Ça bouge à gauche du PS dans le Jura

L'initiative « Appel pour une majorité citoyenne » est en train d'embarquer cinq partis politiques (EELV, PG, PCF, NPA, Nouvelle Donne) et des personnes engagés mais non encartées. Les candidats aux élections départementales doivent être désignés par des assemblées citoyennes dans un tiers des 17 cantons du département.

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L'initiative part du monde rural et vient de loin. De plusieurs endroits, d'expériences militantes ou associatives variées, de patientes constructions de réseaux. Leur point commun est une rupture politique, une volonté d'envisager l'engagement public sous l'angle coopératif, un ancrage territorial quotidien.   

Les uns s'appellent « majorité citoyenne », d'autres parlent de « dynamique citoyenne » ou de « mouvement citoyen ». Ils lancent des appels, les discutent, les amendent, les corrigent. En tatonnant, ils mettent au point - passionnément - des principes de fonctionnement, de prise de décision, mettent à distance les appareils politiques sans pour autant refuser le soutien des partis tout en s'en méfiant. 

Le redécoupage cantonal a accéléré des processus, élargi les territoires d'élection à une dimension toujours humaine, mais moins personnelle, davantage politique. Autour du massif de la Serre, le nouveau canton d'Authume réunit les trois anciens cantons de Gendrey, Montmirey-le-Chateau et Rochefort-sur-Nénon. Les deux premiers à gauche, le troisième à droite. « On est engagés, ensemble ou séparément, sur les grands thèmes de l'environnement, de la solidarité, de l'égalité des droits, des services publics... On se connaît bien depuis 3 ou 4 ans », explique Laurence Bernier.

« Militante du Front de gauche et engagée au PC »

Gabriel Amard : « Christophe Perny se comporte comme un oligarque »
Secrétaire national du Parti de gauche, l'ancien maire Viry-Chatillon est l'un des inspirateur de l'Appel pour une majorité citoyenne. Dans un entretien, il revient sur le processus, la place des partis, les perspectives, des éléments de programme...
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Maire de Frasne-les-Meulières, à deux pas de la Côte d'Or, « militante du Front de gauche et engagée au PC », elle fera équipe avec Hervé Prat, maire NPA d'Eclans-Nénon, village niché entre le Doubs et la forêt de Chaux. Les sympathisants écologistes Pascal Blain, ancien conseiller communautaire du Grand Dole, et Nathalie Rude, maire de Romain-et-Vigearde, frontalier du Doubs, seront leurs suppléants.

« On a toujours travaillé ensemble sur les projets », dit Pascal Blain : « On est opposés à l'aéroport Dole-Tavaux, au dimensionnement et au choix du lieu de l'unité de méthanisation de Brevans qui va renforcer l'agriculture productiviste : on risque d'avoir des cultures dédiées rien que pour alimenter le digesteur. On a découvert le projet quand l'enquête publique était bouclée ».

Après trois « assemblées citoyennes » ayant réuni chacune une trentaine de personnes, une synthèse festive est programmée pour le 17 janvier. On y peaufinera les projets à coup de post-it avant quatre réunions thématiques en février.

« Avancer à partir des réseaux sur Voiteur et Poligny »

Les communistes entre crainte de division et espoir de renouveau
Elu depuis 20 ans, Michel Giniès se représente sans le soutien du PCF qu'il a quitté. Un PCF qui doit encore valider son engagement dans l'Appel pour une majorité citoyenne où sa secrétaire fédérale Nelly Faton est personnellement impliquée...
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A quelques variantes près, un processus identique est en cours sur le nouveau canton de Poligny qui s'adjoint la plupart des communes des cantons de Conliège et Voiteur. Marie-Odile Mainguet (EELV), devenue conseillère générale de Voiteur en août 2013 après le décès d'André Lamy (PCF) dont elle était la suppléante, sera-t-elle candidate à la candidature ? « Je suis une candidate possible, ça facilite les choses de connaître le système... ».

