Voter, c’est abdiquer !

« J’préfère voter pour un punk, que d’voter pour Donald Trump » Hayce Lemsi, 2017.

« Comme a dit Shurik’n, en pensant à leurs émules.

Tout dans les urnes, rien dans les burnes !» Akhenaton (IAM), 1993

« C’est toi le criminel, ô Peuple, puisque c’est toi le Souverain. Tu es, il est vrai, le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime. » Albert Libertad, 1902.

« N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! » Elisée Reclus, 1885.

De nouvelles élections approchent et, comme toujours, deviennent le seul sujet qui intéresse les grands médias et les partis politiques, reléguant les luttes sociales à l’arrière-plan, ou pire, les récupérant pour en faire des arguments de campagne.

Pas besoin d’être anarchiste (libertaire) pour savoir que, quel que soit le vainqueur, rien ne change.

Les bases du système resteront encore et toujours les mêmes !

Voilà la raison pour laquelle les politiciens s’efforcent de récuperer les éléct.eur.rices par tous les moyens : Socialistes, Républicains, Marcheurs, Ecolos, partis de « gauche » (LFI, PCF) sans oublier les nationalistes décerébrés (RN, Debout la France, UPR, Z zzzzzz).

Que nous gardions le système électoral majoritaire de la Vème République, ou que nous passions à un système plus proportionnel (RIC) ; quel que soit le nombre de personnes qui votent ou ne votent pas à une élection ou un référendum, le capitalisme reste et restera aux commandes partout dans le monde.

Nous restons exploité.es dans la sphère économique, quand bien même nous participons à des élections ou non.

Les capitalistes, qu’ils soient des gestionnaires financiers, des « décideurs » ou des « capitaines d’industries », qu’ils viennent de France ou de n’importe quel pays, continuent de contrôler les richesses que nous produisons et à protéger leur mainmise à l’aide de la police, de la justice et de l’armée.

« Tu ne peux pas te plaindre »

Les abstentionnistes s’entendent dire : « Si vous ne votez pas, ne venez pas vous plaindre ».

Mais voter dans une telle situation, c’est prétendre que notre système politique est acceptable, le légitimer, et aussi permettre aux partis gagnants de ne plus assumer leurs responsabilités, alors que ces derniers sont au pouvoir depuis des décennies.

En vérité, nous n’avons pas notre mot à dire dans les décisions prises par les personnes que nous élisons.

C’est cela « la démocratie représentative ».

Nous, anarchistes, nous organisons selon les principes du « fédéralisme libertaire ». Il permet de faire entendre notre voix dans chaque décision, si nous désirons nous exprimer bien sûr. Ainsi, nous ne déléguons pas notre capacité de décision aux mains d’autres personnes.

Pour réaliser des tâches plus spécifiques, nous fonctionnons selon les principes du mandat impératif : nous mandatons une personne ou un groupe révocable à tout moment et responsable devant la base pour réaliser des tâches précisément et collectivement définies, plutôt que pour prendre des décisions à notre place.

Faire campagne contre le vote

Une campagne « Non au vote » ou « Élections, piège à cons » est une pure perte de temps. Il en va de même s’agissant des votes de protestation en faveur des « extrêmes ». Le temps et l’argent dépensés à mener campagne seraient mieux employés à résoudre certains des problèmes que nous rencontrons dans nos vies.

Protester en raturant un bulletin de vote ou en défilant sagement dans les rues, ne suffit pas à instaurer un véritable rapport de force.

Finalement, aux yeux des anarchistes (libertaires), que vous votiez ou non ne fera aucune différence.

Le plus important, c’est de bien se rendre compte que les élections ne sont là que pour justifier un système fondamentalement corrompu et nous détourner des luttes pouvant mener à un changement réel.

Ne votez pas, organisez-vous !

Ce que nous proposons, c’est de nous rassembler avec nos voisin.es et nos collègues, avec les personnes qui partagent nos intérêts et ne bénéficient pas des mêmes privilèges que d’autres, avec tou.tes les dominé.es, les exclu.es, les précaires.

Nous sommes les mieux placé.es pour déterminer nos besoins et organiser la société en vue du bien commun.

Pour que cela devienne possible, nous devons pratiquer l’action directe, c’est-à-dire que nous devons résoudre nos problèmes sans être representé.es par d’autres.

Nous appelons à aller plus loin que les protestations habituelles et les demandes de « changements » : nous appelons à des blocages, à des occupations et à la désobéissance civile.

Nous appelons à refuser de payer aux grandes chaînes de distribution les denrées que nous, ou d’autres prolétaires dans le monde, avons produites.

Nous appelons à des débrayages et à des grèves, sans attendre que les centrales syndicales l’autorisent !

Dès aujourd’hui, nous avons commencé à bâtir nos moyens de lutte : collectifs anti-repression, ZAD, street medics, Gilets jaunes…

Les Gilets jaunes ont bâti eux-même, sur les ronds-points ou ailleurs,des espaces de discussion et d’organisation qui ont permis à leur lutte d’exister.

Reprendre le contrôle de nos luttes et de nos existences

Dans la réalité, les gens ont peur d’affronter l’État, et c’est compréhensible.

Mais l’action directe ne doit pas se résumer à tenter de lancer un affrontement massif pour vaincre le capitalisme d’un seul coup.

Les anarchistes pensent qu’il faudra réaliser une révolution sociale, en se confrontant au capitalisme et à l’État dès maintenant et à tous les niveaux.

C’est seulement ainsi que nous pourrons commencer à reprendre le contrôle.

Dans les faits, tous les bienfaits que beaucoup croient avoir été inventés par l’État (l’assurance maladie, le droit du travail, les congés maladies, les allocations chômages,les retraites) ont historiquement été mis en place afin de mettre fin à des mouvements sociaux d’action directe et de syndicalisme révolutionnaire qui menaçaient son pouvoir.

Par ailleurs, ces « acquis sociaux » sont bien plus des concessions et des compromis entre l’État, la bourgeoisie et les syndicats réformistes, que des avancées révolutionnaires émancipatrices.

Loin de marquer une rupture, ces fragiles accommodements n’ont pas freiné et ont même accéléré l’exploitation des humain.es, de l’environnement et des écosystèmes.

Les mouvements successifs possédant un potentiel révolutionnaire ont été détournés par les politiciens en vue de parvenir au pouvoir, avant de bâillonner celleux qui réclamaient + que les mesures accordées.

Nous devons donc entériner le fait que nous avons rien à attendre d’aucun parti, fût-il « d’extrême gauche », ou de ces syndicats qui préfèrent le rôle de « partenaires sociaux ».

Nous devons reconstruire des mouvements fondés sur l’action directe, capable d’établir un rapport de force avec le capitalisme, la bourgeoisie et l’État.

Nous devons reconstruire des mouvements n’ayant pas peur de revendiquer l’abolition de tous les systèmes d’autorité et d’exploitation.

Refusons les élections, ce jeu de dupes ! Auto-organisons nous, dans nos vies, dans nos luttes, vers une émancipation individuelle et collective !

Texte partiellement modifié, traduit et adapté de l’anglais par le groupe La Révolte (Paris-Fédération Anarchiste) d’après un texte de l’Anarchist Federation (UK).

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