Bellamy à Besançon : « L’Europe est un poumon pour un nouvel équilibre dans la mondialisation »

En meeting avec Laurent Wauquier, Christine Bouquin, Arnaud Danjean, Annie Genevard et Jacques Grosperrin devant 700 personnes venues de toute la Bourgogne-Franche-Comté, la tête de liste LR pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy défend « la tradition chrétienne » de l'Europe, un oeil sur l'extrême-droite en parlant immigration, l'autre sur LREM en parlant PAC et refondation… 

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Laurent Wauquiez et François-Xavier Bellamy, respectivement président du parti Les Républicains et tête de liste pour les élections européennes, étaient en meeting samedi 11 mai dans l'amphithéâtre du Palais des Congrès de Besançon devant près de 700 personnes venues de toute la Bourgogne-Franche-Comté.

Dans cette salle bien remplie, à la moyenne d'âge assez élevée, François-Xavier Bellamy reçoit d'abord le soutien de Christine Bouquin (présidente du conseil départemental du Doubs) et de Jacques Grosperrin (sénateur du Doubs). Enthousiaste, Mme Bouquin rappelle à l'assistance que le Doubs est « une terre de résistance » afin d'inciter à « aller de l'avant ». Dans un plaidoyer européen, elle vante « l'Europe de la paix, des solidarités, des fraternités ».

Renvoyant à la Rome antique, où Vesontio était « au cœur des confluences des espaces méditerranéen et rhénan », Jacques Groperrin considère que Besançon a « une place toujours d'actualité au sein du territoire européen ». Il présente ensuite les livres de François-Xavier Bellamy critiquant le système scolaire et l'impératif d'innovation…

« L'Europe, c'est d'abord une civilisation »

Arnaud Danjean, numéro trois de la liste, est député européen sortant. Il dénonce la trahison de ceux qui quittent LR prenant prétexte « des choses que [François-Xavier Bellamy] n'a pas commises ». Dans une « confidence » faite à la salle prenant des accents de confession, il évoque ses doutes concernant son parti à la suite de l'élection d'Emmanuel Macron. Évacuant ainsi les rumeurs qui lui prêtaient alors la tentation de rejoindre En Marche, il dit avoir « très vite retrouvé ses repères » quand « le mirage s'est dissipé ».

« Si vous votez Loiseau, vous votez pour des écolos », lance-t-il, provoquant les huées de l'auditoire. Selon lui, le programme européen de LREM annonce « bien des sacrifices pour nos territoires ruraux ». Il reproche aussi à Nathalie Loiseau de ne pas parler de lutte contre l'islamisme, une « idéologie » qui « gangrène nos sociétés ». Un vibrant « l'Europe, avant d'être des projets, c'est d'abord une civilisation », provoque des applaudissement nourris dans le public.

« La clarté lumineuse de l'expression au service des idées »

Annie Genevard (députée du Doubs et secrétaire générale du parti) vante le « courage » de Laurent Wauquiez pour s'être attaqué à la reconstruction de l'union de la droite et du centre après « les épreuves si difficiles que nous avons traversées » et son flair pour « sentir les préoccupations des Français souvent avant tout le monde ». Le choix de François-Xavier Bellamy étant vu comme le pari « de la jeunesse et du renouvellement, de la clarté lumineuse de l'expression au service des idées ».

Dans une position très défensive, Annie Genevard appelle à son électorat à éviter un « face-à-face manichéen et stérile entre de prétendus progressistes et de vrais populistes ». Côté projets, elle souligne les propositions concernant le « renforcement d'Erasmus qui permettra que chaque enfant de France puisse s'ouvrir à l'Europe » ou l'orientation de 1% du budget européen vers la culture pour que « la culture puisse être le cœur d'un projet de civilisation ».

