Une virée en ville

Samedi 7 août

Cela faisait plus d'un an que je n'avais pas eu de nouvelles de Claudie, une vieille copine de faculté. Elle m'avait appelé car elle descendait sur Besançon ce samedi. Ainsi, peut être par nostalgie, nous étions nous assis à la terrasse du Bar de l'U.

- Alors ces vacances ? Demandai-je en suivant des yeux ses deux grands ados qui sirotaient un soda en regardant, captivés, des vidéos sur leurs téléphones.

- Comme d'habitude, on est partis au bord de la mer. T'aurais du voir ce centre. Tout beau, tout propre. On s'est bien amusés même si c'était pas facile d'entrer au centre commercial d'à coté avec ces histoires de vaccination et de pass sanitaire..

- Vous étiez vaccinés ?

- Non qu'est ce que tu crois. Mais on avait des certificats....tombés du camion, ajouta-t'elle en clignant de l’œil. Comme ça, on a évité les emmerdes avec la Gestapo macronniste

Je n'ai pas relevé. Après tout.

- Et toi toujours tes vacances d'intello ? .

Je n'ai pas relevé encore une fois, me contentant de sourire. Depuis qu'on s'était revus, elle ne s'en remettait pas, elle qui m'avait rencontré avec les cheveux longs, des jeans usés, des tee shirts informes. Et comptable en plus.. maintenant. Oubliés les plats de pâtes, les virées en 4L, les nuits blanches dans sa chambre de la Bouloie.

Et les A dans un cercle dessiné sur les copies blanches.

J'allumai une cigarette et recommandai un demi, seul. Elle ne voulait rien

- Nous aussi comme d'habitude. On a traîné ici ou là. Je crois qu'on aime prendre le temps, de se balader tranquilles. Il nous arrive parfois de dormir dans la voiture, mais moins souvent...on vieillit. Et tu sais que nos grands sont partis de la maison alors quand c'est l'été ils passent nous voir.

Nous discutâmes encore une heure, échangeant sur nos vies, sur les gens que nous avions connus, sur les disparus, les divorcés, les ratés, les réussites. Elle regardait sa montre de temps en temps, sans doute parce que Sébastien l'attendait. Je retrouvai tout d'un coup la Claudie inquiète, sa ride minuscule au milieu du front. Elle eu un geste large et appela le serveur.

- Je t'invite.

Elle glissa sa carte bleue à son grand qui se leva pour payer, puis je les raccompagnai jusqu’au SUV qu'elle avait garé Place Granvelle, à vingt mètres de l'ancien pôle de sociologie. Je lui proposai que la prochaine fois nous nous retrouvions avec Sébastien et ma compagne pour manger quelque part.

- Pourquoi pas !

Elle se mit à rigoler

- Enfin on verra. Tu sais j'ai lu quelque part qu'il était plus facile pour un clandestin d'entrer en France que pour un français d'entrer dans un restaurant....

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