Besançon : les soutiens de Benoît Hamon sur un petit nuage

Favori du second tour de la primaire, l'ancien ministre de l'Éducation nationale a redonné espoir aux militants de la gauche du PS. Ils voient revenir des anciens adhérents et espèrent une dynamique : « grâce à lui, la campagne ne se fera pas sur des sujets identitaires, on ne nous imposera pas les thèmes de la droite ou de l'extrême-droite ». L'union Hamon-Montebourg se fait naturellement dans le Doubs et le Jura.

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Les soutiens de Benoît Hamon sont-ils sur un nuage ? La question se pose quand on les entend chanter les louanges du favori du second tour de la primaire socialiste. Réunis jeudi soir au siège bisontin du PS pour suivre notamment le meeting de Montreuil, ils mettent également en scène la reconquête du parti par la frange ancrée à gauche de son électorat. A entendre Alexandre Cheval, de la section de Quingey, c'est ce qu'ont permis les orientations portées par le candidat : « Des anciens adhérents qui étaient partis après le référendum nous ont donné un coup de main pour la campagne, se sont reconnus dans les valeurs de Benoît Hamon : de gauche et modernes. » 

La benjamine du conseil régional, Elise Aebisher, confirme : « On a senti la même chose sur Besançon. » Théo est dans le même esprit : « J'avais quitté le PS et le MJS, et me revoilà... Quand j'ai lu le programme, c'était ce que j'attendais. Et j'ai pris plaisir à faire campagne... » Avec délectation, il reprend un argument du candidat : « Le revenu universel et le CICE, c'est à peu près la même somme... »

Marcel Ferréol, le mandataire d'Hamon pour le Doubs, souligne qu'une quinzaine d'inconnus des réseaux socialistes se sont manifestés pour « aider » en écrivant au site national. Julien Boyer les a contactés : « ils m'ont parlé de leurs idées, de leurs questions... On ressent une vraie dynamique ». Enzo est aux anges : « On n'imaginait pas ça il y a quelques mois. On se disait que 2017 allait une catastrophe, une débâcle. Ça peut être une très belle année. Grâce à Benoît Hamon, la campagne ne se fera pas sur des sujets identitaires, on ne nous imposera pas les thèmes de la droite ou de l'extrême-droite ».

« Nous projeter dans l'avenir »

Barbara Romagnan jubile, loue « la capacité de Benoît à nous faire nous projeter dans l'avenir, ça nous sort des bagarres passées... » Marcel Ferréol s'enthousiasme, cite la sociologue Dominique Méda : « Benoît Hamon a fait basculer le corpus de la gauche dans l'écologie ». On lui fait remarquer que la conversion environnementale de Jean-Luc Mélenchon a précédé celle de Hamon, il admet la convergence. Et insiste sur la forme, « le ton non agressif » de son candidat...

Les soutiens d'Arnaud Montebourg sont là. La conseillère régionale Salima Inezarène est venue du pays de Montbéliard où l'on a « immédiatement soutenu Benoît Hamon ». Barbara Romagnan salue le ralliement rapide du héraut de la démondialisation : « c'est d'autant plus chic de l'avoir fait si vite et si bien que ça a été raide pour lui ». Marcel Férreol insiste sur l'union qui s'est aussi réalisée dans le Jura avec une « réunion commune » (lire encadré plus bas).

Soutien de Vincent Peillon, Fabrice Frichet est quant à lui venu de L'Isle-sur-le-Doubs : « J'appuie Hamon parce qu'il est à gauche, comme Mitterrand... On est au pied du mur : ou on est à gauche, ou bien... » Il dit avoir tenté de convaincre les autres soutiens de Peillon de rejoindre Benoît Hamon, mais... »

« Une mutation de chef de courant en candidat crédible »

Il y a aussi « l'orphelin » du courant Filoche qui n'a pas pu se présenter, Hervé Groult. Il regrette l'absence à la primaire du MRC et de Nouvelle Donne qui auraient pu en « élargir » l'audience. Il est lui aussi séduit : « J'ai senti chez Benoît Hamon une mutation de chef de courant en candidat crédible pour la gauche. C'est en débattant des idées qu'on y arrivera. Lors du débat [avec Manuel Valls], il a franchi un pallier supplémentaire, il peut arriver au second tour... »

Les idées, c'est ce qui compte pour Anne-Sophie Andriantavy, adjointe au maire de Besançon. Initialement soutien de Montebourg dont « l'attitude [lui] a déplu », elle insiste sur la « vraie philosophie » du projet Hamon : « il cible les problèmes, regarde la réalité en face, constate que sur le cannabis ou les migrants [nos façons de faire] ne marchent pas. Légaliser le cannabis est différent du rêve, c'est être pragmatique... »

La quinzaine de militants approuvent Salima Inezarène : « Les démarches d'Arnaud Montebourg et Benoït Hamon se tournent vers les citoyens, permettent le débat d'idées, construisent une démocratie solidaire : c'est refonder la politique pour avancer, ouvrir une espérance, ça change du climat délétère ». Elise Aebisher hoche la tête : « ils ont ramené des gens vers la politique ». Hervé Groult confirme : « des gens qui m'avaient dit qu'ils ne voteraient plus jamais PS sont venus voter Benoît Hamon... » Anne-Sophie Andriantavy dit la même chose : « Mes filles ne voulaient plus voter utile, elles ont voté Hamon... »

Ces socialistes qui ont entendu des manifestants contre la loi travail scander « tout le monde déteste le parti socialo » pensent-ils que Benoît Hamon peut solder le quinquennat au début duquel il a participé ? Sont-ils sur leur petit nuage alors que le second tour de la primaire est encore à venir ? Anne-Sophie Andriantavy ne veut pas crier victoire : « Attention, là, on est entre convaincus, il peut encore se passer des choses insensées... » 

 

   

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