Besançon : dernier budget avant l’impossible 2017 ?

Voté par la seule majorité municipale PS-Verts-PCF, le budget 2016 maintient des investissements à la même hauteur que l'an dernier. La droite cherche « le dynamisme et la volonté » et parle de « budget de sous-préfecture », ce qui ouvre le débat sur la rivalité avec Dijon...

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On est rarement surpris en bien par la pertinence du FN dans les assemblées des collectivités locales. Lundi 4 avril lors du vote du budget 2016 de Besançon, l'un de ses deux élus municipaux, l'ancien gendarme débonnaire Philippe Mougin mettait en garde le maire : n'aurait-il pas pris un risque en faisant délibérer l'assemblée alors que le budget doit être adopté avant le 31 mars ? Patatras, la loi a changé et on peut voter un budget jusqu'au 15 avril, a répondu Jean-Louis Fousseret.

En fin de séance, M. Mougin a aussi présenté une motion visant à interdire l'accueil des cirques avec des animaux sauvages au nom de l'atteinte à leur intégrité physique, psychologique, biologique.... Un micro ouvert a enregistré une petite phrase gourmande du maire à l'intention de son seul voisin : « je vais lui répondre, tu vas voir... » Il a sorti une déclaration de Marie Le Pen répondant « non » en pleine campagne présidentielle à une sollicitation de la fondation Brigitte-Bardot : « démagogie que d'avoir une posture de principe sur le vrai sujet de la condition animale, politicien ! », s'est délecté Fousseret. « Dans la vie, on évolue », a bredouillé l'élu FN. Mais la véritable critique a été portée par l'écologiste Anne Vignot : « des villes FN acceptent la maltraitance des pratiques taurines... Votre motion vise surtout à s'attaquer au cirque ». Reste qu'elle n'a été rejetée que par les seuls socialistes, la droite, le centre et les communistes ne participant pas au vote alors que les écolos s'abstenaient...

La communiste Solange Joly a aussi commenté le refus systématique du FN de voter quelque délibération que ce soit relative à la coopération internationale : « A Besançon, on est ouvert, on est pour une ouverture humaine... » L'élu FN n'a pas commenté, habitué qu'il est, dit-il parfois, à voir son mouvement passer « pour des méchants ».

Jean-Louis Fousseret : « Nous ne pouvons pas aller plus loin »

Autrement, le budget 2016 a été adopté avec les seules voix de la majorité PS-PCF-Verts, les oppositions droite-centristes et FN votant contre. A bien y regarder, les propos de la droite et du maire se rejoignent dans l'analyse d'un contexte bien connu : la poursuite de la baisse des dotations de l'État. « On aura des problèmes pour faire le budget 2017 », anticipent déjà Jean-Louis Fousseret et Eric Alauzet. Le maire a aussi entendu la société civile et les critiques d'une bonne partie de la gauche : « J'en appelle à la raison, nous ne pouvons pas aller plus loin. C'est inacceptable pour notre avenir. Il y a une forte demande d'investissements des collectivités. J'irai dire tout ça à Matignon le 15 avril avec André Rossinot... »

Pour l'heure, la Ville vend des voitures, des immeubles « non indispensables », opère des « regroupements de fonctions », « renégocie les contrats et les emprunts »... Elle « associe les associations aux efforts » : les subventions perdent globalement 5,1%. Les crédits d'exploitations des services municipaux chutent de 5,3%. Les sommes allouées au CCAS ne baissent pas, c'est une des raisons qui conduiront les communistes à voter le budget comme ils l'avaient annoncé.

