Remettre quelques pendules à l’heure !

En 1968 j’avais 17 ans, je chantais l’Internationale et je criais « CRS/SS ! » J’aime bien l’Internationale, aujourd’hui j’aime mieux Le chant des partisans.

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines…

Crier « CRS/SS ! » était une sacrée connerie, pire même, une imposture de la pensée, et une imposture au regard des faits et de l’Histoire.

Depuis, j’essaie de ne plus m’engouffrer dans n’importe quelle idée, dans n’importe quel slogan… sans les avoir tournés au moins sept fois dans mes petites cellules grises.

Aujourd’hui, la CGT diffuse une affiche. Violente l’affiche ! L’écusson des CRS dans des flaques de sang, et cette exhortation : La police doit protéger les citoyens et non les frapper.

Haro sur les flics ! À croire qu’ils passent leur temps à tabasser les honnêtes citoyens ! Même si des pratiques sont à revoir, de là à faire ce type d’affiche…

Une vidéo circule sur le net, d’une violence rare qui n’est pas du fait des flics. On y voit une voiture de flics attaqués par des courageux masqués, armés de barres de fer et qui n’hésitent pas à mettre le feu, alors que les occupants sont encore à l’intérieur. Le conducteur est armé, il ne sort pas son arme et c’est à mains nues qu’il fait face après s’être extirpé de la voiture qui commence à brûler. (J’attends le moment où on nous dira que c’est un montage organisé par les flics eux-mêmes.)

Ça m’a fait penser à cet homme brulé vif, enfermé dans une cage, par Daesh.

Ami entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne…

Et j’espère de tout mon cœur que les auteurs de cette ignominie (Faire du poulet rôti, ça a été écrit !) ne sont pas des camarades cégétistes qui se seraient engouffrés dans cette porte ouverte qu’est cette affiche idiote et potentiellement criminelle.

C’est bien beau de ricaner sur les techniques de communication du gouvernement … et d’adopter les mêmes ! Celles du bourrage de crâne ! Celles du désapprentissage d’une pensée libre et informée.

Moi j’essaie de défendre une pensée libre et informée, qui ne s’engouffre pas sans réfléchir dans la première affirmation venue.

Celle qui ne vire pas Finkielkraut de la Place de la République ! En matière d’ennemi de classe et d’homme de droite (il a même été dit d’extrême droite) il y a quand même pire !

Celle qui s’interroge sur le fait d’inviter un rappeur aux cérémonies de commémoration du centenaire de la bataille de Verdun. C’était quoi l’idée ? « Faire d’jeuns ? » Montrer qu’on est « ouverts » ? Ouverts à qui ? À un type qui, même s’il s’est excusé a tenu des propos homophobes ?

Celle qui pense et qui argumente que non, porter la mini-jupe et porter le voile, intégral ou pas, ce n’est pas la même chose.

Et je fais référence ici à un article signé de la sénatrice écologiste Esther Benbassa et paru dans Libé le 5 avril 2016.
Pour l’instant, ces exemples suffiront.

La gauche et la gauche de la gauche pédalent dans la semoule ! Et ça fait une bouillie indigeste faite de démagogie, de stratégie électoraliste de bas étage, d’achat d’une fausse « paix sociale » qui nous revient à la gueule faute d’être clairs sur les principes.

Au fronton de nos mairies : Liberté-Égalité-Fraternité.
Je resterai… factuelle.

Liberté. Est-ce que ce sont les flics (et dans le terme j’englobe les gendarmes) qui assassinent, par exemple, la liberté de penser donc d’écrire, donc de dessiner, donc de caricaturer ?

Égalité. Est-ce que ce sont les flics qui grignotent l’égalité homme/femme, par exemple ? Même si, je le concède, il y a encore du chemin à faire, la législation de notre Démocratie soi-disant pourrie, ne légalise pas l’oppression de la femme par l’homme… et ne l’assigne plus à un statut de mineure confiée à la garde de ses pères/frères/maris…

Fraternité. Est-ce que ce sont les flics qui ont massacré une fillette juive dans la cour de son école ? Massacré les spectateurs du Bataclan et les clients des bars et restaurants parisiens ? Massacré d’autres flics et militaires ?

Il serait bien de ne pas se tromper de cible !

Et flics et gendarmes sont depuis plusieurs mois soumis à rude pression.

En 1898 en suite à l’affaire Dreyfus, et lors de la souscription faite en faveur de la veuve du colonel Henri, (auteur du faux qui fit condamner Dreyfus) de « braves gens, de bons français lorrains » proposaient de jeter « tous les youpins, les youpines et les youpinots de Baccarat dans les immenses fours de la cristallerie. » (à lire dans le dernier roman de Roger Martin : Il est des morts qu’il faut qu’on tue.)

On connait la suite de l’histoire. Les fours à gaz !

Donc, et j’en reviens à mon affiche des camarades de la CGT, à l’article de madame Benbassa… les mots peuvent percuter comme des balles. Les mots ne sont pas anodins, les images non plus. De la pensée on passe aux mots, des mots aux actes…

Ne pas se tromper de cible !
Ohé partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme…

Commentaires

  • L’origine du slogan CRS-SS,

    L’origine du slogan CRS-SS, ce n’est pas mai 68 mais les grèves de mineurs de 1947-48. Ces mineurs avaient fait grève contre l’occupant nazi en 1941. Ami, entends-tu… En 48, le souvenir des SS était tout frais, c’est mineurs  savaient de quoi ils parlaient. Soixante mille hommes, militaires et CRS, ont été envoyés pour les mater. Il y a eu des morts, des milliers de blessés, 3000 mineurs licenciés, 1500 emprisonnés. Ami, entends-tu… Faudrait pas oublier Mme Secrétant ! Votre loi El Khomri, qui veut nous faire revenir au 19ème siècle, est une insulte à la mémoire de ces mineurs.

    • Danièle Secrétant

      Pfffff ! La loi El Khomri n

      Pfffff ! La loi El Khomri n’est pas la mienne et j’ai participé à quelques manifestations contre. Vous êtes un bel exemple de ce que je déplore en matière de pensée préfabriquée, monsieur ou madame Mitchhz. Et je n’ai pas écrit que l’origine du slogan était de mai 68, simplement que bêtement (comme vous, bêtement, vous parlez de MA loi El K, qui n’est pas la mienne… faites fonctionner vos petites cellules grises…) on scandait, je scandais, ce slogan en 1968 et que les CRS de 1968 à qui il s’adressait n’étaient pas des SS. Voili, voilou…


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