Shora : chaos merveilleux

Shora

SHORA. Le déluge sonore le plus exquis. Dix-sept minutes, voilà la durée de l'objet. Shaping The Random. G R A N D I O S E. Point! Les mecs de Shora ont partagé peu de temps après un album avec le roi du BRUIT, Merzbow, mon respect pour cela. Ils sont cinq dans Shora quand ils composent ce disque, un hurleur touchant, deux guitares situées entre vacarme, fracas et dissonance, un bassiste au son laveux et crépitant et un batteur à trois bras et cinq jambes! Shora donne cela.

La formule est quelque peu différente de ce que les Maîtres du genre, The Dillinger Escape Plan, proposent. Les chansons de Shora ont un feeling étouffant qui se dégage, on manque d'air à l'écoute. C'est asphyxiant de bonheur. Ecorché et à vif. Il y a sept morceaux, c'est en rage. En colère. Enervé et brut de décoffRAGE. Seuls trois groupes peuvent se targuer d’avoir fait évoluer le hardcore dans un bond quantique responsable d'une semi-révolution entraînant une chiée de clones tous plus inutiles les uns que les autres : Converge, The Dillinger Escape Plan et Botch.

Vous pouvez donc y ajouter Shora qui, avec ce premier EP (Extended Playing, pas un album complet de dix titres comme souvent mais un album plus court de cinq-six titres en moyenne), pose là une pierre angulaire du style. Jamais un groupe n’a été aussi loin dans l’exploration du chaos. C’est bien simple, tout n’est que douleur, souffrance, colère, confusion. L’univers dépeint par le groupe est clairement post-apocalyptique : on y découvre une terre en ruine, des habitants livrés à eux-mêmes, forcément violents, des immeubles effondrés, un chaos provoqué par une société urbanisée à outrance.

Cet univers trouve son parfait écho dans la brutalité hors-norme des morceaux : riffs supersoniques, batterie épileptique, hurlements déments et interludes bruitistes. La technique est impressionnante, refusant la démonstration au profit de l’aspect confusionnel. Le son est chaotique mais audible, renforçant un malaise sonore constant. Shora parvient à se créer un style personnel et unique, à fleur de peau, dans un genre qui montre pourtant vite ses limites. Ce CD apparaît donc comme un véritable coup de maître et pose Shora sur le podium des groupes marquants. Et ce n’est certainement pas le split avec Merzbow qui va me donner tort.

Alors si vous êtes fans du style, vous savez ce qu’il vous reste à faire… Shaping The Random est quasiment introuvable sur le Net, vous devrez débourser environ 150 euros pour l'acquérir. CULTE, je vous dis!!! LZ.

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