En arrivant à la mairie de Vesoul, samedi soir, les invités devaient patienter de longues minutes au froid en faisant la queue dans la cour, piétiner sur les quelques marches du perron avant de pénétrer dans le hall d'honneur où le maire, Alain Chrétien, accueillait chacun avec un mot de « bonne année », une poignée de main pour les hommes, une bise pour les femmes, sans lassitude. « Il faut aimer les gens, être avec eux, les comprendre », expliquait-il en novembre sur La Chaîne parlementaire en ajoutant qu'il avait fait de sa « passion » pour la politique « un métier », allant jusqu'à employer un mot rare en politique : la « délicatesse ».
Était-ce délicat de commencer son discours en rendant hommage à son prédécesseur Alain Joyandet, présent à ses côtés ? Citant Jean d'Ormesson, le maire de Vesoul a été d'emblée lyrique, voire un brin grandiloquent « Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde... En quelques minutes et quelques secondes, ici même, il y a un an, Alain Joyandet allait écrire le destin de 2012, vous faire part de sa décision de passer la main après 17 ans d'un travail formidable... J'espère, cher Alain, que vous ne le regrettez pas ». « Je le referais », a proclamé l'ancien ministre de la Coopération, et les deux hommes se sont serré la main sous un tonnerre d'applaudissements.
Le député soutient le maire
Alain Chrétien est revenu sur son élection à l'Assemblée nationale, 2012 étant « décidément l'année de la transmission et du renouveau » à Vesoul où il a eu près de 54 % au second tour. Nul doute qu'il estime ce résultat plus qu'encourageant dans la perspective des municipales de mars 2014. D'ailleurs il explique être « un député-maire qui tient solidement la barre ». Pas étonnant donc que l'action du maire soit soutenue par celle du député qui entend défendre le projet d'autoroute Langres-Vesoul pour lequel « le nouveau pouvoir ne nous a pas rassuré ». Il souhaite sur le sujet l'union de « toutes les sensibilités ». Le député se place aussi dans la suite de la modernisation de la voie ferrée Parie-Bâle et demande à la SNCF « quatre aller-retour quotidien en trois heures avec des matériels rénovés ».
Alain Joyandet en avait lancé l'idée en 2009 finançant une étude : pourquoi ne pas construire une liaison ferroviaire entre Vesoul et la gare TGV d'Auxon. Elle serait une partie d'une nouvelle liaison à grande vitesse plus globale entre la Lorraine et la Méditerrannée.
Alain Chrétien se targue du soutien de Jean-Pierre Masseret, le président (PS) de la région Lorraine qui lui a notamment écrit : « Il me semble utile que l'étude soutenue par votre communauté d'agglomération soit portée à la connaissance de l'ensemble des partenaires concernés dans le cadre des prochaines discussions relatives aux débouchés sud ferroviaires de la Lorraine ».
Selon une autre étude, le raccordement de la Lorraine avec la LGV Rhin-Rhône coûterait deux fois moins cher par Lure...
Le président du groupe PS du conseil municipal de Vesoul, Ramazan Kaymak, estime ce projet « utopique ».
L'ancienne voie ferrée Vesoul-Besançon a été construite en 1872, est passée à deux voies de 1881 à 1941 avant de fermer en 1959. En 1955, une collision entre deux trains près de Moncey a fait dix morts. Une partie de cette voie est désormais une voie verte de découverte et de randonnée.
Le maire de Vesoul a évidemment parlé de PSA, « vingtième commune de l'agglomération ». Il entend défendre le site en s'opposant aux « pièces de rechange à bas coûts importées » dont il a parlé avec Christian Peugeot il y a un mois. Il évoque aussi une entrevue avec l'ambassadeur d'Iran, pays avec qui « l'arrêt des relations commerciales a eu des conséquences pour le groupe et le site de Vesoul ».
Rénover la Motte
2013 sera pour le chef-lieu de Haute-Saône l'année de la rénovation de la place de la République, avec un parking payant de 85 places et une esplanade, un marché de plein air réorganisé. La rénovation de la chapelle de la Motte doit démarrer au printemps, après quoi un service de bus pourrait être mis en place pour les personnes âgées.
La grosse opération, la reconversion du site de l'ancien hôpital, se poursuit et préfigure un futur nouveau quartier avec « 200 logements, majoritairement en accession, d'ici 2020 dont une résidence seniors, une crèche, une maison médicale avec un point fixe de garde ». Le projet s'inscrit dans le « plan pour le centre ancien » qu'Alain Chrétien devrait bientôt présenter afin notamment de « ramener des propriétaires ».
L'année qui commence est aussi celle du déplacement à Pusey de l'abattoir dont le site devrait accueillir un « nouveau lotissement artisanal ». Ce sera aussi l'année de la célébration du cinquantenaire de la mort d'Edouard Belin.
