150 Bisontins dans le cortège parisien du Front de gauche

Les Franc-Comtois ont pris moins de bus que prévu pour venir participer à la marche du Front de gauche. Ils ont défilé pendant cinq heures « contre la finance et l'austérité » de Bastille à la place de la Nation.

Marche citoyenne du Front de gauche. Photo RV

Dimanche, départ 7h place Battant à Besançon. Deux bus au lieu que trois, quelques absents de dernière minute. L'enthousiasme ne manque pas, la conviction de faire force pour «marcher vers une 6ème république» à Paris non plus. Militants du Parti de Gauche, du Parti communiste, citoyens engagés «de la gauche anti-libérale» prennent places comme à Lons, Dole et Héricourt.
«C'est le premier anniversaire du départ de Nicolas Sarkozy, personne ici ne le regrette, mais la même politique d'austérité est poursuivie», observe Benoît qui a organisé cette «marche citoyenne» depuis la capitale franc-comtoise. Les propos des dirigeants du PS sur le «risque Front national» à cause d'une division entretenue par le Front de Gauche choquent : «c'est l'austérité, les affaires DSK, Cahuzac qui éloignent le peuple de la classe politique, de l'oligarchie. Le Front de Gauche a un programme pour gouverner autrement, pour permettre aux citoyens de se réapproprier la politique. C'est l'idée d'une Assemblée constituante en rupture avec la 5ème République et la dérive de la démocratie qu'elle entraîne».  

Six heures après, à Paris place de la Bastille, les 150 Bisontins prennent place dans le cortège au pied de l'Opéra. Ils sont débordés par des jeunes avec des balais, des retraités de tous horizons, des camionnettes aux sonos hurlantes, des musiciens sur échasses, des ravitailleurs en boissons et sandwichs estampillés «contre l'austérité». Le cortège comtois piétine près de deux heures avant de vraiment se mettre en marche. Mustapha a eu le temps de retrouver par hasard Alima, juriste et ex-sénatrice des Verts. En région parisienne, elle lutte contre l'islamophobie, «nouveau visage du racisme». Pour Mustapha, «il est impératif de s'opposer à toutes les formes de domination dans tous les milieux et le rassemblement du Front de Gauche porte fort cette lutte». Alima approuve et rejoint les manifestants du Val d'Oise. 

Coline, en avant de la banderole des Bisontins, les encourage à reprendre chants détournés et slogans : J'aime la galette pour «J’aime la République, savez-vous comment ? / Quand elle est sociale, et démocratique / Où il n’y aurait plus d’austérité / Et le peuple pourrait décider / J’aime les richesses savez-vous comment ? / Quand on les partage, équitablement / Et quand elles respectent notre écosystème / Moi, c’est la règle verte que j’aime !» L'éco-socialisme, thème que le Front de Gauche a abordé il y a quelques semaines au FJT Les Oiseaux, est défendu vigoureusement par les militants communistes. On se souvient à peine que ce n'était pas le cas il y a quelques années. 

Coline poursuit sa harangue. Les journalistes ont remarqué son charisme et se pressent pour la photographier. Les Franc-Comtois cherchent à connaître les chiffres de la police et des médias. En fin d'après-midi et presque en même temps, on donne 180.000 personnes selon les organisateurs de la manif, 30.000 selon la police qui avait annoncé qu'elle ne compterait pas... Claude, participant de la manif du 18 mars l'année dernière, est interloqué : «avec 300 bus, des trains et des véhicules particuliers, c'est ridicule d'annoncer 30.000». Roger, retraité qui aurait souhaité que la CGT appelle à la marche citoyenne, ne doute pas que «quand les manifestants vont rentrer chez eux, à leur boulot, ils feront savoir qu'il y avait plus de monde que ce que dit Manuel Valls, ce sera un évènement qui comptera pour la suite». 

On arrive place de la Nation cinq heures après le départ de Bastille. Le cortège franc-comtois a été remarqué pour son entrain par Daniel Kupferstein, cinéaste et documentariste, qui habite à deux pas. Comme nombre de Parisiens et de Franciliens, il a rejoint la marche en cours de route sous le soleil, ce qui peut expliquer l'affluence revendiquée par Jean-Luc Mélenchon, installé sur une camionnette cent mètres avant la place et qui salue inlassablement tous ceux qui ont répondu à son appel. Dans un discours de près de trente minutes, il a tonné contre «l'infâme Commission européenne et la maudite troïka» et averti François Hollande : «la période d'essai est terminée, le compte n'y est pas. Si vous ne savez pas comment faire, nous nous savons». Les Franc-Comtois ont entonné l'Internationale et la Marseillaise, rangé balais et drapeaux avant de reprendre la route.

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