Besançon : bataille de communication au conseil

« La belle endormie s'est transformée en belle dynamique ». Par deux fois lors du conseil municipal de lundi 12 novembre, Jean-Louis Fousseret a testé ce qui sonne comme un argument électoral, voire une ébauche de slogan pour 2014. Ce faisant, il donne du crédit à une critique que la droite adressait à Robert Schwint.

Sous les portraits d'anciens maires, Jean-Sébastien Leuba et Nicolas Bodin, tous deux postulants au secrétariat de la section bisontine du PS, actuellement occupé par le second. Les divisions de la gauche n'empêchent pas "le rassemblement le moment venu", dit le premier.

« La belle endormie s'est transformée en belle dynamique ». Par deux fois lors du conseil municipal de lundi 12 novembre, Jean-Louis Fousseret a testé ce qui sonne comme un argument électoral, voire une ébauche de slogan pour 2014. Ce faisant, il donne du crédit à une critique que la droite a longtemps adressée à son prédécesseur, Robert Schwint, notamment pour son quatrième et dernier mandat (1995-2001), celui que beaucoup ont dit « de trop ».
L'actuel maire de Besançon venait de rendre compte des travaux de la commission d'indemnisation des commerçants victimes collatérales du chantier du tramway. Il l'avait même un peu survendue : « nous l'avons fait pour les déviations de réseaux alors que nous n'y étions pas obligés ». Pas obligé juridiquement, mais politiquement... C'est de bonne guerre de le rappeler, comme c'est de bonne guerre d'insister sur l'absence d'élus dans cette fameuse commission. Composée de magistrats, de représentants consulaires et d'experts-comptables, elle a examiné 56 dossiers lors de onze réunions, en a écarté 19 « irrecevables » et un pour « préjudice non constaté », en instruit neuf. Les 27 autres se sont vus attribuer globalement plus de 330.000 euros.

Le tram à toutes les sauces

Quelques jours plus tôt, il faisait remarquer lors d'une conférence de presse que les gens « ne râlent plus contre le tram, ont hâte que les travaux soient terminés ». Méthode Coué ? C'est ce que pense Jean Rosselot (UMP) : « Vous pourriez être un peu plus modeste ! J'étais à une réunion de chefs d'entreprises où le secrétaire général de la fédération du BTP m'a dit qu'un BHNS (bus à haut niveau de service) aurait apporté davantage de travail aux entreprises locales ». Jean-Louis Fousseret, qui était à la même réunion, conteste d'autant plus fort qu'il invoque quelqu'un d'autre : « le président de la fédération dit du bien du tram, je vais vérifier auprès de lui les propos du secrétaire général, mais je pense que c'est l'inverse de ce que vous dîtes ». Ceci étant, on voit mal le président Jacquot dire du mal du tram : Colas, sa société, pose les rails...
A plusieurs reprises, le maire s'appuie sur d'autres dossiers pour défendre son tram. Les ennuis de stationnement des visiteurs du CHU ? Ils seront terminés quand le tram sera là. La restructuration de la place des Tilleuls à Palente ? Elle sera bonifiée par le passage du tram. Le manque de parkings à Micropolis lors de la foire comtoise ? Tout sera oublié avec le tram. Alors Jean Rosselot a beau répéter « le fait que le coup est parti n'empêche pas que ce soit un mauvais choix », Jean-Louis Fousseret n'en a cure. Et même si Michel Omouri (UMP) lui lance qu'il est « de moins en moins serein », il semble boire du petit lait. Il faut dire que l'opposition, si elle ne manque pas toujours de pertinence, a peu de cohérence.

La droite dispersée

L'ex groupe UMP-Nouveau centre est divisé en deux sur le papier, mais donne l'impression de n'être qu'une somme de solistes n'ayant pas accordé leurs violons, parfois d'avoir lu de travers les rapports soumis au vote. Martine Jeannin (Groupe centre-droit, ex Gauche moderne, élue PS lors du mandat précédent) se trompe de colonne dans le tableaux des chiffres clés de la SAIEMB-Logement, une société d'économie mixte dont la Ville détient 51,36% et qui possède 2283 logements, 807 garages et 27 commerces. Mme Jeannin invoque un « résultat négatif de 86.000 euros » alors qu'il s'agit de la différence entre le résultat 2010 et celui de 2011 qui est positif et atteint 283.000 euros. Elle aurait pu se contenter d'évoquer la hausse des loyers impayés de 5,7%, la progression de la vacance des grands logements qui représente 16% du montant des loyers. L'adjoint Michel Loyat répond qu'« impayés et vacance sont le reflet des difficultés des ménages ». Et ajoute que le gouvernement a supprimé le prélèvement décidé par l'ancien sur les offices HLM (1,7 M€ pour GBH en deux ans) qui pourront à nouveau « participer à l'effort de maintenance ».
Mireille Péquignot, qui provoquera plus tard le départ d'une quinzaine d'élus de la majorité lassés de ses interventions hors-sujet, s'illustre en invoquant la canibalisation de Micropolis par la Rodia. Elle s'appuie justement sur des propos de Didier Sikkink, directeur de Micropolis, ancien du cabinet du maire. Las, en 2011, la salle de concert de Micropolis a accueilli 7% de spectateurs de plus qu'en 2010. L'adjoint Franck Monneur a beau jeu d'expliquer que « La Rodia propose des spectacles qui n'existaient pas auparavant à Besançon », et ne peut entrer en concurrence avec Micropolis.

