Abakar et la Préfecture : acharnement et inhumanité

Merci ! Merci ! et Bravo... Suite à un appel à une connaissance en Guinée Conakry, des camarades ont réagi instantanément. Ils ont permis à Abakar d'être accueilli vendredi matin à l'aéroport de Conakry...  En effet, après l'expulsion d’Abakar, 90 personnes ulcérées se sont réunies devant la sous-préfecture de Montbéliard, le jour même.

17 h ce vendredi.

Devant la sous-préfecture de Montbéliard, 90 personnes tendent des photos d’Abakar, jeune migrant guinéen expulsé la veille vers son pays d’origine. Une voie de circulation est neutralisée en raison de la manifestation. Au milieu du ballet incessant des véhicules, des habitants, des militants, des élus crient leur colère face au traitement réservé au cuisinier de 20 ans  qui a suivi son apprentissage à Audincourt. « On l’embarque dans un avion sans test PCR. On le prive de son téléphone. On le renvoie dans un pays où il n’a pas mis les pieds depuis l’âge de 13 ans. Dès qu’il s’agit d’expulser de pauvres malheureux, les règles ne s’appliquent plus », hurle, des trémolos dans la voix, Bruno Lemerle, porte- parole du comité de soutien.

D’autres mots vont électriser l’assistance. Ils émanent de Christophe, directeur du CFA de Bethoncourt où Abakar était hébergé depuis son arrivée à l’âge de 16 ans : « Je m’exprime en qualité de citoyen révolté, non en tant que directeur », prévient-il, au bord des larmes en exprimant son profond désarroi : « Un sac de cours et un sac d’habits dans un bureau, c’est tout ce qu’il nous reste. Tous les jours, des formateurs se battent pour des jeunes comme lui. On les forme à un métier en sachant qu’ils n’ont aucun avenir. Ils ne parlent jamais des épreuves qu’ils ont traversées. C’est révoltant de les voir convoquer en gendarmerie sur un motif fallacieux puis conduits en rétention. C’est toute notre mission d’éducateur qui tombe à l’eau. Les expulsions doivent cesser. Ce n’est pas une question de politique mais d’humanité ».

Évelyne, une participante, dit sa honte d’être Française « dans ces moments-là ». Toutes les personnes présentes ont signé une attestation sur l’honneur pour décerner au préfet du Doubs un diplôme qui lui sera adressé :

le 1er prix « Acharnement et inhumanité »

Grâce à des contacts établis par le comité de soutien à Conakry, Abakar,  qui a d'abord dormi dans l’aéroport, a été pris en charge par un habitant qui tente de lui trouver un logement.

« Nous avons pu lui envoyer de l’argent », précise Bruno Lemerle. Des démarches juridiques sont menées pour permettre le retour du Guinéen dans l’Hexagone, là où sa toque de cuisinier l’attend .

« La promesse d’embauche tient toujours. La promesse d’embauche tient toujours, j’ai eu le restaurateur en ligne », assure Martial Bourquin, le maire d’Audincourt.

Abakar dès lundi commence la reconstitution de son état civil, passeport, pour un retour conforme avec les actions en justice appropriées.

Le Comité de soutien d'Abakar travaille déjà avec son employeur, son avocat à l'établissement de sa carte de séjour salarié.

Merci à tous ! de la part d'Abakar.

son Comité de soutien

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