JUSTICE CLIMATIQUE, JUSTICE SOCIALE et JUSTICE MIGRATOIRE

migrations climatiques (2011)

Selon de nombreux experts internationaux, le réchauffement climatique va atteindre un seuil irréversible pour les sociétés, l’environnement et la biodiversité. Il provoquera en particulier l'augmentation des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, feux de forêt), la hausse du niveau des mers et la raréfaction des ressources en eau potable.


Des conséquences et des causes

Les migrations qui découleront de ces dérèglements inégalement répartis sur la planète inquiètent nos dirigeants, dont certains ont bien compris le profit électoral qu'ils pouvaient tirer d’une posture autoritaire autour d'un bouc émissaire, le migrant. Afin d'éviter de remettre en cause les positions politiques et économiques qui sont à l'origine de ces dérèglements et donc de ces migrations, on en vient, de déni en déni, à faire passer les conséquences pour les causes et à chercher à faire croire que l'immigration coûte cher à la France, ce qui est contredit par toutes les statistiques.

Migrants, réfugiés et déplacés

Dans nos pays aussi, la sécheresse et les inondations seront à l'origine de déplacements internes de population. Ces « déplacés climatiques » viendront d'Espagne, d'Italie, du nord de l'Europe comme du sud de la France suite à des incendies, détérioration de terres agricoles, hausse des précipitations, fonte de glaciers ou montée du niveau de la mer. Saurons-nous les accueillir ? C’est avant tout dans la manière dont nous assumerons solidairement de changer de modèle économique pour limiter ces dérèglements que se trouveront de véritables réponses. C'est à ce niveau que se situent les ouvertures possibles :


- Adapter la Convention de Genève à notre époque 

Le statut de réfugié climatique doit être reconnu et la Convention de Genève amendée, la distinction entre réfugié politique et réfugié économique n'ayant par ailleurs aucune pertinence. En effet, on se plaît à souligner que cette convention définit les réfugiés comme victimes d'une persécution dans leur pays, en excluant les dégâts environnementaux ou économiques qui ne relèveraient d'aucune persécution. Or les « réfugiés climatiques » doivent être défendus au même titre que les autres, car ils subissent une persécution issue de choix politiques et économiques totalement imbriqués à l'origine de dommages environnementaux souvent dus à des décisions qui ne sont pas les leurs, mais celles des pays et groupes qui dominent le « marché ».


- Pour sauver le climat : changer de modèle économique

On peut certes promouvoir la neutralité carbone à l'horizon 2050 mais pour agir, il nous faudrait veiller à ce que l’économie ne soit pas laissée aux seuls économistes court-termistes et climatosceptiques. Le principe ultralibéral affirmant qu'« il n'y a pas d'alternative » à leur approche est d'une absurdité morbide dans laquelle nous nous enlisons alors que d'autres approches existent.


Cette économie s’accompagne, on le voit, d’une augmentation accélérée de l’entropie. Ce concept, issu de la seconde loi de la thermodynamique stipulant que l'énergie d'un système a tendance à se disperser de façon irréversible, n'est pourtant pas ignoré de nos « forces de progrès ». Ne devraient-elles pas s'ingénier à réduire cette entropie au lieu de l'accélérer ? Le réchauffement climatique et les migrations ou déplacements qui l'accompagnent constituent pourtant un avertissement dont nous devrions tenir compte au lieu de combattre ces mouvements de population sans œuvrer sérieusement à la réduction du réchauffement.


- Promouvoir les solidarités et l'égalité

La nature n’existe pas de manière isolée, figée : on en fait partie. Elle n’a pas de réalité objective. Elle se modifie au contact de l'homme, qui se modifie en la modifiant pour le meilleur comme pour le pire.


Il existe aussi des représentations culturelles multiples que l'humain se construit en fonction des éléments non humains (végétaux, animaux, écosystèmes...) et humains auxquels il est confronté sur le territoire où il organise sa vie. S'il ne peut s'y adapter, il s'en va. Les migrations ont de tout temps fait partie de l'ordre des choses et aucune idéologie n'y changera quoi que ce soit.


Force est de constater que nous ne pourrons pas poursuivre dans la voie d'un mode de développement essentiellement marchand, destructeur de l'environnement au bénéfice d'une minorité, et « en même temps » vouloir continuer la politique actuelle de non-accueil envers ceux qui ne bénéficient pas de cette marchandisation, pâtissent de cette destruction/pillage de leurs ressources et penser que ces mouvements pourront être arrêtés par la seule force. Nous savons pertinemment que les candidats à l'exil resteraient vivre chez eux si la vie y était possible mais qu'ils trouveront d'autres solutions dans le cas contraire que nos dépenses sécuritaires n'arrêteront pas.  Ne ferions nous pas de même ?

La diversité culturelle, qui est une réalité humaine de notre planète, impose un défi relationnel capable solidairement de changer de modèle économique face aux enjeux mondiaux actuels. Certes il s'agit d'un combat international, européen, national, mais qui concerne aussi le plan municipal. Ce défi relationnel doit être déjà tenté au niveau d'une ville : améliorer les liens sociaux peut aussi constituer localement une énergie propre à freiner l'entropie galopante.


Ainsi, promouvoir par exemple l'accueil et des actions municipales en relation avec l'Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA), par exemple, semble être un projet à soumettre aux futurs candidats aux élections municipales. Cela indiquerait la marque d'un changement de paradigme au plan local, car se cacher derrière la seule responsabilité de l'État, comme cela est le cas à Besançon, n'est plus tenable.


- Anticiper

Il est ainsi indispensable d’intégrer les migrations climatiques dans les politiques éducatives et culturelles actuelles (faire face aux idées reçues), ainsi que dans les plans de développement économique municipaux, nationaux et internationaux. La lutte contre le changement climatique n’est possible que si elle est supportable par les plus modestes et que les plus riches y contribuent aussi. Les justices climatique, sociale et migratoire sont des voies convergentes d'un même combat pour la réduction des inégalités.


Il nous faut revaloriser les alternatives locales, qui sont seules à notre portée et la base indispensable d'une nouvelle économie plus écologique. Il nous faut aussi savoir accueillir l'Autre, venu d'ailleurs et qui nous montre actuellement l'intolérable. L'adversaire, ce n'est pas lui, qui est une sorte de lanceur d'alerte plus qu'un profiteur. Il nous montre le danger Le rejeter équivaut à un refus de tout changement de mode de développement. Dans notre société au delà de l'individu, c'est avant tout la personne qu'il s'agit de défendre


Si l'ultralibéralisme a encore quelques jours devant lui, cela ne doit pas faire perdre de vue que des alternatives locales se développent ça et là; c'est encourageant mais à l'heure où l'on parle beaucoup d'écologie, les volontés municipales sauront elles les apprécier et s'ouvrir à de nouvelles ?

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