Arnaud Danjean : « le chômage, c’est pas les tranchées ! »

Vendredi à Besançon, le député européen (UMP) refuse de mettre sur le même plan la « guerre économique et sociale » et les 70 ans de paix que vit le continent. Il est aussi sur une position assez rare à droite en estimant que le « prochain grand défi » est celui de « l'harmonisation fiscale et sociale ».

danjean

« Il faut une harmonisation fiscale et sociale. Si l'Europe ne s'y attaque pas, les peuples n'y croiront plus ». Arnaud Danjean nous lâche cette petite phrase juste après avoir présenté les institutions européennes dans la complexité de leur fonctionnement à des étudiants de l'IMEA, l'école de commerce de la CCI du Doubs, quelques heures avant de tenir un meeting pour les adhérents et sympathisants de l'UMP de Besançon. Ce discours n'est-il pas étonnant à droite ? « C'est vrai », répond-il, « mais je pense qu'il faut vraiment aller vers l'harmonisation des droits du travail ». Y compris les droits sociaux ? « Oui, il faut plus de droits sociaux et du travail pour s'assurer qu'il n'y a pas de concurrence déloyale. C'est le prochain grand défi ».
Auparavant, il avait expliqué comment la construction des compromis au Parlement européen était éloignée de la politique hexagonale. « La droite n'a qu'une majorité relative, il faut donc construire des majorités. Cela donne une ambiance plus constructive qu'à l'Assemblée nationale ou au Sénat. Au Parlement européen, rien n'est plié d'avance... » Siégeant au centre droit, président de la commission de la défense dans une institution qui n'est en rien décisionnaire sur le sujet, il se retrouve « plus proche des socialistes italiens que des centristes tchèques... On ne peut pas être certain qu'il n'y aura pas de défection dans son propre camp du fait d'une sensibilité nationale particulière... » Ne dit-on pas que les Etats ont la politique de leur géographie ?
Interrogé sur l'élargissement, il a une réponse circonstanciée : « Pour la Croatie, c'est plié, en partie ratifié, il ne manque que la Slovénie avec qui il y a un différend. La Croatie était prête avant la Bulgarie et la Roumanie... » Arnaud Danjean pense que « si les pays de l'Est étaient restés plus longtemps hors de l'Union européenne, il y aurait eu une vraie concurrence économique et davantage de délocalisation ». Bref, ça « aurait été pire... C'est notre génération qui va payer le rattrapage, l'agriculture est très exposée, mais heureusement, une bonne part des transferts nous reviennent sous forme de business. L'élargissement fait peur aux Français qui pensent à un risque mafieux, mais quand on parle de ça avec les Balkaniques, ils répondent : vous voulez qu'on parle d'Elf ou de Berlusconi ? »
Quatre pays ont le statut de candidat, mais les négociations piétinent : Monténégro, Serbie, Macédoine, Turquie. Trois cherchent à avoir le statut de candidat : Albanie, Kosovo, Bosnie-Herzégovine. Aucun n'est prêt à adhérer dans les 4 à 5 ans. Il faut négocier les 38 chapitres de l'acquis communautaire, ce qui demande des efforts sur les législations, et encore plus d'application des législations... Si l'Islande était candidate, elle pourrait adhérer vite, mais certains Islandais pensent que leur prospérité serait meilleure en restant dehors... » Les Islandais ont surtout remercié ceux qui les avaient menés à la faillite, et adopté une nouvelle constitution...
Un étudiant l'interroge sur la défense européenne. « L'Europe de la défense n'existe pas, la défense reste le coeur des politiques nationales... L'OTAN reste l'assurance-vie de l'Europe. La notion de défense européenne est un sujet très français, peu partagé par les autres. Beaucoup de pays n'ont pas les moyens de suivre. Les Anglais sont d'accord, mais pas dans le cadre européen... Nous vivons en paix depuis 70 ans, c'est un confort qui contribue à nous désarmer... Certains parlent de la guerre économique et sociale, mais le chômage, ce n'est pas les tranchées ! »
Que pense-t-il du blocage du budget pluriannuel européen, ce document adopté par le Conseil européen mais retoqué par le Parlement européen ? « Ça ne convient pas parce qu'il y a une baisse de budget, aucun Etat ne réduit son budget. L'Union, c'est 1% du budget européen, mais 2% de l'investissement public... Or on dit : comme il y a de moins en moins de choses publiques au niveau des Etats, il faut demander à l'Europe... Ce bras de fer entre le Parlement et les Etats, c'est une première... »
 

 

 

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