! C'est le bordel à droite et au centre ! J'étais prête à voter Hollande à la primaire de gauche pour foutre le bordel à gauche ! J'ai vibré quand Le Maire qui a parlé des petits patrons. Je viens pour que vous me donniez envie de prendre le tee-shirt Le Maire et faire la véloroute avec... »

François Cuche lui « donne raison : on a l'embarras du choix, ils vous donneront envie de voter pour eux à partir du 10 septembre... » L'architecte le coupe : « c'est de la langue de bois ». Jean-Paul Bulliard insiste : « on est là pour parler de ce que Bruno Le Maire peut apporter. On a connu Juppé, Fillon qui n'a pas bougé le petit doigt, Sarko que je ne veux plus voir... »

« Bruno Le Maire ne clive pas comme
Sarokzy, l'extrême-droite ou l'extrême-gauche... »

Priscilla, jeune professeure de collège dans le Pays de Montbéliard, est également derrière l'ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin : « Bruno Le Maire apporte du bon sens, il ne clive pas comme Sarokzy, l'extrême-droite ou l'extrême-gauche. On peut être fonctionnaire sans se sentir dénigrée... Il dit que le collège unique est une cata, que la réforme des rythmes scolaires est une cata... Il apporte du concret, c'est tout bête, mais c'est ce qu'on entend dans les salles des profs où l'on n'accepte pas que la loi scolaire soit passée en force ».

Un petit patron en appelle au « bon sens », s'en prend à « la caste de l'ENA qui, de droite et de gauche, ne pense qu'à ses intérêts.... louis XVI a été une victime inutile puisqu'on a reproduit la caste... » Jacqueline Cuenot-Stalder en profite pour distiller des points du projet Le Maire : « il est opposé au cumul des mandats... ». François Cuche n'est pas d'accord : « ça se discute ». L'élue de Morteau poursuit : « il a fait des places aux jeunes, c'est la jeunesse qui fera la différence. Beaucoup de jeunes s'intéressent à la politique, pas forcément aux partis... Pendant la campagne départementale, on m'a demandé si j'avais abandonné mes enfants ! Il n'y a pas de place pour les jeunes femmes... »

Le RSI, la CIPAV et les régimes spéciaux

Quand elle parle du RSI, les petits patrons présents opinent. L'un critique « le prélèvement automatique de l'Urssaf qui ne marche pas, mais les pénalités sont en place ! » Il parle du « racket de la CIPAV qui ne répond jamais au téléphone ». Plusieurs demandent si la droite va enfin toucher aux « régimes spéciaux ». Ils parlent des retraites. Quand Philippe Gonon dit vouloir caser le code du travail, bravo à Vals qui veut l'assouplir », tous sont d'accord.

On termine sur la méthode. « Bruno Le Maire veut cent jours », dit Jacqueline Cuenot-Stalder. François Cuche se dévoile un peu : « Copé veut légiférer par ordonnances, je choisirai celui qui va le plus vite ». Philippe Gonon calme les ardeurs : « attention aux cent jours, il faut prendre aussi le temps. Nous avons vécu une passation de pouvoir »au département], c'est long. Les gens ne veulent plus d'un mec seul qui décide de tout, ne veulent de méthode à la hussarde... »

Un instant avant, il avait parlé d'électrochoc. Un petit patron reprend le terme, dubitatif. Il critique Jean-Louis Debré qui dit qu'il aura du mal à vivre avec 5000 euros par mois. Philippe Gonon rappelle que la retraite moyenne des patrons de TPE et PME est de 1200 euros par mois. L'architecte est pour l'exclusion de la vie politique de quiconque a un casier judiciaire. François Cuche demande pourquoi. « Parce que les élus gèrent le pognon des autres », assène Philippe Gonon.

L'apéro est fini, les verres sont vide, les échanges ont duré près de deux heures. C'est la distribution des tracts et des tee-shirts. Un objectif de la soirée était d'arriver à avoir un soutien de Bruno Le Maire dans chacun des 85 bureaux de vote du département.

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