Besançon : le budget adopté, les oppositions dispersées

Le budget 2013 de la capitale comtoise a sans surprise été adopté lundi soir après plus de deux heures et demie de débat par la seule majorité municipale de gauche (PS, EELV, PCF, Alternatifs) ouverte dès 2008 à des personnalités de droite modérée. Les cinq élus du groupe UMP-Nouveau centre ont voté contre. Les cinq élus centristes se sont abstenus.

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Le budget 2013 de la capitale comtoise a sans surprise été adopté lundi soir après plus de deux heures et demie de débat par la seule majorité municipale de gauche (PS, EELV, PCF, Alternatifs) ouverte dès 2008 à des personnalités de droite modérée. Les cinq élus du groupe UMP-Nouveau centre ont voté contre. Les cinq élus centristes se sont abstenus. La recomposition du centre, ou plutôt des centres, aura été la première information de la séance. L'UDI a fait son aparition et compte deux élus : Monique Roppers, qui siégeait avec Catherine Gelin dans une scission du groupe UMP-Nouveau centre baptisée « Au Centre ensemble, parti radical », a rejoint Philippe Gonon qui conduisait en 2008 la liste MoDem et conduira une liste UDI en 2014. Odile Faivre-Petijean reste au MoDem et... traverse la table pour siéger aux côtes de Catherine Gelin et de Martine Jeannin, élue Gauche moderne en 2008 sur la liste UMP et depuis unique membre du groupe Centre droit.
Seconde information : Philippe Gonon était en train d'expliquer, métaphore biblique à l'appui que « François Hollande s'étant trompé sur la croissance, le chômage et le déficit, avec quoi allons nous financer nos investissements ? L'argent étant rare et la prudence de mise avant d'emprunter, j'ai peur que ce soit avec l'impôt ». C'est alors qu'arriva Jacques Grosperrin, candidat à la candidature pour conduire la liste UMP. Il s'installa à la table de presse, répondit au clin d'oeil de Michel Omouri par un sourire, écouta ses amis politiques ferrailler contre Jean-Louis Fousseret, leva les yeux au ciel en l'entendant répliquer « vous allez le faire à chaque fois » à Jean Rosselot qui venait pour la centième fois de dire que « la moitié de la ville est hors de portée du transport en site propre ». Jacques Grosperrin n'attendit pas le vote du budget pour s'éclipser 80 minutes après être apparu.

Les rythmes scolaires avant fin mars

Un contentieux avec Réseau Ferré de France
Jean-Louis Fousseret a haussé le ton à l'égard de Réseau Ferré de France qui lui a fait l'affront de le laisser découvrir par la presse qu'on allait inaugurer le quai 4 de la gare Viotte : « le procédé est inélégant, inacceptable, mensonger. Ce quai 4 est né de la volonté des usagers, de la ville, des adjoints… pas de RFF qui n'en voulait pas. Le présenter comme victoire de RFF est un peu fort de café quand la ville paie 20 des 30 millions de l'aménagement de la gare ». L'affront vient après le camouflet du départ à Dijon des salariés RFF qui travaillaient à Besançon lors de l'étude de la LGV Rhin-Rhône. Moyennant quoi le maire n'a pas assisté à l'inauguration des locaux bourguignons « car les locaux accueillant les gens déplacés de Besançon sont dans un préfabriqué. Je demande que reviennent ici. Ce mépris de RFF pour les collectivités locales est scandaleux… J'ai demandé, avec la présidente de région, à être reçu par RFF, pas de réponse ! »

