Un dispositif lourd de gestion et de contrôle

Lundi 3 mai, Areva a admis que des falsifications pouvaient être à l’origine des anomalies de l’EPR de Flamanville dont la cuve en acier, censée isoler les matières radioactives, présentait un défaut de fabrication.

La question du nucléaire et plus généralement des choix en matière énergétique se pose régulièrement, notamment dans notre pays, qui a fait du nucléaire la clé de son indépendance énergétique et un élément central de sa politique industrielle. Cette question est complexe. Et nous avons sans doute été nombreux, durant les années passées, à faire confiance aux « gens compétents » pour arbitrer entre les avantages et les inconvénients de cette technologie. Ce défaut d'implication citoyenne a permis que, pendant longtemps, on passe sous silence les inconvénients du nucléaire : la dépendance en uranium étranger et l’absence de solutions efficaces à la nocivité radioactive de ses déchets, notamment.

Selon les prévisions des experts, le scénario de Tchernobyl était « hautement improbable » avant de se produire, de même que celui de Fukushima. Leurs effets sanitaires, sociaux et environnementaux sont, aujourd'hui encore, considérables. La question n’est donc pas tant celle de la probabilité du risque d’accident nucléaire que des conséquences que peut avoir un tel accident. C'est donc le caractère irrémédiable d'un accident, quand bien même il aurait très peu de chances de se produire, qui doit être pris en compte dans le choix de recourir ou non au nucléaire. Ce choix relève de notre responsabilité humaine et citoyenne. Or, le nucléaire centralisé, hiérarchisé, tourné vers le gigantisme, nécessite un dispositif très lourd de gestion et de contrôle peu compatible avec la démocratie.

Je crois que nous ne devons pas faire courir un tel risque à la collectivité, quand d’autres sources d’énergies existent ou peuvent être explorées. Nombre d’ingénieurs, d’économistes, de citoyens montrent que l’on peut progressivement se passer de nucléaire, tout en diminuant notre dépendance aux énergies fossiles et en limitant les émissions de carbone. Enfin, cette énergie est liée à une conception illimitée de l’énergie aujourd'hui dépassée et représente un modèle de la démesure non généralisable sur la planète alors que nous signons l'accord de Paris.

Barbara ROMAGNAN

Chronique publiée dans L'Humanité du 9 mai 2016

Laisser un commentaire