Depuis plusieurs jours, les témoignages d’une défaillance grave et généralisée de l’acheminement du matériel officiel de la campagne (professions de foi et bulletins de vote) s’accumulent. Ce phénomène est particulièrement avéré dans l’ensemble des régions pour lesquelles le marché a été attribué au prestataire privé Adrexo. Cela se vérifie de façon significative en Bourgogne Franche-Comté.
Alors que le code électoral impose aux services de l’Etat d’assurer la distribution de ces documents au plus tard le « mercredi précédent le 1er tour de scrutin », nous constatons qu’au moins 1/3 des foyers n’ont pas reçu ce matériel moins de 24 heures avant l’ouverture du scrutin. En Côte d’Or, département de la capitale régionale, les services de l’Etat reconnaissent que seulement 62% des documents étaient diffusés jeudi soir selon l’aveu même du prestataire. Dans les départements les plus ruraux, les manquements sont encore plus massifs.
Les symptômes de ce préjudice porté à notre démocratie sont inouïs : des piles d’enveloppes entassées dans les cages d’escalier, quand ce n’est pas jetés à la poubelle ou abandonnés dans les bois, des boites aux lettres vides, des distributeurs désorientés qui ne savent pas identifier les rues, les quartiers et les électeurs qui y résident. Et lorsque l’enveloppe est bien arrivée dans la boite aux lettres, l’ordre de présentation des professions de foi n’est la plupart du temps pas respecté !
Dans ces conditions, comment imaginer le déroulement d’un scrutin déjà singulièrement fragilisé par le désintérêt massif de nos concitoyens, et par la crise sanitaire ? Quel sera le sens des résultats demain soir ?
Nous demandons que l’Etat prenne dans l’urgence toutes les dispositions nécessaires, quoi qu’il en coûte, pour garantir la sincérité du scrutin, demain, ou à défaut, à une date ultérieure. Si les mesures exemplaires ne sont pas prises, nous engagerons les recours nécessaires pour faire valoir les droits des citoyens de Bourgogne Franche-Comté.
Il n’est pas imaginable que l’Etat s’accommode d’un tel amateurisme à l’heure où le Ministre de l’Intérieur tente de minimiser un dysfonctionnement généralisé.
Au-delà, Le Temps des Cerises demande solennellement qu’une commission d’enquête parlementaire soit organisée dans les plus brefs délais et que l’Etat revienne sur le choix de s’en remettre à l’ouverture à la concurrence. Preuve est faite, une fois de plus, que notre République a besoin de ses services publics.