Rencontre avec un colibri, Gilles Clément, poète du Jardin Planétaire

Joël Humblot nous a adressé ce texte écrit par lui, puis complété par quelques autres, après le passage de Gilles Clément à Lons-le-Saunier. Il est l'invité des blogs de Factuel.info.

En marge d’une formation destinée aux élus du Formateur des collectivités, la Coordination Jura Eau et Assainissement (CoJEA) a invité Gilles Clément à parler de son approche de jardinier-paysagiste sur l’eau et de la biodiversité le vendredi 28 octobre à Lons-le-Saunier.

Devant un Puits Salé bourré à craquer, à travers son parcours, d’ingénieur horticole puis de paysagiste, d’écrivain et d’enseignant à l’Ecole Nationale du Paysage à Versailles et au Collège de France, Gilles Clément a développé une expertise mondialement reconnue.

Il est l’initiateur des jardins en mouvement, du jardin planétaire et du Tiers-Paysage, ces trois concepts sont issus d’une pratique de son propre jardin dans la Creuse qu’il applique ensuite à l’espace publique et qui va se transformer en projet politique d’écologie humaniste. Ce projet est porté par le manifeste du Jardin en Mouvement et déjà avec son roman, Thomas et le Voyageur  chez Albin Michel nous accédons à cet univers. Par la suite, Gilles Clément se bat pour la reconnaissance du Tiers-Paysage, pour lui ce sont des « fragments indécidés du Jardin Planétaire » qu’il perçoit comme des territoires d’accueil de la diversité biologique.

Son observation quotidienne de la vie des plantes, des arbres, des insectes et des liens qu’ils tissent, l’a amené à la conclusion que c’est « le jardin qui crée le jardinier » et non l’inverse à la condition d’être simplement dans une posture d’observateur bienveillant.

Le botaniste nous bouscule également dans nos croyances avec une approche inattendue des plantes dites invasives qui selon lui sont plutôt des plantes salutaires en ce sens qu’elles poussent dans des milieux dégradées qui se régénèrent grâce à elles. Le jardin est devenu selon lui "le seul et unique territoire de rencontre de l'homme avec la nature où le rêve est autorisé". "À l’intérieur du jardin, le harcèlement existentiel s’évanouit" nous explique Gilles Clément engagé contre la marchandisation de la planète et contre une vision comptable. C’est donc aussi une autre approche du temps et du vivant, comme celle qui regarde aujourd’hui différemment ce qu’on appelait autrefois la mauvaise herbe, la friche, qui peuvent avoir leur utilité.

A travers ses photos de voyages et son approche émerveillée, Gilles Clément nous montre le rôle central de l’eau et combien il est important d’apprendre à la respecter et à l’économiser pour garantir notre propre espace de vie : le Jardin Planétaire. Son exemple quotidien de colibri ce sont ses toilettes sèches qu’il nous montre volontiers comme étant l’expression basique mais efficace d’un acte de résistance.

Ces enseignements nous amènent à un rendez-vous avec l’Histoire, et pour écrire notre Histoire un groupe d’élus et de citoyens envisagent la création d’une école du Jardin Planétaire dans le Jura.

A l’image de la biodiversité, voici une diversité de points de vue sur cette conférence et les ateliers qui l’ont suivi :

« Au-delà du thème abordé, j’ai vraiment apprécié la rencontre avec l’humaniste engagé et ses prises de positions tranchées, issues de sa longue expérience et de ses réflexions profondes et sincère. En fait on ressort grandi à son écoute, car on trouve des choses qu’on n’était pas forcément venu chercher ! »
Pierre Emmanuel S.

« En rapport avec les déséquilibres apparents des écosystèmes, par les plantes invasives par exemple, Gilles Clément a une vision à long terme des phénomènes, cela lui a permis d’acquérir une confiance dans le processus du vivant, et par là-même de doser intelligemment son intervention. » Samuel B.

«Faire avec plutôt qu’aller contre », voilà l’idéal simple, rebelle subversif de Gilles Clément en matière de création de jardin.Cependant ne conçoit-il pas sa relation à autrui avec les mêmes préoccupations ?
Son témoignage est précieux ! » Annie L’o

« Gilles CLEMENT est d'abord un indépendant, un jardinier penseur qui met la main dans la terre, transplante les végétaux et réfléchit a son action sur le sol, sur le paysage, sur la planète dans une vision globale. Peu de gens aménagent un coin de planète et théorisent ce qu'ils font.
L'autre point marquant de ces deux journées, c'est la prise de conscience qu'il faut transmettre la réflexion et le savoir d'aujourd'hui puis mettre en place des "écoles de la biodiversité". 
Dans un contexte de questionnement sur la finitude possible de l'homme sur la planète terre, (.....ère de l'anthropocène) nous avons intérêt a créer une école scientifique locale, basée sur les savoirs de la botanique, la géologie, la géographie la connaissance des sols..... l'enseignement doit être décloisonné; l'apprentissage doit aboutir à une autonomie d'action des élèves et une perception globale de leurs actions.
Cette école peut débuter avec des volontaires bénévoles, mais peut s'appuyer sur des structures locales existantes: associations environnementales et lycées d'enseignement agricoles a vocation environnementale. Un groupe de travail se mettra en place prochainement. “ Jean-Paul G.

« Par un propos, loin d'être exhaustif, mettre en exergue la sensation de vivacité de clarté du lien vivant entre la terre , l'eau et l'efflorescence biodiversifiée est un élément nécessaire pour honorer la présence de Gilles Clément
Il respire la biodiversité dans sa manière d'être ancré dans le sol et en même temps rempli de nuages féconds.Il incite à un entrelacement de la raison et du sensible
pour assumer la transmission de connaissances et d'utopies concrètes …
A partir des expériences diverses de Jardins résonne une force mimétique qui engendre une capacité à savoir accepter et vivre les diverses colorations du vivant,
comme l'illustre la puissance de vie des plantes en association, en coopération qui peut nous aider à penser à nouveaux frais une Economie de l'Entraide bénéfique à l'humanité
Soyons réalistes , demandons l'impossible , réenchantons le monde
La coopération de « diversescités », de cités jardins, de pratiques de désurbanisme
peut nous aiders à fonder l'augmentation légitime d'être humain tout en fécondant la puissance commune pour atteindre le meilleur” Christian B.

Bibliographie disponible sur le site : http://www.gillesclement.com/
Vidéo de la conférence de Gilles Clément Eau et Biodiversité : https://www.youtube.com/watch?v=1oFhJ6N_Vbk

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