Besançon entre le GIEC, le musée qui rouvre et les délégations de service public…

Saint-Paul de Giovanni Battista Beinasch

Le conseil municipal de lundi 12 novembre doit notamment examiner les relations entre la ville et nombre d'entreprises privées délégataires ou usagères de services publics, du musée des beaux-arts au casino, de la musique à l'énergie... Il enregistrera l'augmentation en 2017 des tâches du CCAS et travaillera sous le regard d'associations de défense de l'environnement manifestant pour la prise en compte du climat...

saint-paul

Le budget n'est pas à l'ordre du jour du conseil municipal de Besançon de lundi 12 novembre. Pourtant, plusieurs associations de défense de l'environnement se rassembleront devant l'hôtel de ville, à 16 h 30, pour exhorter les élus à agir d'ici la fin du mandat pour participer à l'inversion de la courbe des émissions de CO². Leur long texte (à lire ici sur Factuel ou sur Association Vélo Besançon) est un véritable programme, dont certaines lignes sont déjà engagées, reconnaissent-elles en demandant cependant d'accélérer résolument.

Du coup, c'est une invitation à adjoindre aux éléments de contexte qui ouvrent généralement le document d'appui à l'annuel débat d'orientation budgétaire. Comme celui n'est pas prévu avant plusieurs semaines, voire le début de l'année prochaine, le vote du budget devant avoir lieu fin mars, on verra si cette invitation se mue en recommandation réellement entendue. Quoiqu'il en soit, cela donne le ton de l'un des aspects de la campagne pour les municipales de 2020... Reste que ce n'est pas trois ans dont dispose l'actuel conseil, comme le disent les auteurs de l'appel, mais la moitié...

Le musée rénové va s'offrir partiellement aux mécènes...

Plus prosaïquement, ce conseil est aussi le dernier conseil municipal avant la réouverture du musée des beaux-arts annoncée, vendredi 16 novembre, en présence du président Emmanuel Macron. Les élus examineront notamment les projets de conventions avec une dizaine de mécènes qui, moyennant un soutien global de 116.400 euros pour l'aménagement d'une salle, la réalisation d'un catalogue ou d'actions de médiation, pourront communiquer avec l'image du musée ou se l'offrir quelques heures en usage privé à prix d'ami.

On verra donc un garage automobile et des banques, un promoteur immobilier et le Medef, un fabriquant de transducteurs à ultrasons et un grand cabinet comptable, EDF et la Caisse des dépôts ou la papeterie de Novillars tenir des soirées privées au côté du Saint-Paul de Giovanni Battista Beinaschi, un peinte italien du XVIIe siècle dont les élus sont également invités à ratifier la participation de la ville à l'achat (75.000 euros) à la galerie Canesso aux côtés du Fonds régional pour l'acquisition des musées et de l'association Les Amis du musée qui met le plus à la poche (40.000 euros).

C'est aussi le premier conseil après l'assassinat de Razia et les élus auront à se prononcer sur l'attribution d'une subvention de 400 euros à Solidarité-Femmes pour sa contribution aux manifestations du 25 novembre, journée internationale de luttes contre les violences faites aux femmes.

Nul doute que l'événement tragique du 30 octobre, et peut-être l'incurie de police à tenter de l'empêcher, susciteront des expressions des élus. Et sur ce sujet, la question est bien loin de la récurrente polémique sécuritaire sur l'armement de la police municipale...

Ce conseil sera aussi l'occasion de la présentation de plusieurs rapports d'activités 2017, l'un des plus sensibles étant celui du CCAS. Celui-ci ouvre sur la pauvreté, soulignant que les 1439 personnes ayant reçu une aide financière – de 175 euros en moyenne – étaient très sensiblement plus nombreux qu'en 2016 (+5%), le montant global de l'aide (252.000 euros) ayant quant à lui augmenté de 17%.

CCAS : plus d'activité, moins de postes...

On apprend aussi que sur 304 microcrédits sollicités, 78 ont été accordé et fait l'objet de contrats. On note que 6701 personnes vivant dans 2581 foyers ont reçu une aide alimentaire. On souligne que les services du CCAS ont enregistré 20.393 passages, effectué 4.986 entretiens, que les antennes sociales ont eu 8.869 accueils physiques, 10.642 accueils téléphoniques et 3851 entretiens...

La résidence sociale Agora a hébergé 4588 personnes à l'occasion de 21.314 nuitées, le CHRS des Géraniums 38 personnes pour 6823 nuitées, et les lits de la halte soin santé ont vu 22 personnes pour 3102 nuitées. Les 79 personnes accueillies en résidence sociale sont restés en moyenne un an et demi.

