Ron THAL : génie

url2

Ron Thal est un personnage hors-norme qui ne perd pas de temps et qui, malgré la notoriété acquise dans le monde de la guitare, ne va pas s’en laisser compter et va offrir un deuxième album seulement deux ans après son premier. Peu ou pas de changement autour du disque, même label, Shrapnel, son frère Jeff qui tient la batterie et Ron qui s’occupe du reste. Quelques invités aux saxophones et aux violoncelles finissent de boucler le line-up de Hermit, un disque foncièrement différent de The Adventures Of Bumblefoot. La pochette qui fait penser à l’affiche du film Birdy (Alan Parker) ainsi que le titre de l’album avaient de quoi trancher avec le burlesque et le côté enfantin de la pochette de The Adventures. Ces éléments allant dans le sens d’un profond changement artistique vont être confirmés par le contenu du disque qui se veut quasi intégralement chanté et d’une profonde noirceur.

"Zero" est une courte introduction MAGNIFIQUE et serre-tripes au deuxième morceau, "Hermit", qui plante un décor glauque et poisseux et de magnifiques arpèges acoustiques. La teneur des paroles de "Hermit" est parfaitement introduite par cette première séquence car ce titre révèle les pensées d’un homme sincère et résolu aux choses qui lui semblent vraiment importantes, mélangées à une solitude avouée et déchirante. Même si on adore les délires guitaristiques et harmoniques du New-Yorkais, c’est sur les ambiances intrigantes de "Goodbye", "Unsound" ou "Gray" que Ron Thal nous surprend le plus. Les morceaux sont souvent construits sur un squelette acoustique languissant avant de lâcher la saturation ("Sweetmeat"). Son écriture sur cette majorité de titres se rapprocherait d’un grunge assez classique avec une basse très ronflante et beaucoup d’accords de puissance. Les soli qu’il place sur ces titres sont lumineux de créativité (surtout sur "Goodbye"). Il a même une certaine lucidité et l’autodérision qui va avec quand il ridiculise le shredder de base qui masque son manque de musicalité par une vitesse d’exécution toujours plus folle sur "I Can’T Play The Blues".

Il n’y a guère que les trois derniers morceaux du disque et "I Can’T Play The Blues" qui marquent une rupture bien plus joviale et burlesque. Entre l’histoire délirante de marin sur le rythme très soutenu de "Rowboat", la supersonique "Hangup" dont la mélodie est jouée par des harmoniques naturelles extrêmement rapides et la démonstration de crooner de "Everytime I Shake My Head (It’S Like Christmas)", la pression du début redescend largement. Bons nombres de titres ont été écrits dans des situations d’urgence ou de maladie, comme des instantanés de vie, des césures dans le présent tourmenté de Ron Thal. Par exemple, "Rowboat" est venue au cerveau inconscient de Thal lors d’un sommeil agité. Perturbé par une mélodie trop réelle et des pensées qui fourniront le matériel au texte de cette chanson, Thal s’est empressé de se lever au beau milieu de la nuit pour écrire ce titre en quelques minutes (mode opératoire du génie).

Nous disions que Hermit était bien différent de son prédécesseur, moins génial dans la folie qui vous explose à la figure, moins technique, moins instrumental, plus sombre mais en même temps tellement surprenant avec des textes d’une grande profondeur et des chansons aux premiers abords simples mais qui révèlent des trésors de mélodies. Nous regretterons l’absence de transcription de la quasi-totalité des paroles, seuls quelques titres ont été intégrés au livret (au grand étonnement de Ron Thal lui-même). Celles-ci se révèlent indispensables pour s’imprégner de l’ambiance délicieusement tragique de l’album, de plus, elles sont dans un Anglais facile à comprendre.
A titre personnel, j’écoute cet album depuis son acquisition en 1997, et après dix-huit années, je ne m’en lasse toujours pas. Hermit : deuxième album de Ron Thal, CHEF-D'OEUVRE.

Ecoutez le génie de la mélodie.

Le solo de guitare donne envie de mourir de VIE.

https://www.youtube.com/watch?v=E55A1Dy4P00

LZ.

Laisser un commentaire