Besançon : le retour de la semaine scolaire de quatre jours acté par le conseil municipal

Les élus ont voté à l'unanimité une délibération demandant au Directeur des services de l'Education nationale de revenir aux quatre jours après que la consultation du 10 décembre a permis à 2% des Bisontins d'obtenir 57% des voix sur ce choix... C'est une victoire du consumérisme, un camouflet pour les connaissances scientifiques et une défaite des idées de gauche...

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Au terme d'un bref débat, le conseil municipal a voté à l'unanimité, jeudi 18 janvier, une délibération « autorisant le maire à solliciter auprès du Directeur académique de l'Éducation nationale une dérogation à la semaine scolaire de 9 demi-journées et à demander un retour à la semaine de 4 jours ».

Après la consultation du 10 décembre, cette décision n'est pas surprenante, Jean-Louis Fousseret ayant d'avance annoncé que le résultat du scrutin serait légitime, quelle que soit la participation. Celle-ci a été de 3,6% des électeurs inscrits, et même inférieure à 3% des Bisontins adultes puisque le vote était ouvert à tous. Avec 57% des voix, la victoire de la proposition « 4 jours » est nette, mais on peut la relativiser en constatant que seuls 2,07% des inscrits et 1,6% des Bisontins adultes l'ont choisie.

Ludovic Fagaut (LR) a donc eu beau jeu de se gausser des « 96% d'abstention », disant que le débat du 27 novembre l'avait laissé « dubitatif » et s'exclamant : « tout ça pour ça ! » Personnellement favorable aux 4 jours, il estime que « résumer la réforme à 4 jours ou 4 jours et demi, c'est se tromper », tant la problématique doit intégrer les questions des « locaux scolaires, des emplois du temps, de la durée des séquences de cours... » 

Laurent Croizier « pose la question de la légitimité du résultat »

Jean-Louis Fousseret rétorque mollement qu'il est « difficile d'être pour la démocratie participative et de critiquer ». Laurent Croizier (MoDem) le fait quand même : « les conditions d'une participation suffisante n'ont jamais été réunies : les enseignants et les personnels exclus du débat, aucune évaluation du dispositif existant, neutralité politique non respectée de la part de l'adjoint... » Bref, il considère que tout cela « pose la question de la légitimité du résultat » et attribue « l'échec de la consultation à la méthode ». Ne s'en formalisant cependant pas tant que ça, il espère qu'on va « enfin travailler au fond : améliorer le travail scolaire, considérer les capacités d'accueil des écoles, remplacer les équipements, poser la question de la taille des établissements scolaires dans les quartiers prioritaires... »

Jacques Grosperrin (LR) parle lui aussi d' « échec » en relevant que chaque voix a coûté une vingtaine d'euros. « Soit il y a eu un problème de méthode, ou d'information... » L'adjoint Yves-Michel Dahoui se défend : « c'est la première fois que j'entends une déception sur la qualité d'un débat éclairant... »

Quant à la légitimité, il tranche : « 2700 personnes, c'est mieux que l'ensemble des conseils d'écoles ou les 55 conseillers municipaux. Parler d'échec n'est pas respectueux pour ceux qui se sont déplacés... Deux tiers des conseils d'écoles sont pour les 4 jours, la société est pour les 4 jours. J'ai dit ma position (NDR : 4,5 jours dont le samedi matin), mais on ne peut pas violer les convictions... On ne baissera pas la voilure sur le périscolaire ».

Et si on avait consulté l'ensemble des parents dans chacune des écoles?

La section PCF et le groupe EELV de Besançon s'étaient prononcé pour 4,5 jours dont le samedi matin, la section PS pour une des deux solutions à 4,5 jours, mais pas le groupe PS du conseil. Après la séance, on s'étonne auprès de Thibaut Bize du vote des élus communistes. Il répond qu'ils ne pouvaient pas aller contre le résultat de la consultation dès lors qu'ils en avaient accepté le principe. N'empêche, ils se sont prononcés à rebours de leurs conviction sur le sujet.  

Avant le conseil, on avait fait remarquer à Yves-Michel Dahoui le paradoxe de la situation : la contradiction béante entre les avis quasi unanimes des chercheurs et celui d'une majorité de parents. Il en avait convenu, s'en désolant. Et constatant que la responsabilité première était au gouvernement qui s'est défaussé d'une décision lui revenant en laissant les conseils municipaux et les conseils d'écoles se dépatouiller avec une problématique sans en maîtriser tous les ressorts.

Dans le public, l'ancien élu socialiste Frank Monneur, tête d'une liste divers-gauche aux municipales de 2014, aujourd'hui MRC, présent à tous les conseils, nous soufflait qu'une consultation de l'ensemble des parents dans chacune des écoles aurait eu bien davantage de participants... et de légitimité. 

 

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