L'élection du quadrinôme se fera-t-elle ce mercredi soir à Briod lors la troisième « assemblée de canton » ? Pas sûr : « On pourrait voter au niveau cantonal, on a repoussé au 21 janvier la date butoir qu'on avait mise au 16... On s'est déjà mis d'accord sur la charte après beaucoup de discussions. Maintenant, on va avancer à partir des réseaux qu'on a davantage sur Voiteur et Poligny que sur Conliège... »

L'élection sera sans nul doute un test pour le projet de Center Parcs de la forêt de Poligny : « ce sera significatif, on ne veut pas de financement public sur ces grands projets », dit Mme Mainguet qui s'est retrouvée bien seule au Conseil général pour porter la critique sous les sarcasmes du président Christophe Perny (PS). Si elle est désignée, elle pourra porter le bilan du conseil cantonal instauré avec André Lamy : « on rend compte au moins deux fois par an, on abordait des sujets comme l'eau ou Baume-les-Messieurs, en invitant tout le monde. Il y a autant d'élus locaux que de citoyens... »

« Gérer avec l'envie de rendre le pouvoir plus citoyen »

Claude Buchot : « on sera force de proposition »
Le militant pour une agriculture paysanne ne cache pas les difficultés de l'entreprise, mais entend faire campagne sur des projets et une méthode.
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Viticulteur bio à Maynal, dans le Sud-Revermont, Claude Buchot a déjà une petite expérience des campagnes électorales. Ancien du PSU, il a été candidat PS aux cantonales de 1998 contre son frère jumeau et maire du village, Christian (alors RPR), puis candidat écolo indépendant en 2010... Il a aussi l'expérience des combats environnementaux, anime le comité Notre Dame des Landes Jura, milite à la Confédération paysanne, pourfend l'artificialisation des terres agricoles, défend une ceinture verte autour de Lons-le-Saunier.

Un jour de l'automne dernier, Gabriel Amard, qui conduisit la liste Front de gauche aux élections européennes, lui rend visite et expose sa réflexion sur ce qui deviendra la base de l'Appel pour une majorité citoyenne. « Il m'a soumis le truc et j'ai pris mon temps pour analyser, mesurer les enjeux... C'est allé assez vite », dit Claude Buchot. « Le moteur de ce mouvement fédéral, de cette union, c'est la façon de fonctionner, de gérer avec l'envie de rendre le pouvoir plus citoyen... »

Après l'appel que signent 25 personnes, le Forum de Gevingey l'enrichit d'une Déclaration le 10 décembre, puis une charte est discutée et adoptée le 7 janvier à Lons-le-Saunier. Elle préfigure ce que devrait être le programme commun auquel se référeront les assemblées cantonales qui s'en réclament. Pour l'heure, cinq à sept cantons sur les dix sept du Jura pourraient être dans cette « dynamique citoyenne ». Outre Authume et Poligny, les deux cantons de Lons, celui de Saint-Amour en sont. Ça frémit à Saint-Claude, et le canton de Dole 1 (ex nord-est) est tenu par Patrick Viverge, le représentant départemental de Nouvelle Donne qui soutient la démarche tout en gardant une certaine distance.

Patrick Viverge entre majorité sortante et « dynamique complémentaire »

Ancien socialiste, membre du Parti de gauche « le temps d'une élection » en 2011, Patrick Viverge est un peu atypique au sein de l'alliance citoyenne. Favorable à l'aéroport Dole-Tavaux - « même quand Christophe Perny était contre » - tout en voulant « limiter le pouvoir de décision » de Ryanair, il n'est « pas prêt à prendre une position maintenant » sur le projet de Center Parcs. Son positionnement intermédiaire fait qu'il ne veut « pas s'inscrire dans une dynamique anti-PS, ni dans une opposition à la majorité départementale sortante, mais dans la création d'une autre dynamique qui peut être complémentaire ».

Souhaitant « redonner la main au terrain », Viverge trouve « excellente » l'initiative initiée par Gabriel Amard et Claude Buchot « si ce n'est pas un accord de partis ». Peu locace sur les procédures citoyennes à Dole où « la dynamique n'est pas parfaite » car « l'élection arrive plus vite que prévu », il aimerait que les candidats soient choisis par un comité électoral tiré au sort, et « souhaite être investi ». De fait, il se retrouve sur une position charnière et l'hypothèse qu'il soit le seul élu à la gauche du PS n'est pas à exclure. « J'espère que ce qu'il a vécu l'a transformé autant que moi, autant que nous », lâche à ce propos, un brin mystérieux, Gabriel Amard.

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