A par ça, chacun fut dans son rôle. Jean-Louis Fousseret expliqua que ce dernier budget avant les prochaines élections municipales est  « conforme au plan de mandat, responsable,  sans hausse des taux, avec un emprunt modéré », mais c'est quand même un « budget d'action alors que les perspective économiques sont difficiles, que les dotation de l'Etat sont diminuées par la loi de finances pluriannuelle 2011-2017 ». Il se dit confiant : « nous abordons sereinement l'avenir, les efforts seront acceptés s'ils sont expliqués, justes, partagés… » Il passa en revue les détails du document, de la solidarité à l'insertion, du handicap au soutien aux associations : « On investit dans les quartier, c'est sans doute pour ça que la  situation est moins mauvaise qu'ailleurs… » Il évoqua l'environnement et la qualité de la vie qui sont cités « souvent dans population », aborda la « tranquillité publique » pour laquelle il a « redis au préfet [son ] inquiétude pour les 408 pour lesquels il faut être plus qu'attentif, il faudra frapper fort... euh, non, je veux dire que les gens ont droit à une vie paisible ».
Il renvoya les rythmes scolaires au prochain conseil municipal « avant fin mars ». D'ici là, les concertations vont bon train avec les syndicats, les parents d'élèves et les directeurs : « nous en parlerons ensuite en exécutif puis nous présenterons un projet éducatif local au conseil ». 

Rythmes scolaires : 1,2 million selon Christophe Lime (PCF)

Interrogé vendredi dernier en conférence de presse sur l'évaluation du coût pour la ville de la réforme des rythmes scolaires, il avait botté en touche : « entre plusieurs centaines de milliers d'euros et moins d'un million ». Au conseil, la même question a été posée par Monique Roppers. Il a à nouveau botté en touche : « je répondrai tout à l'heure ». On attend encore. En fait, c'est Christophe Lime (PCF) qui a lâché le morceau en intervenant pour son groupe : « la réforme des rythmes scolaires coûte 150 euros par élève et par an, soit 1,2million d'euros, c'est l'équivalent de deux points d'impôts locaux… Nous sommes pour l'annulation de la baisse de la dotation de l'Etat et favorables à un financement pérène pour les transferts de compétences dont les rythmes scolaires ». Inconfortable position que celle d'être « l'aiguillon » interne de la gauche. Il entendait aussi répondre à Jean-Marie Girerd (UMP) pour qui « Chistophe Lime va être un déçu de la gauche », tirade qui provoqua quelques rires dans l'assistance. Mais l'élu communiste ne bougea pas d'un poil sur sa ligne : « le PCF ne souhaite ni la défaite de la gauche, ni l'échec du gouvernement car derrière, ce serait la droite et l'extrême-droite. Ne nous assimilez pas à une quelconque opposition. Sarko 2 ou Le Pen 3, ça ne nous intéresse pas. Chaque fois que les communistes n'ont pas été d'accord, ils l'ont dit, ont voté parfois négativement certains budgets : ça fait l'efficacité de la diversité du conseil... » Puis il revint sur les  conséquences locales de la politique gouvernementale : « 5 ans à -1% sur les dotations, ça devrait conduire à augmenter les impôts locaux de 10%. C'est impossible ! » 

Philippe Gonon (UDI) : « une seule variable, la baisse des dépenses de fonctionnement »

