Une réaction aux réactions à la présence d’Anne Vignot à la manif du 13 juin à l’appel du comité Adama

J’ai participé à la manifestation contre le racisme et les violences policières samedi 13 juin à Besançon parce que je réponds à ces mots d’ordre chaque fois que je le peux. J’y étais d’autant plus que celle-ci répondait à l’appel du comité Adama, qui représente une des voix actuelles du mouvement contre le racisme au quotidien. J’ai eu des échanges avec des amis et camarades, aussi militants que moi, qui ont fait le choix de ne pas y participer estimant que ce serait contribuer au discrédit de la police ce qui serait injuste envers les policiers qui ne sont pas majoritairement racistes et contre productif parce que nous en avons besoin.

Bien sûr que nous avons besoin des policiers et des gendarmes. Ils font un travail très dur, parfois dangereux, les suicides sont nombreux dans cette profession, certains y laissent leur vie. Depuis plus de 10 ans on les mobilise énormément, souvent sans récupération. Beaucoup doivent éprouver un sentiment d’injustice au procès qui est fait à l’ensemble de la police alors que ces comportements ne sont sans doute que marginaux.

Je ne pense pas que les policiers soient majoritairement racistes - heureusement ! Peut-être y en a-t-il autant que dans le reste de la société ? Mais est-ce pour autant satisfaisant ?

La police est dépositaire de l’autorité publique, détentrice du monopole de la violence légitime c’est pour ça qu’elle doit être exemplaire et que nous devons avoir des exigences à son égard. On ne choisit pas les policiers auxquels on a affaire. Accepterait-on de monter dans un avion si on nous disait que seuls 1% ou 2% des pilotes étaient incompétents ?

Dans notre pays, la police a pour mission d’assurer la sécurité de l’Etat mais aussi celle des citoyens dans l’esprit des valeurs de notre république : la liberté, l’égalité et la fraternité. La réalité actuelle est malheureusement accablante. C’est le défenseur des droits, Jacques Toubon qui dénonce un « profilage racial et social » lors des contrôles d’identité. Ce sont deux enquêtes de médias indépendants qui révèlent l’existence de propos racistes, homophobes et sexistes sur un réseau réunissant plus de 8000 policiers ! C’est l’Europe et l’ONU qui ont « dénoncé le recours à des interventions violentes et disproportionnées de la part des autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques ». Que l’on se rappelle le nombre de manifestants gilets jaunes ayant perdu une main ou un oeil. Il serait irresponsable et dangereux de nier cette réalité : notre pays a un vrai problème avec sa police. Ce problème est d’ailleurs d’abord celui des orientations et du rôle que le pouvoir politique lui assigne.

Cet enjeu démocratique, nous concerne tous et toutes que nous en soyons la cible ou non, civil ou policier. Je crois que les tolérances concernant les violences et crimes racistes, de surcroit quand elles viennent des représentants de l’ordre sont graves et inadmissibles. Elles favorisent l’arrivée des pouvoirs autoritaires, des idéologies inégalitaires et xénophobes, de surcroit dans un contexte de remise en cause sans précédent des libertés publiques.

Ces mobilisations qui réunissent beaucoup de jeunes, aux couleurs du peuple français sont une excellente nouvelle pour la démocratie, ne les boudons pas.

Laisser un commentaire