À l’heure où la crise climatique impose de réduire drastiquement le trafic aérien et où des élus courageux, comme la maire de Poitiers par exemple, coupent les subsides publics à des aéroports, la présidente de Bourgogne Franche-Comté a décidé de miser sur le développement de l’aviation.
Un très mauvais signal ... Qu’importe si, en France, les émissions de CO2 du secteur aérien ont augmenté de plus de 70 % ces trente dernières années, Marie-Guite Dufay a, fin octobre, fait voter aux élus régionaux une subvention en soutien à l’aéroport de Dole-Tavaux de 425 644€ pour le fonctionnement annuel et 1 581 000 € en crédits d’investissements. Les régions sont cheffes de file en matière de climat et de biodiversitéA la COP26 de Glasgow mi-novembre 2021 les gouvernements sont loin d’avoir atteint le niveau d’ambition nécessaire pour limiter le changement climatique à 1,5 degré et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Les émissions nettes mondiales de CO2 doivent pourtant diminuer d’environ 45% par rapport au niveau de 2010 d’ici à 2030, pour atteindre le zéro émission vers 2050, condition sine qua non de notre survie sur terre. Si face à l’ampleur du changement à venir, les politiques publiques régionales persistent trop souvent dans le productivisme passéiste ou la croyance en un progrès technique qui viendrait tout régler, les régions sont cheffes de file en matière de climat et de biodiversité, intrinsèquement liés pour lutter contre les gaz à effets de serre. Et l’heure est aux actions et décisions politiques courageuses. Le budget 2022 doit être l’occasion de donner corps aux ambitions écologiques et climatiques régionales, et d’être au rendez-vous des générations futures, là où le gouvernement a failli.
Halte au greenwashing !La compagnie low cost américaine Frontier Airlines qui a acheté 91 nouveaux Airbus a peint sur les ailes de ses avions des espèces animales en voie de disparition - comme l’ours polaire - pour sensibiliser ses passagers à la préservation de la Terre ... La compagnie à bas coût hongroise Wizz Air a précommandé à Airbus pas moins de 102 appareils. Elle prétend compenser ses émissions de CO2 en plantant des arbres en Ouganda. Cette compensation via la reforestation dans les pays du Sud est évidemment critiquable pour sa dimension néocoloniale, mais aussi et surtout parce qu’elle permet aux entreprises de payer pour continuer à polluer !
Le 26 novembre, Hervé Bellimaz, président de France Nature Environnement a écrit à Madame Dufay, lui demandant de revenir sur la décision de soutien à l’aéroport de Dole-Tavaux et de reconsidérer la stratégie aéroportuaire régionale. Du global au local, l’action publique doit converger vers les mêmes objectifs : réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre pour éviter le pire, s’adapter à ce qui ne peut plus être évité, protéger les plus vulnérables face à ces changements.