Un accord universel et ambitieux

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L’accord de Paris vient d’être ratifié par le Parlement français. Par cette ratification les Etats s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), car seule l’action de tous peut permettre de freiner les dérèglements du climat. On peut ajouter que l’existence de cet accord signifie que l’écologie n’est plus considérée comme secondaire, que la pollution sans frein de l’atmosphère, des sols, des rivières et des océans, au profit d’usages de court terme, ne va plus de soi.

Néanmoins, il y a lieu d’être vigilant. Rien n’est écrit sur les énergies fossiles alors qu’il y a urgence à désinvestir des combustibles fossiles. On ne lit nulle part que le développement du commerce international tel qu’il est promu par le TAFTA n’est pas compatible avec les exigences de limitation du réchauffement climatique. On ne trouve rien de contraignant non plus sur les émissions du transport aérien et maritime pourtant responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre.

De plus, si l’accord affirme la nécessité de rester sous les 2°C voire 1,5° C, il n’oblige pas les États à suffisamment réduire leurs émissions de GES pour garantir cet objectif. D’ailleurs, mises bout à bout, les contributions nationales mènent à un réchauffement climatique global avoisinant les 3°C, bien au-delà de l’objectif fixé par l’accord et bien au-delà de la limite recommandée par les scientifiques. Ce qui équivaut à franchir des seuils incontrôlables et irréversibles d’emballement climatique.

De même, il faut bien reconnaître que, si l’accord nous engage, par son alinéa 137, sur la voie de la neutralité carbone, il n’est pas parvenu à fixer des prix au carbone alors que cette étape est indispensable à la traduction dans les faits de cet engagement.

Ainsi, nous aurions voulu un accord qui soit ambitieux à la fois dans ses objectifs et son universalité et contraignant. Mais il s’agit d’un accord entre des États. Si le niveau de contrainte avait été plus élevé on aurait sans doute perdu en ambition et en universalité. On a un accord universel et ambitieux donc, ou parce, que le niveau de contrainte est faible.

Dans les négociations climatiques, la vraie contrainte n’est pas dans le texte de l’accord mais dans le jugement de l’opinion publique et la mobilisation de la société civile. Comme l’a bien exprimé Yannick Jadot, député EELV, « personne ne sera vraiment obligé de rien, mais l’accord offrira la possibilité à tous les acteurs de la société de mettre la pression maximale sur les Etats à chaque cycle de révision ».

Barbara Romagnan

Chronique publiée dans L’Humanité le 30 mai 2016

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