Auparavant, Michel Omouri avait assuré que les dites dotations allaient baisser de 4,5 milliards, avant une tirade à contre-emploi : « alors que les dépenses publiques sont le seul moteur de la croissance, vous faites des coupes… Dites la vérité, si vous êtes réélu, vous allez augmenter l'impôt en 2014 comme Hollande ». Jean-Louis Fousseret corrigea LF : « Ce n'est pas 4,5 milliard mais deux fois 750 millions ». Philippe Gonon (UDI) en conclut qu'il n'y a qu'une seule « variable, la baisse des dépenses de fonctionnement. Comme l'Etat, nous devrions les diminuer en valeur absolue… Et votre politique d'urbanisme, est elle bien maîtrisée ? L'emploi et l'économie  ne sont pas vos priorités... » Fousseret le reprit au vol : « vous devriez savoir que la compétence économique, c'est l'agglo ! comme les transports ! Vous le savez, alors pourquoi le dites vous ? Quant à réduire les dépenses de fonctionnement, vous aurez remarqué qu'à périmètre constant, elles ont baissé de 2,3%. La situation difficile où nous nous trouvons n'est pas le résultat d'une politique de gauche, mais d'une politique inconséquente de 5 ans qui a mené la France à la faillite, Fillon l'a dit dès 2007… Le gouvernement est en difficulté, mais il gère l'héritage, il est courageux et prend les mesures nécessaires… »
Réplique de Pascal Bonnet, également candidat à l'investiture de l'UMP : « vous nous faites le numéro de l'héritage, mais si la France est en difficulté, on le doit aux 35 heures ! » « Mais remontez au Front populaire », dit Jean-Louis Fousseret. Pascal Bonnet poursuit : « lors du débat d'orientation budgétaire, on a appris la baisse historique dotations aux collectivités, mais le plan relance [sarkozyste] avait été une occasion de relance pour les collectivités. Vous parlez du gel des dotations alors qu'elles baissent… » Puis il glisse un satisfecit, comme pour ne pas seulement faire de l'opposition systématique : « Vous faites le choix de limiter le fonctionnement et mettez l'accent sur investissement, c'est sans doute bon choix. Mais donnez vous aussi l'occasion de maintenir une fiscalité aux mêmes taux à l'avenir. Il y a a encore des hausses des subventions et les investissements sont obérés par le tram. Il y a un coût indirect des transports. Le musée des beaux arts a des coûts supérieurs aux annonces, je soutiens la démarche de la Maison Victor Hugo, mais c'est encore 1,4 M€ cette année… Je suis surpris, cette maison vient de GBH... » 

Jean Rosselot : « changez de logiciel ! »
Jean-Louis Fousseret : « changez de didacticiel !»

Jean Rosselot, autre candidat à la candidature UMP, déjà deux fois tête de liste malheureux en 2001 et 2008, veut remonter l'origine de la « dette abyssale » à 1981… 1983. Il veut un « changement de postures, de logiciel » et ébauche son programme : « quatre exigences pour nos actions futures : vérité, sobriété, justice, efficacité. Il faut à l'exécutif de cette ville une grande vision d'avenir… Jusqu'à la présidentielle, il n'y avait pas de crise, seulement un mauvais gouvernement ! C'est ridicule et excessif… » Il parle depuis dix minutes quand le maire le rappelle à l'ordre via le président du groupe UMP : « Monsieur Girerd, faites respecter règles bonne volonté… ». C'est Rosselot qui répond : « on n'est pas muselé… » Fousseret rétorque, taquin : « si vous êtes désigné tête de liste, changez de didacticiel ! Les gens vous aiment, vous êtes connu, je ne sais pas qui sera désigné, vous ou le candidat de Jean-François Copé ». Après le conseil, une élue socialiste en rigole encore : « Fousseret est fort, il parle de Grosperrin sans même le citer... »
Jean Marie Girerd invoque à son tour le changement en prenant un ton grave qu'on lui entend rarement : « Changez de braquet, de posture, de méthode, de gouvernance à l'agglo comme à la mairie : mutualisez, allez voir les présidents de la région et du département, des autres pôles métropolitains pour mutualiser au niveau franc-comtois, harmonisez les compétences économiques, la prospective... » Puis il se tourne, blême, vers Jacques Grosperrin.
Vient le tour de Benoît Cypriani qui explique que les Verts « voteront » le budget, sauf la vidéo-surveillance, mais ne sont « pas ravis de certaines tournures, par exemple les dépenses de personnels qui sont des services à la population qu'il faut maintenir... Si l'ANAH agence nationale d'amélioration de l'habitat ne dépense pas tout, c'est parce qu'il n'y a  pas assez de dossiers déposés par manque d'accompagnement, ça c'est du personnel. Pour lutter contre la précarité énergétique, il faut sortir des mots, il faut du personnel ».

 

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