« Si tu savais changer ton caractère quand les circonstances changent… »

C’est dans Le Prince de Machiavel. Ça vaut pour Le Roy.

 La suite est toujours de Machiavel, dans le livre premier Sur la première décade de Tite-Live.

[…] Ajoutons d’ailleurs que les villes où les peuples gouvernent font d’étonnants progrès en peu de temps, et bien plus grands que celles qui vivent sous des princes. Qu’on se rappelle Rome, après l’expulsion de ses rois ; Athènes, après s’être délivrée des Pisistratides : cette différence ne peut naître que de la supériorité du gouvernement d’un peuple sur celui d’un prince.

[…]

En somme et pour conclure, les principats et les gouvernements populaires, pour avoir une longue durée, ont eu besoin les uns et les autres d’être liés et retenus par les lois. Un prince qui peut tout ce qu’il veut ne fait que folies ; un peuple qui peut tout ce qu’il veut ne fait pas que des folies. Comparez un roi lié par des lois, un peuple enchainé aux siennes, vous verrez moins de folies chez le peuple que chez le prince, elles seront moins graves, il sera plus facile d’y remédier. Un homme de bien peut souvent par son éloquence ramener un peuple mutiné ; mais nul ne peut même parler à un prince, et l’on n’a d’autre remède que le fer. Que l’on juge de la gravité des maux par la différence des remèdes. Pour guérir ceux du peuple, il suffit souvent de quelques paroles ; pour guérir ceux du prince, il faut toujours le fer : lequel des ces deux maux est le plus dangereux, chacun peut en juger.

Dans les moments où un peuple est le plus emporté, on ne craint pas tant les excès passagers qu’il peut commettre que leurs suites durables : ces troubles peuvent faire naître un tyran. Mais chez les méchants princes au contraire, c’est le mal présent qu’on redoute, et on espère en l’avenir, car l’excès de sa tyrannie peut amener quelques libertés ; vous voyez la différence de l’un à l’autre : elle est celle du présent à l’avenir.

Les cruautés du peuple ne s’exercent que contre ceux qu’il soupçonne d’en vouloir au bien public ; celles d’un prince, contre ceux qu’il redoute comme ennemis de son intérêt particulier. Mais si l’on veut savoir d’où naît le préjugé défavorable au peuple, généralement répandu, c’est que tout le monde a la liberté d’en dire ouvertement le plus grand mal, même au moment où il domine ; au lieu que ce n’est qu’avec la plus grande circonspection et en tremblant qu’on parle mal d’un prince.

Il ne me paraît pas hors de propos, puisque le sujet m’y conduit, d’examiner dans le chapitre suivant à qui, d’un peuple ou d’un prince, on peut se fier davantage comme allié.

 

La suite est donc à lire dans le Livre second, dont le chapitre 1 s’intitule :

LAQUELLE A LE PLUS CONTRIBUÉ A LA GRANDEUR DE L’EMPIRE ROMAIN , DE LA « VIRTU » OU DE LA FORTUNE .

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