Jacques Grosperrin : « Besançon est bien gérée et je m'en réjouis »

On l'a dit, la droite est compréhensive : « c'est vrai, l'État se désengage », dit Jacques Grosperrin en admettant : « j'entends que Besançon est bien gérée et je m'en réjouis », mais  « le contexte international et national ne justifie pas tout... Nous sommes pour le soutien aux entreprises à l'action culturelle... Je cherche le dynamisme et la volonté politique... » La belle affaire que le maintien des taux des impôts locaux avancé par la majorité quand « les bases ont augmenté de 1% : vous auriez pu accompagner les transferts de Besançon sur la CAGB d'une baisse des taux... »

Jean-Louis Fousseret soupire : les transferts de la ville vers l'agglo, dit-il, sont accompagnés aussi de baisse d'autres ressources, notamment d'État... Mais il s'énerve quand son opposant évoque « un budget de sous-préfecture ». L'allusion à la querelle lancée par le maire de Dijon, François Rebsamen, traitant Fousseret et les Comtois de « gougnafiers » est dans tous les esprits, mais le maire de Besançon veut dépasser l'épisode : « c'est excessif donc insignifiant ». Il est même piqué au vif : « Besançon ne sera jamais une sous-préfecture ! » La preuve, si elle n'a plus de préfet de région, elle a toujours « un préfet de département »...

Logement, université, rivalité avec Dijon...

Ludovic Fagaut (LR) pointe les baisses des subventions sportives : « moins 9% et 800.000 euros en trois ans ». L'adjoint aux sports Abdel Ghezali conteste : « c'est sans doute moins 100.000 ». Fagaut déplore « moins 13% de subventions à la culture ». Fousseret réplique : « en culture, soyez modeste ». Allusion à la suppression au salon du livre Les Mots Doubs par le département où Fagaut a des galons de vice-président.

Catherine Comte-Deleuze (UDI) s'inquiète des possible 2400 logements vides, soit « un taux de vacance de 9% », et des 31% de studios dans le parc locatif. L'adjoint Nicolas Bodin reconnaît qu' « on ne construit pas assez » mais précise que les nombreux projets en matière de logements ne sont pas étrangers aux « 500 habitants de plus par an depuis trois ans ». L'élue centriste évoque aussi ses « inquiétudes pour la carte des formations universitaires quand des masters et doctorats partent à Dijon, qu'on entend parler d'un démantèlement des IUT, des fermetures de certaines licences ». « On a la COMUEcommunauté universitaire d'établissements, on a le rectorat, il serait logique qu'on ait le CROUS en 2018 », répond le maire...

PCF et EELV votent le budget mais appellent une autre politique

Le débat budgétaire a vite glissé sur la rivalité avec Dijon. Fousseret défend une nouvelle fois un « partage équilibré » des directions régionales. A Besançon celles relatives à l'économie, l'environnement et l'éducation. Il théorise sur la « cohérence » qu'il doit y avoir avec les services parallèles de la région. Et dit, après un vote unanime du Conseil départemental en ce sens, être favorable à ce que Besançon soit le siège de la région puisque Dijon en est la préfecture... Eric Alauzet (EELV) est sur la même longueur d'ondes : « Si la Dreal est en Franche-Comté, il est logique que l'ONF et l'ONEMA y soient aussi... »

S'opposant mollement malgré son vote contre le budget, la droite est renvoyée à ses projets nationaux de charger la barque de 100 milliards d'économies supplémentaires en cas de retour aux affaires en 2017. Le contexte national est aussi abordé par les communistes et les écologistes. Thibaud Bize (PCF-FdG) souligne que « la ponction est de 15 millions sur trois ans : il faudrait augmenter les impôts locaux de 19% pour compenser la baisse... Nous demandons le retrait du pacte de responsabilité, appelons la mobilisation des élus et des populations pour que s'arrête la baisse des dotations ». Anne Vignot (EELV) est la seule à parler du scandale Panama Papers : « nous attendons l'effort du monde de la finance, il est urgent de nous tourner vers les patrimoines démesurés... »

Les grandes lignes du budget général

 Les grandes lignes du budget consolidé :
budget général + annexes (eau, assainissement,
chauffage urbain, forêt, archéologie préventive, zones d'activités... )

Les recettes des budgets annexes et du budget général.

 

Les dépenses des budgets annexes et du budget général.

 

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