Honnêteté et transparence

Michel Omouri tiendra dur comme fer à son idée de voir l'ancien conseiller d'Etat et conseiller municipal UMP (2001-2008) présider la commission spéciale transparence destinée à faire la lumière sur les relations entre la Ville et l'association d'art contemporain Le Pavé dans la marre. A tel point qu'il sera le seul à voter contre cette proposition. Celle-ci comptera neuf membres dont deux de l'opposition, mais surtout le PS y sera en minorité avec quatre sièges puisque deux vont aux Verts et un au PCF, le maire décidant de n'y pas siéger. Jean Rosselot obtient satisfaction sur la vice-présidence pour l'opposition. Il joue sur du velours en faisant appel à la Commission Jospin qui définit le conflit d'intérêts comme « une situation d'interférence entre un intérêt général et un intérêt particulier ou un autre intérêt général ». Et de donner un « bon exemple avec le journal d'un conseiller général financé par la Ville, il se trouve que c'est encore Yves-Michel Dahoui qui est concerné ». Le hic, c'est que le journal en question n'est pas « celui du conseiller général », mais celui du syndicat du Marais de Saône que préside M. Dahoui...
Sentant que l'échange pourrait déraper, Pascal Bonnet, qui brigue la tête de liste de la droite pour 2014, intervient - « On ne doute pas de l'honnêteté des élus de la majorité et de l'opposition » - et change de sujet : « Depuis des années qu'on vous pose la question, il serait temps qu'on ait un débat d'orientation d'urbanisme. Il ne faut pas que le projet Saint-Jacques se limite à d'obscures discussions entre la Ville et le CHU ». Jean-Louis Fousseret a justement traité le sujet lors de sa conférence de presse de présentation du conseil municipal en cours alors qu'il ne figure pas à l'ordre du jour ! Et s'en défend à l'adresse de l'opposition : « Vous me reprochez d'avoir donné l'information en conférence de presse alors que vous avez fait un communiqué ! » La bataille municipale se joue aussi sur le terrain de la communication. Quant à l'information sur Saint-Jacques, il s'agit du choix du cabinet La Fabrique urbaine pour une étude sur ce qu'on peut faire du site... Une de plus, après celle de l'AUDAB que la droite réclame à grands cris, après que celle de l'ACEIF sur Battant ait débordé sur une réflexion inventant la notion de « centre ville élargi » incluant, outre Battant, le bas des Chaprais, Viotte, Leclerc et Canot...

Piques, esbroufe et promesses

La communication politique, c'est aussi Jean-Sébastien Leuba douchant les espoirs de la droite du spectacle des divisions du PS où « l'on n'a pas de réflexions monolithiques. J'ai eu seulement deux désaccords au sein du groupe, sur les tarifs progressifs de l'énergie et le Pavé dans la marre. Mais rassurez-vous, sur le bilan et le projet, nous serons ensemble pour les porter le moment venu ». M. Leuba n'a cependant pas lâché sur le fond : « J'ai appris par la presse que l'artiste avait touché 25.000 euros alors que nous avions voté 50.000 euros... »
Communication, méthode Coué... Il y a aussi les convictions et les certitudes, les piques. Au moment de l'examen du vote des subventions complémentaires aux associations dans le cadre du contrat urbain de cohésion sociale (CUCS), Michel Omouri demande ainsi au maire « pourquoi l'association Mosaïques, si efficace à Planoise, subit votre sectarisme ? Vous devrez rendre des comptes à la jeunesse des quartiers ». Réplique de Jean-Louis Fousseret : « Et vous, vous devrez rendre compte de la gestion de l'épicerie sociale des 408 ! ». Bigre ! Encore une casserole ? Après le conseil, Michel Omouri nous dit avoir repris cette épicerie sociale au bord de la liquidation, très endettée, moins en tout cas que lorsqu'il l'a laissée. Jean-Louis Fousseret, évasif, évoque des « problèmes de gestion »...
Qu'est-ce qu'aurait été ce conseil si l'on avait traité de la Mission locale ? C'est certainement partie remise. On reparlera aussi d'éthique, en séance, le maire a proposé "pour le prochain mandat une commission déontologie qui pourra saisir un déontologue".

 

 

 

 

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