« Notre but, c'est de résoudre les problèmes des Français »

François-Xavier Bellamy donne le ton dès sa montée à la tribune : « refonder l'Europe pour pouvoir rétablir la France, voilà l'enjeu de cette campagne ». Les principaux enjeux étant, selon lui, la menace terroriste, les guerres commerciales, les défis technologiques, l'équilibre écologique et les flux migratoires.

Inquiet d'une « défiance qui monte envers la démocratie », il se dit frappé par « la déconnexion de plus en plus grande entre le débat politique et la réalité de la vie des Français » et dénonce les piètres objectifs de ses adversaires : « voir pleurer Christophe Castaner » ou « battre Monsieur Bardella » alors que « nous, notre but, c'est de résoudre les problèmes des Français ».

Côté projet, il aspire à une PAC « refondée » qui « permettra à tous les agriculteurs de continuer de nous offrir cette alimentation sûre et saine ». Il plaide pour un Buy European Act : « pour que la concurrence ait un sens, il faut que les règles soient les mêmes pour tous (…), l'Europe doit enfin assumer de défendre ses intérêts, de défendre ses entreprises, de défendre nos emplois ». Une barrière écologique de normes d'importation similaires aux normes communautaires pourrait faire de l'Europe un « poumon pour un nouvel équilibre dans la mondialisation ».

« Double frontière : frontière européenne, frontière nationale »

Arguant que « la crise migratoire est largement devant nous », François-Xavier Bellamy prend des accents prophétiques : « malheur pour nos sociétés, qui sont profondément déstabilisées par l'immigration massive que nous n'avons pas su intégrer comme il aurait fallu [si] nous ne savons pas maîtriser nos frontières ». Il a choisi de se distinguer de Marine Le Pen sur cette question-là : « Au cours du dernier mandat, Madame Le Pen et ses eurodéputés ont voté contre tout ce qui pouvait permettre à l'Europe de se consolider face au défi migratoire ». Une consolidation qui pourrait passer par une « double frontière : frontière européenne, frontière nationale » rejetant les demandes d'asile à l'extérieur du territoire européen et amenant à « reconduire systématiquement les bateaux des passeurs vers les côtes africaines dont ils viennent ».

Lui aussi reprend l'antienne de la civilisation et, laissant planer un faux suspense pour entendre la salle le souffler, après la démocratie grecque, après la loi romaine, il nomme « les racines qui nous viennent de la tradition chrétienne ». Une évocation accueillie par de longs applaudissements. Citant Victor Hugo - « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent » - et la devise de Besançon - « Utinam » - qui semble se traduire par « plaise à Dieu » alors qu'il propose « si seulement » bien plus neutre, pour mobiliser : « si seulement chacun d'entre vous allait parler autour de lui alors nous pourrions faire la surprise… »

La France « à l'avant-garde de la construction européenne »

Prenant à son tour la parole, Laurent Wauquiez exhorte l'assistance à « ne pas se laisser confisquer [son] vote (…), vous avez un autre choix possible que le chaos de Marine Le Pen ou la déception d'Emmanuel Macron ». À ses yeux, « la place de la France, c'est à l'avant-garde de la construction européenne ». Pour le président du parti, « la garantie qu'apportent le parti Les Républicains, c'est que la France siégera en première division dans le groupe le plus important du Parlement européen ».

Côté projet, Laurent Wauquiez insiste sur la proposition de « couvrir la totalité du continent européen en téléphonie mobile 5G et en Internet très haut débit », de faire de la lutte contre la maladie d'Alzheimer une grande cause de la législature, d'inciter à la préférence européenne pour les produits de l'agriculture et d'instaurer un tribunal international en Irak pour éviter le retour de djihadistes en France. Faisant référence à la devise comtoise et à la Résistance durant l'Occupation, Laurent Wauquiez lance à une assistance conquise « ici, on se rend pas, on ne baisse jamais les armes ! » avant de dédier une Marseillaise à « tous ceux qui défendent les valeurs du drapeau français et de la République ».

 

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