Depuis le mois juillet, des familles, hommes, femmes, enfants venus en France pour y demander l'asile errent dans notre ville, sans hébergement, s'abritant la nuit, à la gare ou dans les parkings. Essuyant, jour après jour la même réponse du 115 : « Il n'y a pas de place pour vous, rappelez demain »
Vouloir rester visibles
Certaines familles, n'ayant pas bénéficié d’hébergement de l’État sont venues s'abriter à Chamars, sous l'auvent du Corps de Garde, en face du commissariat et de la préfecture, pour rester visibles dans l'attente d'une solution. Des habitants de Besançon, de simples citoyens, émus voire révoltés par la situation de ces réfugiés, leur ont apporté des tentes pour s'abriter, des matelas pour s'isoler du froid de la dalle sur laquelle les tentes sont posées, des couvertures pour se réchauffer la nuit. Des passants s'arrêtaient pour leur apporter à manger, mais aussi un peu de chaleur humaine.
Et pourtant, l’État a l'obligation légale de loger les demandeurs d'asile. Alors, vendredi enfin, la Préfecture, alertée par la presse, voulant faire bonne figure à l'occasion de la visite du délégué interministériel à l'hébergement et au logement, trouvait soudain un hébergement aux trois familles toujours sous la tente à Chamars. Chaque famille recevait l'adresse de son hébergement et éventuellement son billet de train quand l'hébergement était à Montbéliard.
Des vasques de béton à la place des tentes
Simultanément, la ville de Besançon faisait venir un camion qui ramassait les maigres effets offerts aux réfugiés, tentes, matelas et couvertures, et installait à la place d'énormes vasques en béton, prévues pour accueillir les fleurs qui vont bientôt être plantées… en plein hiver.
Oui, il y avait vraiment urgence à faire disparaître les preuves de cette misère créée par nos autorités municipales ou nationales en refusant d'accueillir comme ils le doivent ces demandeurs d'asile, mais aussi à empêcher qu'ils ne viennent se réinstaller en face de la police et la préfecture pour rester visibles en s'exposant aussi à la vue de nos concitoyens.
Vouloir cacher
Quelle belle coordination, quelle connivence entre l’État et la Ville de Besançon pour traiter aussi inhumainement des personnes venues demander protection, et que des citoyen-ne-s de notre ville ont cherché à entourer de leur sollicitude ! A quoi pense-t-on mettre fin en agissant de la sorte ? Que pense-t-on changer ainsi ?
En attendant une nouvelle tente a poussé entre les vasques de béton. Ses occupants, un couple avec 2 enfants ont un rendez vous à la Préfecture le 5 janvier pour une demande d'asile. D'ici là, pour un éventuel hébergement, ils sont invités à se débrouiller avec le 115 qui est saturé. Dehors la température baisse vraiment. Silence !
Nous avons mal à notre pays, nous avons mal à notre ville et nous ne nous reconnaissons pas dans cette façon d'agir « en notre nom ».