Quant aux « résidences autonomie », où vivent des personnes âgées non dépendantes, elles ont un taux d'occupation de 93% et des délais d'attente variant de quinze jours (Huot) à quinze mois (Les Lilas). Le soutien à domicile, soins, portage de repas, accompagnement, a concerné 1629 personnes âgées et/ou avec handicap. Plus en détail, 803 personnes ont été visitées en moyenne 135 heures chacune, et 742 « usagers » ont reçu en moyenne 21 repas par mois livrés à domicile, soit un total de 127.291 repas... 

On ne chôme donc pas au CCAS, aux premières loges de la solidarité communale. D'autant moins que l'effectif est passé de 420 à 398 personnes, baisse largement supportée par le secteur autonomie (de 283 à 253 agents) tandis que le secteur solidarité était stable (de 91 à 93) mais que la direction et le secrétariat général passaient de 46 à 52 postes !

Concerts rock et classiques à 20 euros

Quarante mille spectateurs ont payé en moyenne 19,80 euros pour assister à l'un des 65 concerts de la Rodia, dont 45 autoproduits, où ont joué 233 groupes dont un tiers de locaux et régionaux. A hauteur de 912.000 euros, les recettes de billetterie de la la salle sont quasi équivalentes aux subventions, la ville mettant 532.000 euros.

Les auditeurs de l'orchestre Victor-Hugo Franche-Comté ont réglé quasiment la même somme (20 euros en moyenne) pour écouter les 170 artistes dont 75 musiciens permanents lors d'une des 46 manifestations dont 20 à Besançon. Les dépenses de fonctionnement se sont montées à 1,8 million (73% de masse salariale) pour 1,7 million de recettes dont 300.000 euros de billetterie et 1,4 ME de contributions et subventions. Si l'on divise les recettes de billetterie par le tarif moyen, on arrive à 15.000 entrées payantes, mais le rapport au conseil municipal ne donne pas de chiffre.

Le « succès » de la crémation

Parmi les compte-rendus, figurent ceux de services en délégation de service public, autrement dit confiés par la collectivité au secteur privé. C'est le cas du crématorium que gère la société Atrium, filiale du géant de l'eau SAUR. On découvre un déficit de 119.000 euros pour 2017, inférieur à celui de l'année précédente (163.000 euros), ce qui s'explique par une augmentation croissante du nombre de crémations, à Besançon comme ailleurs. En 2017, les familles des défunts payaient 501,19 euros (TTC) dont une taxe de 42,30 euros perçue par la ville et reversée au délégataire.

Le tableau ci-contre, tiré du rapport présenté au conseil, montre bien l'évolution croissante de la crémation comme rite funéraire dans la région (cliquer sur la tableau pour l'agrandir).

Les élus examineront aussi le rapport consacré à l'avant dernière année de la longue DSP accordée à Numéricâble en 1989. « Les engagements initiaux du contrat, vieux de 30 ans, n’ont pas été et ne seront pas respectés du fait d’un secteur dont la technologie évolue très vite et dans un contexte de concurrence agressive. La qualité de service semble s’être améliorée sur Besançon », conclut le rapport après avoir relevé que le nombre de prises (38.356) est stable, tout comme les abonnés au service antenne (13,049) alors que le nombre d'abonnements individuels augmente sensiblement (4928, soit 892 de plus).

Casino : les jeux sont repartis !

Est-ce une bonne nouvelle ? Sans doute pas pour l'état de santé anthropologique, certainement pour les finances de la ville : après sept ans de baisse, l'activité a renoué avec la croissance au casino ! Il a compté 179.910 entrées en2017, soit une augmentation de 9,3% par rapport à 2016. Il a renouvelé une partie de son parc de 125 machines à sous sur lesquelles se réalise 90% du produit, bien plus que les 14 postes de roulette anglaise et les quatre tables de jeux... Les joueurs y ont « investi » plus de 12 millions, contre 15 millions en 2011...

Néanmoins, le chiffre d'affaires de 6,8 ME est inférieur aux dépenses et le casino a enregistré un résultat négatif de 345.000 euros qui ne doit que légèrement impacter les résultats de Moliflot à laquelle, filiale du groupe Joa, à laquelle appartient le casino bisontin. Moliflor a réalisé près de 21 millions de bénéfices en 2017, soit dix fois plus qu'en 2016. Et la holding de Joa avait réalisé un résultat positif de 2,6 millions en 2016, les autres documents comptables n'étant « pas disponibles ». La ville de Besançon a pour sa part touché plus de 2 millions de l'établissement de la Mouillère qui, dans le même temps, a légèrement fait fondre ses effectifs de 72,6 équivalents temps pleins à 69,35...

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