Jardin Botanique à Besançon : En attendant, on a fermé.

Une personne a répondu lorsque j’ai appelé le numéro du Jardin botanique. Je ne m’y attendais pas. Le lieu, place du Général Leclerc à Besançon, est manifestement déserté, fermé par chaines et cadenas. Entre les barreaux des grilles, on voit que les plantes sont moins domestiquées, qu’elles prennent leurs aises. Le jardin botanique devient une superbe friche, au bas du pont de Montrapon, à proximité immédiate d’immeubles résidentiels, du sacro-saint centre-ville, de Fort Griffon, de Battant, en face des Glacis et sur le chemin de la gare ferroviaire pour celles et ceux qui s’y rendent à pieds en traînant leur valise à roulettes, à deux pas de l’éco-quartier Vauban où logeront des gens qui auront les moyens d’y loger.

C’est gai, de moins en moins ordonné, et quiconque apprécie les ballades urbaines qui sortent un peu des chemins organisés, les terrains vagues, ces espaces que le marché immobilier n’a pas encore réussi à négocier où poussent des plantes humbles et parfois inattendues, rêve d’entrer là et d’y casser la croûte en buvant un canon.

J’ai demandé à la personne qui m’a répondu s’il était possible d’accéder, de visiter. La réponse négative ne m’a pas étonné. Qui pourrait imaginer qu’un lieu non balisé, d’une poésie modeste augmentée par les voies ferrées et les serres, soit livré au public ? Je savais donc très bien que le jardin botanique de la Place Leclerc était fermé à la population. Son destin semble être entre les mains d’un site de cessions immobilières de l’Etat, France Domaine, où je ne l’ai pas trouvé, peut-être parce que je n’ai pas cherché beaucoup.

A l’occasion d’une réunion publique, au commencement de la campagne des dernières élections municipales, j’avais tenté d’interroger Anne Vignot sur le sujet, qui m’avait répondu sèchement que le Jardin botanique était propriété de l’Etat, et que la ville de Besançon n’avait pas son mot à dire. Il se trouve qu’à peu près à la même époque, Anne Vignot, alors adjointe au Maire Fousseret, et  Claire Dupouet, Directrice du service Sciences, arts et culture à l'université de Franche-Comté, défendaient le projet d’installation d’un Jardin de la découverte sur le campus de la Bouloie. La Ville de Besançon avait donc son mot à dire.

L’argumentation développée reposait sur deux points. Le concept du désormais ancien Jardin botanique serait dépassé, et le futur Jardin de la découverte aura, je cite, une dimension botanique bien sûr, mais aussi écologique. Toutes les questions fondamentales des espèces, de leur évolution, leur histoire, etc. y seront étudiées, d’une part ; d’autre part, il s’agit de, je cite à nouveau, connecter le campus à la ville : les Bisontins et Bisontines pourront découvrir la science de façon ludique et attractive avec les chercheurs et les étudiants. Il est vrai qu’une ballade dans l’ancien Jardin botanique n’avait rien de ludique et qu’on ne n’y apprenait rien du tout. Sur le campus de la Bouloie en revanche, des groupes de chercheurs, d’étudiantes et d’étudiants attendront les quidams et se mettront à leur disposition. Un jour peut-être.

Evidemment.

En attendant, on a fermé, depuis quatre années… Je crains qu’à force d’être cuisinée à toutes les sauces, l’écologie perde de sa saveur. L’existence d’un petit coin de nature à proximité immédiate d’un carrefour particulièrement embouteillé plusieurs heures chaque jour n’avait-il donc aucune de ces vertes vertus ? Mais bon… Il va de soi, je pense, qu’aucun désengagement patrimonial de l’Université n’est entré en ligne de compte dans ce vaste projet…

Quatre points :

Prendre ce genre de décisions sans débat réel, sans consulter directement les habitants, nuit gravement à la santé démocratique. Au prétexte, me répondra-t-on peut-être, que la majeure partie de la population se soucie du Jardin botanique comme de sa première abstention ? C’est oublier que, comme la lecture et l’écriture, tout s’apprend ; qu’à force de n’être consultés sur rien, les gens pensent que leur avis n’intéresse pas les édiles ; que le débat se suscite, voire se provoque et que la polémique est un exercice de santé publique ; qu’il n’est aucun sujet dont le peuple ne puisse s’emparer.

N’existaient-il pas d’autres solutions pour rendre le campus de la Bouloie plus accueillant, plus fréquenté ? Comme installer, dans un cadre et des financements publics, des immeubles qui accueillent à la fois des personnes âgées et des étudiants, en imaginant que les plus jeunes financent une partie de leur loyer en rendant des services aux plus anciens ?

Par quoi l’ancien Jardin botanique va-t-il être remplacé ?

Enfin, peut-on follement imaginer qu’avant que les engins de chantier ne détruisent le lieu, l’Université et la Ville de Besançon délèguent quelques salariés afin d’ouvrir au public cette belle friche, en condamnant évidemment pour des raisons de sécurité, les grandes serres et le bassin ?

Actuellement, la Fabrika est fermée, en attendant l’installation du futur Jardin de la Découverte.

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