Transport, environnement : vers une région plus verte ?

France3 organisait une heure de débat dimanche 23 mai, en direct ! Les échanges sont accessible sur https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/emissions/dimanche-en-politique-franche-comte Difficile de développer les propositions, les arguments et les exemples concrets en si peu de temps  … Voici les notes que j'avais préparées pour cette émission pour aller un peu plus loin, à partir du programme des "écologistes et Solidaires" en campagne aux côtés de Stéphanie Modde.

1) TER : une mobilité partout, pour tous, et avec tous !

En France les problèmes de qualité de l'air c'est 67000 décès par an (maladies et affections respiratoires) En 2015, un rapport du sénat évaluait le coût pour la société à 100 milliards d’euros/an. Cela donne à voir l’enjeu d’une politique ambitieuse pour développer les transports en commun et sortir de la dépendance à la route ! En matière de TER, les écologistes saluent le travail engagé avec la mise en place du cadencement. Nous voulons aller plus loin avec des TER partout en lien intelligent avec tous les autres modes de transports, aux horaires adaptés et plus réguliers. C’est par exemple la recherche systématique de correspondances horaires des TER avec les bus et le transport à la demande, favoriser les stations de covoiturage, le vélo avec des abris en gare mais aussi des capacités d’embarquement des vélos à bord des trains élargies. La mise en correspondance des liaisons depuis Mouchard à Dole avec les TGV Paris/Besançon et Paris/Suisse contribuerait au développement de la ligne des hirondelles (Dole/Saint-Claude) par exemple. La LGV RR existe, elle doit être un outil également au service des trains régionaux rapides (les TER GV type ALSTOM CORADIA-REGIOLIS 200) qui peuvent faire des liaisons directes (à 200km/h) entre Dijon et Besançon ou Belfort.

Je voudrais faire un focus sur cinq points en particulier :

  1. Arrêter les fermetures de lignes de desserte fine du territoire. Et même il convient de définir un plan de réouverture: par exemple Étang/Autun, Saint Claude/Oyonnax, Nevers/Premery … On m’a fait part dernièrement d’une demande pour l’ouverture une ligne Belfort Giromagny. De nouveaux opérateurs arrivent tel Railcoop, une coopérative qui propose un modèle citoyen à encourager.
  2. Soutenir le fret. La vitalité d’un réseau est indispensable à sa pérennité et si la Région n’a pas directement compétence sur le transport de marchandises, elle peut soutenir le fret à travers sa politique économique. Je pense à quelques petites lignes qui desservent des silos par exemple et qui pourraient avec des trains légers permettre le maintien ou la réouverture au trafic passager.
  3. Les gares doivent accueillir tout type de mode de déplacement. Et retrouver une dimension humaine. Les bâtiments rénovés doivent permettre l’accueil du public mais aussi d’activités et de zones de co-travail, devenir des tiers-lieux maisons des services publics. En phase avec les collectivités et les structures d’insertion, nous voulons développer les gares solidaires. Durant ce prochain mandat, aucune gare ne devra fermer !
  4. La tarification doit être encore plus incitative ! L’objectif est clairement d’augmenter la fréquentation. Il ne doit plus y avoir de concurrence entre bus et train, cela signifie par exemple un alignement de tarif pour les trajets courts (<30km). Il faudra porter une attention toute particulière au public jeune et aux personnes à faibles ressources mais aussi aux familles et aux groupes.
  5. Nous voulons une mobilité partout, pour tous, et avec tous ! Cette question est au cœur du quotidien de nos concitoyens, ils sont donc bien placés pour exprimer les besoins et il faudra donc dynamiser les instances de concertations des usagers, les comités de lignes, dans une dimension intermodale, en complément d’outils collaboratifs en ligne.
 

2) Aéroport Dole-Tavaux : ce sont nos impôts qui s’envolent !

L’État se défile de ses responsabilités en 2007 lorsqu’il ne ferme pas cet aéroport et en confie la responsabilité au département du Jura, après que la Région ait refusé de l’assumer. Si le taux d’équipement était proche de celui de nos voisins européens, il n’y aurait aujourd’hui en France qu’une petite cinquantaine d’aéroports … Ils sont trois fois plus nombreux ! À Tavaux, la danseuse a couté près de 20 millions d’euros en 10 ans, et bien plus encore si l’on considère que le soutien à cette plateforme a réduit à néant les 25 millions d’euros investis parallèlement à Dijon-Longvic dans le plan Renaissance : ce sont nos impôts qui s’envolent ! Le conseil départemental aurait certainement été plus inspiré en finançant un nouveau collège, ou mieux encore la rénovation de plusieurs de ceux qui sont aujourd’hui passablement délabrés … Ou encore la politique sociale qui elle est bien de sa compétence

