Soutien face aux « tracasseries » administratives à notre amie docteure Elisabeth Aubry

Le Comité de Vigilance 70 a été alerté par la Docteure Élisabeth AUBRY de tracasseries notamment administratives qui nuisent au bon exercice de son activité de gynécologue.

Nous avons pris connaissance de son courrier avec attention (lire plus bas) et pris acte de son désarroi face à des formalités pesantes pour elle dans le cadre de son travail, déjà difficile, en raison d’une charge trop importante et dans un secteur particulièrement sinistré où sa présence est d’autant plus nécessaire. Nous vous rappelons que de nombreux services hospitaliers et notamment les maternités de Lure puis de Luxeuil ont été fermées. La situation empire avec la crise des urgences (fermeture sur Luxeuil, réduction sur Lure).

Le CV 70 n’a pas les compétences pour prendre position sur le litige en cours, mais apporte son soutien à Madame AUBRY et l’assure de toute sa solidarité. Nous savons que cette professionnelle solidaire (voir ses engagements dans d’autres activités) fait au mieux pour répondre aux besoins particuliers des personnes dans un secteur rural de plus en plus démuni en termes de services.

Depuis nombre d’années, la lutte contre la désertification médicale est au cœur des préoccupations du CV 70. La diminution, tant des médecins généralistes, que de professionnel.les de nombreuses spécialités, dans notre secteur rural, est très inquiétante, et présage d’un moindre accès à une bonne santé. La faible densité médicale dans les territoires s’accompagne tristement d’un taux élevé de postes vacants dans les sites hospitaliers. La moyenne d’âge assez élevée des professionnel.les va contribuer à augmenter la gravité de la situation.

La gynécologie est un secteur particulièrement démuni en Haute Saône, c’est extrêmement dommageable pour le suivi de la santé des femmes.

L’engagement reconnu de Madame la docteure AUBRY dans ce domaine est à notre sens plus à saluer et encourager qu’à entraver, c’est pourquoi nous espérons qu’une solution acceptable soit trouvée afin qu’elle puisse exercer en toute sérénité.

Nous lui renouvelons notre appui amical et solidaire.

Lure le 03/05/2021

Pour le Conseil d’Administration, le président Michel Antony


La lettre d'Elisabeth Aubry :

Fougerolles le 28 avril 2021,

Moi, Docteure Elisabeth Aubry-Boco, gynécologue rurale de 63 ans, je rends ma blouse.

Non :

Je n’ai pas fait 40 frottis de col trop près des deux ans plutôt que des trois ans pour me faire de l’argent.

Non :

Je n’ai pas, en appliquant CS+JNQM001=63, 65 € pour la prise en charge de 146 patientes,en cas de :

                -Suspicion de fausse couche

                -Suspicion de grossesse extra utérine

                -Consultation de début de grossesse avec échographie de datation, sans possibilité d’entretien prénatal précoce ( 57, 50 € + 35, 65 €),

entraîné un déficit financier à la CPAM 70 (aucun problème avec MGEN, MSA, Caisse militaire et autres…)

OUI, depuis mon installation en Haute-Saône en janvier 1991, les maternités de proximité de Lure et Luxeuil-les-Bains ont fermées, puis les services des urgences de Luxeuil aussi ; ma consœur a été gravement malade pendant 9 mois, nous n’avons pas trouvé de remplaçant et j’ai travaillé seule avec la responsabilité d’une patientèle de plus de 7000 femmes. C’est dans ce contexte très lourd que j’ai subis l’assaut de la CPAM70 ainsi que tous les gynécologues en exercice dit « libéral » de notre département. Nous avons envoyé à notre ministère une lettre commune sans réponse.

Certains n’ont pas souhaité défendre leur dossier au prétexte « du pot de terre contre le pot de fer » ; d’autres ont été « cassés » dans des simulacres de médiation au siège vésulien de la CPAM. J’ai préféré que mon dossier soit analysé et défendu par des experts, requête entendue et acceptée par le juge en audience (en pièces jointes dernière conclusion du tribunal qui ne mentionne aucunement l’intervention d’un expert gynécologue, et échanges avec cpam 70).

J’en conclue que la France rurale est maltraitée.

Mon honneur est sauf et j’ai préservé ma conscience professionnelle en exerçant mon devoir envers mes patients.

La pratique de la Médecine est difficile : il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font, ceux qui cherchent des solutions et ceux qui cherchent des coupables.

Donc oui, en mon âme et conscience je ne pourrai pas continuer à exercer dans ces conditions et donnerai ma démission avant l’âge de la retraite .

Dre Elisabeth Aubry-Boco

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