Besançon dans les États Généraux des Migrations

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Le projet des Etats Généraux des Migrations s'est développé peu à peu à partir de juin 2017. La première session nationale s'est tenue les samedi 26 et dimanche 27 mai 2018  à Montreuil tandis qu'à Besançon une rencontre a eu lieu vendredi 25 mai Place Pasteur. Un mouvement solidaire prend forme en France et en Europe défendant une autre vision de l'humanité autour d'une autre approche des politiques migratoires.

Face à l'absence de réponse du Président de la République à une lettre ouverte en juin émanant de 470 associations appelant à « un changement radical de la politique migratoire en France » , une vaste dynamique nationale a permis d'affirmer un refus de l’inacceptable ainsi que l’urgence d’une réaction nationale à la situation actuelle vécue par les migrant(e)s sur le territoire français en vue de construire les bases de propositions de politiques migratoires alternatives.

La France solidaire existe et elle mobilise des milliers de personnes 

Les cahiers de doléances remontant des régions ont permis de recueillir les mots de citoyens exprimant le refus de la politique répressive actuelle d’éloignement ainsi que le refus de s'habituer aux situations de maltraitance et de violence quotidiennes envers les migrants dont ils sont témoins étant donné le manque d'hébergement et l'organisation du non-accueil, la fragilisation du droit d'asile soumis à une logique du « tri », l'utilisation perverse du règlement Dublin (transfert des demandeurs d’asile vers le premier pays européen qu’ils ont traversé) pour l'abandon duquel militent les États Généraux.

L'exemple du règlement Dublin

Ce règlement fait en effet peser trop de responsabilités sur les États qui sont aux frontières de l'UE, ce qui a pour effet de déresponsabilise les autres États.

Par ailleurs si la France cherche à accélérer les procédures pour expulser les « Dublinés » dont la demande d'asile dépendrait d'un autre pays, elle cherche à freiner la réadmission de ceux dont la prise en charge lui revient , selon le même règlement. Les chiffres d'Eurostat montrent que la différence entre les « éloignements » et ces réadmissions présentent un bilan quasi nul pour la France en 2016 (1 293 sorties contre 1 257 entrées soit un bilan positif de 36 transferts) et les statistiques de 2017 ne semblent pas meilleures. Quand nos dirigeants, nos préfets,  se rendront ils compte de la vanité de cette agitation  et du gaspillage dont elle est responsable au mépris des situations d'exilés en déroute ? Combien de temps allons nous accepter ces positions inhumaines ?

Si La Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie (soit le «groupe de Visegrád») ont dénoncé toute imposition de quotas depuis Bruxelles, de nombreux autres pays européens ne disent rien et ne font aucun procès aux politiques souverainistes de ces quatre pays tant ils sont d'accord en silence sur ce point. Ce type d'hypocrisie risque à la longue d'être très destructeur car il rend toute solidarité européenne impossible. Ce règlement est ainsi parfaitement anti européen.

Les citoyens, persuadés que les phénomènes migratoires font partie de notre monde et ne s'arrêteront pas avec cet excès de mesures sécuritaires, refusent des perspectives humaines désastreuses n'ayant comme fin en soi sans autre perspective que d'empêcher à tout prix les migrants d’entrer sur le territoire français ou européen de leur choix, de les « trier » et d'accélérer leur expulsion.

Une opinion en faveur de l'accueil et de la solidarité

Il s'agit donc face à ce constat de créer avec ces États généraux un mouvement d’opinion en faveur de l’accueil et d’autres politiques migratoires, de favoriser une démarche de concertation décentralisée sur les territoires en France puis de lancer un débat européen.

Ainsi plus 20 000 personnes à travers 106 assemblées locales et plus de 1600 organisations et collectifs ayant pris part quelques 800 événements locaux se sont organisées à travers la France dans départements (71 en métropole et 3 Outre-Mer) depuis le lancement de ces États généraux afin de composer une « société civile » organisée, qui tous les jours sillonne le terrain pour pallier les manquements, l’aveuglement et l’inhumanité des politiques publiques et cherchent à proposer des alternatives à la politique répressive du gouvernement.

A Besançon

Dans la région 27 organisations du Doubs, de Haute-Saône et du Jura ont répondu à l'appel national des EGM -États Généraux des Migrations. Elles se sont rassemblées pour discuter de l'accueil des migrants en France depuis 8 mois et ont conçu un cahier de doléances sur les positions citoyennes cherchant à dénoncer l'inacceptable dans notre région et proposer des solutions alternatives pour construire une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux des migrant(e)s avec comme objectif de construire un autre discours sur les migrations.

Le vendredi 25 mai Place Pasteur des discussions et animations autour de panneaux d'information ont proposé de façon festive aux passants de déconstruire certains préjugés (l'invasion, le coût, la protection sociale...) autour des migrations, avec musique et projection d'un film en fin de soirée, Un paese di Calabria, avec débat.

A Montreuil

Près de 500 participants se sont accordés durant 2 jours sur le texte final du manifeste constituant, le « socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes » correspondant à une synthèse des cahiers de doléances émanant de 86 assemblées locale et ont travaillé sur 9 ateliers lors de cette première session  nationale des États Généraux des Migrations qui s'est tenue les samedi 26 et dimanche 27 mai 2018  à Montreuil.

Perspectives

Si la loi dite « asile et immigration », adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 22 avril dernier, ne devrait pas connaître de grands bouleversements lors de son passage au Sénat attendu en juin,  plusieurs axes sont apparus lors des ateliers des rencontres de Montreuil. La prochaine étape consistera d'alerter les  sénateurs avant le  débat au Sénat ( 19- 20 - 21 et 26 juin), puis  les élections européennes constitueront un débat plus large pour un vrai droit d’asile en Europe. Les retours des 9 ateliers nous en apprendront plus.

La France n'est pas le pays des Droits de l'homme mais seulement celui de leur « déclaration », ce qui fait une sacrée différence qui devrait nous faire réfléchir au fossé existant entre les discours et les actes. Il importe de passer à l'action afin de traduire ces droits dans les faits.

A suivre...

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