Une personne seule pour alerter sur la Catastrophe en Cours !

Le 12 juin, dans toute la France, l’énergie Rebellion Of One s’est emparé des cœurs et esprits. Chacun et chacune assis, calme et serein, nous avons porté un message choc contrastant avec notre posture entière, désarmante et vulnérable.

Rebellion of one est une action qui voit une personne s'asseoir dans sa fragilité pour avertir et alerter sur la situation en bloquant une voie de circulation avec un simple message. Cette action internationale est saisissante non seulement par la situation qu'elle crée, celle de notre vulnérabilité face à la catastrophe en cours, mais aussi par les réactions qu'elle ne manque pas de susciter autour d'elle. C'est ce qui la rend passionnante, elle crée immanquablement un événement et des échanges au sein de la foule qui y assiste. Plusieurs personnes ont ainsi, en même temps, porté leur message :

"Je ne resterai pas les bras croisés à ne rien faire !"

“Je suis terrifiée d’avoir des enfants à cause de la catastrophe écologique.”

Deux ans après que l’assemblée nationale ait voté l'article phare du projet de loi énergie et climat, en décrétant l’urgence écologique et climatique le 27 juin 2019, et alors qu'une loi Climat largement insuffisante vient d'être adoptée, Robert, 65 ans, habitant de Besançon, a bloqué la circulation en s’asseyant pacifiquement en tailleur au

milieu de la rue, portant une pancarte sur laquelle on peut lire "Je suis terrifié par la violence engendrée par la crise climatique et écologique".

En s’asseyant au milieu du pont de la République, samedi 12 juin à 16h, faisant face à la circulation momentanément stoppée, il s’est mis dans une position de vulnérabilité pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement deux ans après que l’urgence écologique et climatique ait pourtant été décrétée par les députés.

Mais Robert n’est pas le seul. Des dizaines d’autres personnes ont fait de même dans tout le pays, terrifiées par la trajectoire sur laquelle nous nous voyons engagés en matière de dérèglement climatique et de catastrophe écologique. Alors que le déconfinement s’opère et que les restrictions sanitaires s’assouplissent en France, des dizaines de personnes ont bloqué la circulation de Lille à Marseille en passant par Annecy, Bordeaux, Paris, en Allemagne, République Tchèque, Italie, Belgique et aux Pays-Bas, exprimant leur détermination à ne plus rester passives, les bras croisés, face aux promesses non tenues du gouvernement d’enrayer la situation d’urgence écologique et climatique.

Cette tactique d’action a été développée au Royaume-Uni par des membres d’Extinction Rebellion dans le contexte de la pandémie de Covid, pour permettre aux citoyennes et citoyens de continuer, ou de commencer à s’engager dans des actions de désobéissance civile, en solo, mais toutes et tous ensemble à la fois. [1]

A Besançon, ce sont les violences qui surgissent à cause de la catastrophe écologique qui ont motivé l’action de Robert. Il déclare :

"Je suis terrifié de penser que par nos émissions de CO2 nous entretenons le réchauffement de l’atmosphère rendant inhabitable des terres de peuples innocents et entretenant des conflits par la vente, à prix d’or, d’armes, que nous fabriquons à l’aide de matériaux que nous leur achetons à vil prix pour maintenir la croissance de notre PIB. Combien seront-ils parmi nos frères humains d’Afrique à tomber sous les balles des armes que nous fabriquons, combien seront-ils à se noyer dans la méditerranée, combien seront-ils à se faire

refouler à l’arrivée sur nos côtes avant que nous décidions modifier notre course à la croissance ?"

Il évoque également les situations concrètes de personnes qui doivent quitter leur pays en raison de violences, liées à l’exploitation capitaliste des ressources et aux violences que cela génère. Il pointe la responsabilité des gouvernements des Nords et d’un modèle économique destructeur sur la catastrophe écologique, qui naît de violences et en engendre d’autres. La lettre que Robert met à disposition des passants s’achève dans un regret : "Je demande pardon aux nouvelles générations de n’avoir pas réussi à leur laisser un monde en meilleur état."

Alors qu’il semble que nous émergeons enfin de la pandémie de Covid-19, le gouvernement français prétend avoir la situation en main en matière d’urgence écologique. Pourtant, s’inspirant initialement des conclusions de la Convention Citoyenne pour le Climat, une loi Climat vidée de toute sa substance vient d’être votée [2], et à l’aube du prochain grand sommet de la COP26, 5 ans après l’Accord de paris fixant des objectifs dont nous sommes encore très loin, l’ONU estimant qu’il y a 40% de probabilités pour que la barre fatidique des 1,5°C de réchauffement soit franchie d’ici 2025 [3], notre président a beau s’être forgé une réputation de champion de l’écologie promouvant une ‘transition écologique’, il n’en reste que ce sont 15 milliards qui ont été alloués aux compagnies de transport aérien [4], 8 milliards au secteur de l’industrie automobile [5] et que selon l’Agence Européenne de l'Environnement la France fait figure de mauvais élève européen en matière de pollution atmosphérique, et a encore été sanctionnée par la Commission Européenne [6].

A Besançon, la catastrophe climatique est encore trop largement ignorée. Des projets d’artificialisation se poursuivent, des routes se construisent, des maraîchères en ville se font déloger par des écoquartiers. La violence est là aussi. Dans la destruction des habitats naturels encore sauvages, des jardins populaires, qui permettent de nourrir des dizaines de familles.

Les personnes qui se sont engagées dans cette action aujourd’hui espèrent signifier clairement qu’elles n'ont plus confiance, et ne peuvent plus laisser leur avenir entre les mains du gouvernement.

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