Un dérapage juridique et financier

En janvier 2021, la chambre régionale des compte pointe « un dérapage juridique et financier » dans son rapport d’observations au département pour la période 2013/2020 « Pendant quasiment toute la durée de son exécution, la DSP n’a pas été conforme à ce qui était prévu par les documents contractuels. Cela est vrai en termes de stratégie commerciale, de volume de passagers et de coût pour la collectivité. » Comment ne pas s’émouvoir quand on sait que Ryanair, le principal bénéficiaire des largesses publiques, ne verse pas un centime d’impôt en France ? Pour les écologistes, il ne doit plus y avoir un euro d’argent public pour le low-cost

Remettre à plat la stratégie aéroportuaire régionale

Parce que des alternatives existent avec la proximité des aéroports internationaux de Paris, Lyon, Genève et Bale-Mulhouse, les écologistes souhaitent remettre à plat la stratégie aéroportuaire régionale validée en juin 2017 (La Région décide de préserver un maillage aéroportuaire fin sur l'ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté en s’impliquant dans la gestion de 9 plateformes - 7 plateformes multi-activités : Auxerre-Branches, Besançon-La Vèze, Chalon-Champforgeuil, Dijon-Darois, Dijon-Longvic, Montbéliard-Courcelles, Nevers-Fourchambault + Dole-Jura et Saint Yan ). Les économies réalisées pourraient avec profit venir soutenir les travaux d’accès TER en direction de l’aéroport de Lyon-St Exupéry ou de Bale-Mulhouse par exemple

3) Éoliennes : impliquer les riverains dans la gouvernance des projets

En matière énergétique, les écologistes ont une approche globale : sobriété, efficacité et énergies renouvelables. Nous priorisons notamment un plan de rénovation thermique ambitieux (1 foyer sur 3 est en situation de vulnérabilité énergétique dans la Région), l’accompagnement de mobilités moins polluantes, en commun et partagées (transports : plus d’un tiers des émissions de GES), et enfin le développement de toutes les énergies renouvelables : solaire thermique, solaire photovoltaïque, géothermie, … La France s’est fixé un objectif : au moins 32% en 2030 d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique. En BFC, le scénario « Vers une région à énergie positive et bas carbone à l’horizon 2050 » projette l’exploitation du potentiel éolien à hauteur de 2 800 MW de capacité installée en 2030, soit environ 1 450 mâts. (x2). Le coût des énergies renouvelables est aujourd’hui proche de 60 € le MWh contre 110 MWh pour le nucléaire : deux fois moins cher !

Nous soutenons l’approche citoyenne :

impliquer les riverains dans les études, la conception, les décisions relatives aux nouveaux parcs éolien, dans la gouvernance et le modèle économique des projets ; La Région s’impliquera plus qu’aujourd’hui dans l’analyse des projets en cours, des implantations acceptables, et sera aux côtés des collectivités et des citoyens pour les soutenir dans leurs échanges et prises de décision- difficiles - avec les développeurs privés; elle conditionnera son soutien financier aux projets à des critères poussés d’éco conditionnalité (pas d’éoliennes dans les corridors migratoires, éviter les milieux forestiers …) et de consultation citoyenne. Financement citoyen à l’exemple de Chamole dans le Jura.

Éolien ou nucléaire, nous avons choisi !

Il ne faut pas perdre de vue que si une éolienne venait à poser problème, elle peut être démontée en quelques jours. Pour une centrale nucléaire c’est entre 50 ans … et 10.000 ans (Tchernobyl). L’énergie du vent ne lègue aucun déchet hautement toxique à la charge de nos enfants et de leurs descendants. D’aucuns promeuvent l’hydrogène, un vecteur énergétique fabriqué par électrolyse. Si nous voulons de l’hydrogène vert, le seul qui soit acceptable, les éoliennes sont tout juste incontournables.

4) Écotaxe, un levier pour la transition écologique

Les écologistes sont favorables à la mise en œuvre d’un levier fiscal pour réorienter le transport de marchandises de la route vers d’autres modes massifiés, le rail et la voie d’eau. Les recettes ainsi dégagées devront être mobilisées pour dynamiser le réseau ferré, acquérir de nouveaux trains (rames d’occasion rénovées), élargir l’offre aux usagers.

Encore un un désengagement de l'État

L'écotaxe poids lourds laissée à l'initiative des régions c'est un désengagement de l'État, un de plus. Cela introduit potentiellement des effets de bord en zone inter-régionales où des régions voisines n’appliqueraient pas les mêmes règles dont il est difficile de prévoir les conséquences …

5) Sécheresse : les barrages, fausse solution face au dérèglement climatique

L’eau est une ressource vitale qu’il faut défendre ! En France, l'agriculture, c'est 48 % de la consommation d'eau, avec un pic sur les 3 mois d'été où elle représente jusqu’à 80 %. Cette grande soif est particulièrement liée à l'irrigation, utilisée sur moins de 6 % des surfaces de production agricole. Or, la crise climatique entraine des sècheresses de plus en plus longues, fréquentes et intenses. Les conflits autour de la construction de barrages d'irrigation se multiplient opposent régulièrement certains irrigants et des citoyens soucieux de la biodiversité, du climat et du juste partage de l'eau. Stocker davantage d'eau l'hiver pour l'utiliser l'été est une option simpliste qui se révèle particulièrement inadaptée pour l'agriculture, le territoire, ses citoyens et délétère pour l'ensemble du cycle de l'eau. Pire, elle aggrave les effets du dérèglement climatique qu'elle est censée pallier.

