Samedi 23 octobre 2021
Ma chère XXXX,
Je voulais venir vous voir en revenant d'Angleterre mais tu avais déménagé. J'ai fini par retrouver ton adresse (c'est Elder qui me l'a filée, avec ton num mais je n'ai pas osé t'appeler, je préférais te voir en vrai).
Tu ne souviens de notre prof d'histoire au lycée Mr Cuenot ? Il avait du faire partie d'un communauté en Ardèche et avoir son bac en 1968. Il nous avait fait un cours sur les slogans... Il y en avait un que j'avais adoré. Tu dois t'en souvenir : « Ne travaillez jamais » !
L'ironie.
Bien sûr ne jamais travailler. C'est ce que je n'ai pas arrêté de faire depuis. Comme tu le sais je voulais devenir écrivain. Tu dois bien le savoir, toi qui est devenue une professionnelle de la littérature. Peut être avez vous même quelques livres de moi chez vous.
Si je t'écris c'est que je suis en train de travailler sur un roman qui se passerait à Besançon. Tu vois, un roman autobiographique. Mon éditeur voudrait que ce soit un polar, pour changer. Il a déjà pris contact avec le responsable de la Série Noire.
Je n'ai pas encore finalisé toute l’intrigue, mais pour l'instant ce serait l’histoire d'un gars qui ressemble à un acteur connu, genre Jean Dujardin, et qui vit comme ça depuis vingt ans en faisant des petite arnaques. Le problème est que ses parents ont Alzheimer alors il doit revenir s'en occuper. Tu vois aussi la nostalgie qui pointe ?
J'ai déjà les lieux : le centre ville, la place Saint Pierre, la morgue de Saint Jacques (il le faut bien, c'est un polar), le Président, les nouvelles librairies. Tu te souviens quand on allait à la piscine de la résidence ? Nous étions jeunes à l'époque, et comme dit la chanson, larges d'épaules. Enfin nous les garçons, car vous vous étiez plutôt fines et douces.
Je voudrais y mettre tout ce que j'aime, des livres, des références, Léo Ferré, et des citations bien senties. Nos souvenirs de soirées au Gibus. Notre muret à Pasteur. Et une critique de la vie d’aujourd’hui, la société du paraître, (du spectacle comme disait notre Guitou), Tinder, l'argent, les paradis fiscaux, les mafias, le milieu du cinéma, (puisque c'est un faux acteur), les militants bobos du Marulaz, copies palotes des vrais parisiens.
Et bien sûr un regard critique sur soi même, c'est le passage obligé quand tu veux vendre des livres aux classes moyennes. Genre, suis-je vraiment un écrivain ? Ne suis je pas le sosie d'un vrai écrivain qui fait des petits livres bourrés de trucs empruntés à d'autres pour gagner sa vie ?
Bref. Je voudrais aussi y glisser quelques moments érotiques, mais je voudrais que cela soit sensuel sans être sale. Est ce qu’Élise, celle qui admirait Bobby Lapointe, est toujours sur Besançon ?
Bref, si cela te dérange pas, nous pourrions nous voir. Histoire de parler du bon vieux temps. Je crois que j'ai des personnages pour toi et ton compagnon.
Dis-moi. Je te laisse mon adresse.
Affectueusement,
Jacky T