Le verre d’eau gratuit du restaurateur, mythe ou réalité ?

Depuis plus d’une semaine, le mercure n’est pas descendu en journée sous la barre des 30 degrés dans la capitale comtoise. L’occasion de faire le point sur les possibilités de se désaltérer loin de chez soi en cas de nécessité, y compris pour les budgets les plus modestes ou itinérants peu prévoyants. Outre les nombreux points de ravitaillement municipaux, comment bars, cafés, sandwicheries, ou grandes chaînes de restauration réagissent-ils aux sollicitations du fameux « verre d’eau gratuit » dans le centre-ville de Besançon ?

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Une vingtaine d’établissements [1] a été testée « incognito » dans le vieux centre historique, nous mettant en cela à la place de n’importe quelle personne de passage, fragile, galérien, ou flâneur assoiffé par les hautes températures. Des plus aimables aux plus agacés mais toujours polis, le constat est sans appel. Aucun gérant ou salarié ne s’est opposé à concéder de quoi nous hydrater.

Mieux même : une employée du « fournil comtois » n’a pas hésité à « sacrifier » une bouteille destinée à la vente jugeant le contenu du robinet « pas assez frais », quand plusieurs autres ont spontanément proposé une seconde voir une troisième tournée. Si depuis 2010 « le droit à une eau potable propre et de qualité » est reconnu comme étant constitutif des droits de l’Homme, cette considération ne concerne pas les entreprises vis-à-vis de tiers, qui font de ce geste un « choix moral ou d’image. »

La bienveillance au-delà des Lois

Ainsi malgré la croyance populaire persistante, les commerces ne sont pas tenus d’offrir ce service en dehors de l’accompagnement d’un repas pour les restaurateurs. La DGCCRF et plusieurs plateformes spécialisées le précisent dans des articles dédiés, s’appuyant notamment sur l'arrêté n°25-268 du 8 juin 1967 : « même si les professionnels acceptent le plus souvent surtout en période de grande chaleur, un verre d'eau gratuit peut être refusé aux personnes qui ne consomment pas ou faire l’objet d’une facturation. »

Une pratique de fait qui se vérifie donc localement, même si cette civilité apparemment unanime ici demeurerait presque singulière en France. Contactée hier après-midi, l’union des commerçants de Besançon (UCB) tient à saluer le chiffre communiqué. « Les restaurateurs-adhérents que nous côtoyons sont en effet le plus souvent compréhensifs, je ne suis donc pas surprise par une satisfaction large. Mais 100 % c’est extraordinaire et c’est un motif de fierté ! »

Une cinquantaine de points d’eau potable

 

Mais en développant la conversation, tenanciers et salariés tiennent parfois à nuancer les limites de leur altruisme. « On offre de bon cœur bien sûr, mais il faut aussi comprendre qu’on ne peut s’improviser distributeurs toute la journée puisqu’il y a des rythmes à respecter » témoigne un serveur. L’occasion aussi de rappeler l’existence de 46 points d’eau potable gratuits et en libre-service, mis en place par la municipalité de Besançon sur l’ensemble du territoire (voir liste ci-contre).

Comme partout la commune n’échappe pas à ce brasier estival, qui risque de devenir la norme selon plusieurs études. 2018 était déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée à Besançon et face à l’urgence et la gravité de la situation, l’esprit solidaire constaté ici ne pourra pas faire office de solution… mais pèsera sans doute bénéfiquement sur le moral de la population !

[1] Liste complète : (1) le Fournil comtois - Mairie, (2) brasserie du Globe, (3) the Green man, (4) Café Leffe, (5) crêperie Luc Breton, (6) le Fournil comtois - Breton, (7) Healthy food, (8) Quick, (9) Subway, (10) café Granvelle, (11) le 1802, (12) café des Beaux-Arts, (13) l’Antr’act, (14) le Bunjin, (15) Via Roma, (16) pub de l’Étoile, (17) Bagelstein, (18) Planet sushi, (19) snack Millenium, (20) kebab du Battant, (21) la Brioche dorée, (22) le Madigans, (23) l’Iguane café, (24) le Kiosque Chamars ; sollicités sur place le lundi 1er juillet entre 14h00 et 15h00.

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