Faire un barrage, c'est aggraver les sécheresses en aval

Faire un barrage en plein milieu d'un cours d'eau entraîne inévitablement une baisse de la quantité d’eau pour l'aval. La faune et la flore en subissent les effets désastreux mais ce sont également les hommes et femmes vivant en aval qui voient leur cours d'eau s'étioler alors que ce bien commun est utilisé pour de nombreux usages.

En freinant les économies d'eau, les barrages accélèrent la venue de sécheresses sur le bassin

Les barrages d'irrigation créent un cercle vicieux : ils habituent les agriculteurs irrigants à utiliser plus d'eau que la nature ne peut en livrer. Favorisant un sentiment erroné d'opulence de la ressource, ces barrages freinent la nécessaire transition agroécologique des agriculteurs. Celle-ci passe par la diversification des cultures qui permet de réduire les pics de prélèvements d'eau, mais aussi dans le développement de cultures et de pratiques plus économes en eau. Un virage indispensable à prendre : l’agriculture est et sera confrontée au manque d’eau pour bien des années, tout comme l'ensemble des usagers de l'eau.

Les barrages détruisent la biodiversité

La construction d'un barrage entraîne toujours la destruction du milieu naturel sur place. Ces milieux d’eaux courantes détruits ne sont pas compensés par la retenue elle-même, car les eaux stagnantes, plus chaudes et moins oxygénées, ne permettent pas d’abriter de nombreuses espèces exigeantes sur la qualité des milieux. De plus, un barrage représente un obstacle majeur à la continuité écologique : il empêche la libre circulation des sédiments, des poissons et des invertébrés aquatiques, dont le cycle biologique est alors fortement perturbé.

Sobriété, optimisation et juste partage

Pour préserver les milieux naturels, notamment aquatiques, et leurs fonctionnalités, les écologistes proposent de renoncer à la création de nouveaux barrages en travers des cours d’eau. La priorité doit porter sur l’optimisation de l’utilisation des milliers qui existent déjà et barrent la vie des cours d’eau, en cumulant de lourds impacts sur l’environnement. Tout financement public doit être définitivement exclu en faveur de nouveaux ouvrages. Nous prônons une gestion plus sobre de la consommation en eau pour tous les acteurs et notamment la transition agroécologique des irrigants. Cette transition doit être fortement soutenue grâce à un accompagnement au changement qui permet une meilleure résilience de l’agriculture face à la crise climatique. Comment ? En développant des prairies, en préservant des éléments du paysage qui freinent le ruissellement des eaux (haies, bosquets, talus, mares, etc.), en diversifiant les cultures et leurs assolements ou encore en optant pour des cultures moins gourmandes en eau, plus robustes face au changement climatique. Nous militons pour la désimperméabilisation des sols et de toute autre action favorisant l’infiltration naturelle des eaux de pluie en ville comme à la campagne : l’eau de pluie qui tombe en hiver a une utilité fondamentale, elle sert à recharger les nappes d’eau souterraines.

Gérer l'eau dans un projet de territoire

Les écologistes appellent à une gestion collective, publique et à gouvernance partagée par tous les usagers de l'eau. Il est indispensable de garantir une eau en quantité suffisante pour assurer le bon fonctionnement des milieux aquatiques et la sécurité de l’alimentation en eau potable, puis calibrer et satisfaire ensuite les autres usages humains (agricoles, énergétiques, industriels) de façon durable.

Les participants au débat du 23 mai :

  • Michel Neugnot pour la liste PS-PCF-PRG de Marie-Guite Dufay, VP mobilités sortant
  • François-Xavier Dugourd pour la liste LR-UDI-DLF de Gilles Platret, tête de liste Cote d’Or, 1er Vice-président du Conseil Départemental de la Côte d'Or
  • Olivier Damien pour la liste RN de Julien Odoul. Commissaire divisionnaire à la retraite de 66 ans installé à Cormatin, il est l’ancien patron de Debout la France en Saône-et-Loire. Parti qu’il a quitté pour rejoindre L’Avenir français, un parti constitué d’anciens cadres de chez Dupont-Aignan souhaitant s’allier à Marine Le Pen.
  • Didier Paris pour la liste LREM-MoDem-Agir de Denis Thuriot, député LREM de Côte-d’Or, premier sur la liste côte-d’orienne
  • Alexis David pour la liste GRS-LFI-DVG de Bastien Faudot,  32 ans, engagé à LFI, tête de liste Jura
  • Pascal Blain pour la liste « Écologistes et Solidaires » conduite par Stéphanie Modde
 

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