teleperformance france : Grève illimitée depuis 6 ans

A Teleperformance France, le syndicat SUD exerce une grève illimitée depuis 6 ans. Contre toute attente, cette grève semble arranger l'employeur qui n'a jamais reçu le syndicat pour pouvoir l'arrêter. L'actuelle DRH a même expliqué qu'elle ne remettait pas en cause cette grève du syndicat SUD et insiste sur sa légitimité.
A Belfort, la grève a régulièrement été revotée, et notamment le 18 décembre 2020 et le 4 mars 2019, France 3 s'en est fait l'écho dans son journal du soir.
3 PDG et 3 RRH se sont succédés sur les derniers mois, La "Lettre A" ironise en parlant de "chaise musicale" sur ces postes clés. Depuis son entrée au CAC 40, les salariés ressentent une plus grande pression. Il faut dire que la société est allé jusqu'à menacer la presse française, ce qui en dit long sur "la détestable mentalité qui règne dans l'entreprise", explique le syndicat SUD qui ajoute :

"Ce mode de management par la pression, c’est notre quotidien en tant que conseiller clientèle."

Un tract du 17 février 2021 dénonce : "La DRH actuelle, Sandrine WETTER, provient de Intelcia, [...] cette société appartenant à Patrick DRAHI qui nous a fait vivre un calvaire sur SFR, eh bien c’est une personne de là-bas qui a été choisie. Pas par hasard. Et comme ces personnes se savent sur un siège éjectable, elles font probablement tout pour plaire aux actionnaires, en rajoutant pression sur pression, pour ne pas être mis à la porte à leur tour. Depuis leur arrivée, on note une dégradation du service RH avec une politique de « je te rentre dedans » et 0 dialogue avec les salariés :
  1. Elle s’est attaquée aux grèves
  2. Elle veut supprimer tous les congés payés de toutes les personnes en congé parental
  3. Elle remet en question les avis des médecins traitants en demandant des contre-expertises couteuses
  4. Elle fait envoyer une tonne de recommandé pour un oui ou pour un non"
Actuellement, la toute nouvelle direction de Teleperformance s'en prend au droit de grève des salariés, curieusement elle ne s'attaque pas au syndicat, mais uniquement aux personnes, certainement par facilité.

Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une discrimination au droit de grève,

et cela d'autant plus que les absences injustifiées sont sanctionnées pécuniairement sur les primes variables à Teleperformance, et cela de manière beaucoup plus importante qu'un absentéisme justifié.
Concrètement, quand les salariés se déclarent en grève, Teleperformance prétend que leur grève est injustifiée et sera qualifiée sur la fiche de paie en "absentéisme injustifiée", laissant planer l'épée de Damoclès du licenciement au dessus de la tête des personnes concernées. Pourtant les salariés se déclarent en grève le jour même, voire même bien avant de la faire, mais ils reçoivent quand même ce mail aussi laconique et impersonnelle que celui là : "Bonjour, Conformément à la jurisprudence et en l'absence de revendication portées à notre connaissance au moment de votre cessation de travail, votre absence est injustifiée."
Les salariés demandent des explications par mail, à l'oral, et paradoxalement les responsables des ressources humaines ne souhaitent pas apporter plus d'explications. Ils se cantonnent à répéter ce mail, à le copier coller indéfiniment, sans donner plus d'explications,

sans chercher à dialoguer avec les salariés,

ne respectant par leur obligation de loyauté si cher au contrat de travail.
Le syndicat SUD a demandé des clarifications en précisant plusieurs jurisprudence contredisant les actions de Teleperformance contre ses salariés : "Il n'est pas exigé que les revendications soient portées à sa connaissance avant la cessation collective du travail (Cass. soc. 22-10-2014 n° 13-19.858) ni même qu'elles soient présentées par les salariés eux-mêmes. L'employeur peut aussi en avoir connaissance, notamment, par l'intermédiaire d'un syndicat (Cass. soc. 27-6-1990 n° 86-45.086), d'un tract syndical (Cass. soc. 30-3-1999 n° 97-41.104) ou de l'inspecteur du travail (Cass. soc. 28-2-2007 n° 06-40.944)."
Le syndicat relève beaucoup d'incohérences :
  1. La directrice du centre de Belfort, Ouafae BOUAJAJ, était à l'assemblée générale du 18 décembre 2020, elle a entendu les revendications et a vu toutes les personnes en grèves, et prétend aujourd'hui ne pas avoir connaissance que ces salariés étaient en grève. Ce n'est pas cohérent.
  2. Des articles de journaux parlent de "revote de la grève" et font état de photos de salariés qui y ont participé. Teleperformance ne peut invoquer un manque de connaissance. La charge de la preuve est ici indéniable.
  3. Teleperformance a qualifié pendant des années les grèves des salariés, sans jamais remettre en question la légitimité de la grève des salariés, et selon des modalités et des usages abondamment prouvables. Et du jour au lendemain elle serait amnésique, elle ne se rappellerait plus que ces personnes sont en grève ?!
  4. La procédure mise en place dans la société est de prévenir de la nature de toutes absences dans les 48h. C'est un usage jamais dénoncé. Même pour les grèves. Or les salariés sont sanctionnés d'absentéisme injustifié dés lors qu'ils n'envoient pas leurs déclaration de grève avant leur début de vacation. Et même après dans certains cas. Si la procédure change, la moindre des choses est de prévenir les salariés et ne pas les mettre devant le fait accompli, et d'être clair dans les instructions, et non opaque comme actuellement.
  5. A de multiples reprises, les salariés ont parlé à l'oral de leurs revendications à leurs chefs et au service des ressources humaines.
  6. En tout état de cause, le droit du travail et la jurisprudence précitée vont dans le sens des salariés

L'inspection du travail de Belfort s'est également exprimée en ce sens suite à une plainte d'un salarié : "les modalités d’information de l’employeur ne sont pas réglementées" et encore : "L’employeur doit avoir connaissance des revendications professionnelles avant la grève y compris le jour-même". 
L'employeur ne peut donc pas sérieusement prétendre ne pas avoir connaissance d'une grève qui dure depuis 6 ans.

Une dizaine de salarié entend saisir les prudhommes dans les jours qui viennent

Olivier RIGAUDY, le PDG Europe de Teleperformance, a été interrogé par le syndicat SUD PTT 90, il valide la politique de son PDG adjoint David GILLAUX contre les grèves.
Contre les grèves, contre les parents en congé parental à qui on supprime les congés payés, contre les salariés qui reçoivent des recommandés AR pour justifier d'absences (médicales...) qu'ils ont déjà justifiés...

La toute nouvelle équipe de Teleperformance a donc décidé d'attaquer les salariés, plutôt que les syndicats, c'est tellement plus facile, mais ca démontre aussi une nouvelle méthode.

Si Teleperformance n'a pas volé sa réputation, un cap a été passé : le dialogue social avec les salariés a disparu, ce qui est particulièrement inquiétant pour la suite des mois à venir.
Retrouvez sur ce lien les revendications du syndicat SUD pour cette grève illimitée  

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